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Une protéine de dinosaure analysée et pourquoi pas de l’ADN ?

Par Memophis

Allez, reprenons une énième fois, le secret de Jurassic Park ! Et si avec un peu d'ADN antédiluvien, on arrivait à faire revivre les dinosaures ? Ce tour de passe-passe n'a rien d'impossible, en théorie. Dans la pratique, cela reste un doux rêve. Les obstacles pour cette réalisation sont nombreux. Le premier d'entre eux est de trouver du matériel en état à partir duquel on pourrait travailler. Et croyez le bien, ça fait un bon moment que votre boucher ne vous présente plus un beau muscle de dinosaure, même pour Noël ! 
Une protéine de dinosaure analysée et pourquoi pas de l’ADN ? 
Tyrannosaurus rex,Field Museum in Chicago, U.S. 
Wikipedia, Auteur : Christophe Hendrickx

Alors évidemment, on n'a pas besoin de kilos et de kilos de viande, quelques micros échantillons seraient nécessaires. Les chercheurs américains viennent de prouver qu'ils ont sous la main une protéine de dinosaure... et pourquoi pas de l'ADN ? 
Des échantillons de tissus de dinosaures 
En 2005 déjà, des tissus de T-Rex avaient été mis au jour. Des tissus âgés de plus de 65 millions d'années. On a même retrouvé des tissus de Brachylophosaurus canadensis âgés de 80 millions d'années. Grâce à des analyses physico-chimiques, les scientifiques ont montré que ces tissus étaient notamment composés de collagène. Le collagène est un ensemble fait à partir de protéines qui permet de structurer les organismes. Il donne une résistance mécanique à l’étirement d’un tissu. 
Quels types de tissus et dans quel état ? 
Une équipe de chercheurs de l’Université de Caroline du Nord et du centre de recherche de Palo Alto ont voulu en savoir plus sur les tissus collectés ? Sont-ils contaminés par des éléments modernes comme des microbes ? Quel est le type de structure présent sous le microscope ? Est-ce que ce sont des ostéocytes, c’est-à-dire des cellules du tissu osseux ? 
Pour déterminer la composition et la pureté des échantillons, différentes techniques ont été utilisées : les microscopes, l’histochimie et la spectrométrie de masse. Les chercheurs ont pu montrer que la structure cellulaire réagissait à des anticorps spécifiques. Parmi ces anticorps, on en cite un, spécialisé dans une protéine nommée PHEX. On retrouve cette protéine dans les os des oiseaux modernes. 
Cette trouvaille est très intéressante. Les anticorps utilisés par les chercheurs peuvent faire réagir des protéines présentes chez les vertébrés, mais en aucun cas elles ne font réagir des microbes, par exemple. Ce qui prouve que l'échantillon de départ n'est pas pollué par un microbe. Cela augmente les chances d'avoir à faire à de vrais tissus osseux, survivants de quelques millions d'années. 
De plus, l’anticorps au Phex n’est capable de se fixer que sur certains endroits : les cellules osseuses des oiseaux adultes. Cet anticorps n'est pas capable de réagir avec d'autres protéines. Et comme chacun s’accorde à trouver un lien entre les oiseaux et les dinosaures, la conclusion arrive toute seule : trouver cette protéine dans des tissus d’une époque aussi lointaine est la preuve que l’on a à faire à un dinosaure. 
Une protéine de dinosaure analysée et pourquoi pas de l’ADN ? 
Brachylophosaurus canadensis 
Attribution: Debivort de en.wikipedia.org

Des tests pour être de plus en plus surs 
L’équipe américaine a continué ses tests. Cette fois-ci, ils ont utilisé un anticorps qui ne se préoccupe que de l’ADN. Ce test devait permettre de détecter la présence d’ADN dans le tissu. L’anticorps a bien réagi à des échantillons minimalistes de cellules de T.Rex et de B. Canadensis. Afin d’être sur que les échantillons étaient propres, on a utilisé des anticorps qui se lient aux protéines histones, elle-même très proches de l’ADN et pas très copines avec les microbes. Les résultats ont été positifs. Les chercheurs ont, alors, utilisé des colorants qui deviennent fluorescents lorsqu’ils se lient aux molécules d’ADN. Là aussi, les tests ont été positifs. 
À quand une preuve définitive ? 
L’amoncellent de bons résultats à ces différents tests augmente très fortement la probabilité d’avoir sous les yeux de l’ADN de dinosaure. On prouve ainsi que ces structures cellulaires sont capables d’être en bon état même quelques millions d’années après la mort des grands sauriens. Ceci dit, la preuve formelle que cet ADN appartient bien à un dinosaure ne pourrait se faire que par un séquençage ADN en bonne et due forme. 
Ces résultants ont été publiés dans la revue Bone, et ont été présentés au congrès annuel de l’organisation « the Society of Vertebrate Paleontology », au mois d’octobre 2012.
Pour aller plus loin: MARY H. SCHWEITZER, WENXIA ZHENG, TIMOTHY CLELAN, MARSHALL BERN Molecular analyses of dinosaur osteocytes supports the presence of endogenous moleculesBone. 2013 Jan;52(1):414-23. doi: 10.1016/j.bone.2012.10.010. Epub 2012 Oct 17.

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