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La repentance n’est pas un long fleuve tranquille

Publié le 19 décembre 2012 par Libracteurs
La repentance n’est pas un long fleuve tranquille
Nous vous avions annoncé que nous allions aborder des thématiques variées et parler sans langue de bois de sujets qui suscitent des débats animés, c’est le cas de la repentance et plus particulièrement des relations franco -algériennes.
Le président de la République François HOLLANDE doit effectuer ce 19 décembre une visite d’État en Algérie et déjà la polémique s’installe avec la demande de personnalités algériennes de la "reconnaissance franche des crimes perpétrés par le colonialisme français".
Interrogé sur ce sujet, le sénateur UMP Gérard LONGUET a répondu par un bras d’honneur accompagné de ce commentaire : «La France n’a pas à avoir honte de sa présence en Algérie pendant la colonisation, en tout cas c’est ma conviction ». La politique sur des sujets aussi brûlants se résume hélas souvent à des petites phrases, notamment la réponse d’Harlem DÉSIR, nouveau Premier Secrétaire du Parti Socialiste qui parle de la « droite française bête et méchante ». Sans vouloir les accabler, d’un côté comme de l’autre, ils jouent petit bras !
Est-il nécessaire de rappeler que la guerre d’Algérie a fait en 8 ans du côté français 25 000 morts et 65 000 blessés dont deux tiers d’appelés du contingent qui n’avaient pas demandé à mourir pour défendre ces départements qui faisaient alors partie de la République française ?
Si on commence à faire le procès de la colonisation en général et des exactions qu’elle a générée, on n’a pas fini et il n’est pas certain que l’Algérie sorte indemne de la confrontation, il suffit de prendre l’empire ottoman qui s’étendait des rives de la Méditerranée aux confins de la Mer Noire. Pour continuer sur ce thème, oublie-t-on que les musulmans furent les plus grands marchands d’esclaves du monde pour une raison simple, c’est que l’islam interdit d’asservir un musulman et que la ville d’Alger au 17ème siècle comptait 35 000 esclaves chrétiens sur une population estimée à 100 000 habitants.
Pourquoi raviver ces mauvais souvenirs, tout simplement pour rappeler que depuis 2001, la France a voté la loi TAUBIRA dont l’article 1er est ainsi libellé : « La République française reconnaît que la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l'océan Indien d'une part, et l'esclavage d'autre part, perpétrés à partir du XVe siècle, aux Amériques et aux Caraïbes, dans l'océan Indien et en Europe contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituent un crime contre l'humanité. » et qu’il est facile de la part de nos amis algériens de reprocher aux autres ses propres turpitudes, l’esclavage ayant été aboli en 1848 par la République française . Dans le deuxième paragraphe de l'article « L'application des décrets », il est écrit : « La situation est plus délicate en Algérie et au Sénégal, car une partie des esclaves appartiennent aux indigènes. » Fermons la parenthèse.
La France assume difficilement son histoire, Jacques CHIRAC a suscité une polémique en reconnaissant le 16 juillet 1995 la responsabilité de notre pays dans la déportation des Juifs avec la rafle du Vel d’Hiv : " La France, ce jour-là, accomplissait l'irréparable. Manquant à sa parole, elle livrait ses protégés à leurs bourreaux." Ses prédécesseurs au rang desquels François MITTERRAND ne reconnaissaient pas le régime de Vichy comme étant la France. François HOLLANDE est allé un peu plus loin en reconnaissant la répression du 17 octobre 1961 qui a fait plusieurs centaines de victime, mais de grâce ne refaisons pas en permanence le procès de l’histoire !
Il est probable que le Président de la République française aura tout cela en tête lorsqu’il atterrira sur le sol algérien, mais il devra faire très attention à ce qu’il dira, parce qu’au-delà du devoir de mémoire, il en est un autre plus important encore, celui de garantir la paix des deux côtés de la Méditerranée et rappeler à ses hôtes que les dangers qui menacent nos pays respectifs sont très réels.
Si la repentance n’est pas un long fleuve tranquille, préserver la paix est un exercice beaucoup plus difficile.
Bernard MALAGUTI
Crédits Photo : The Power of Repentance - Shaykh Yasir Qadhi

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