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Pourquoi j'ai peut-être bien fait d'y croire ?

Par Jeuneanecdotique
21 décembre 2012

Pourquoi j'ai peut-être bien fait d'y croire ?

Je ne suis pas là pour vous dire qu'on est tous des survivants, et vous livrer les dix bonnes raisons pour lesquelles il était évident que les prédictions de fin du monde n'étaient que du flan. En fait, j'ai toujours eu un rapport bizarre à cette prédiction, et à l'idée d'une fin du monde en général.
Quand j'en ai entendu parler pour la première fois, j'étais en seconde. La seconde, c'est un peu l'année de ma vie qui a servi à forger le caractère que j'ai aujourd'hui ; je suis devenue plus renfermée, plus timide, plus sensible, mais également plus réfléchie et plus indépendante. La faute à trop de solitude et trop de « j'observe le monde et c'est pas beau » (aaaah l'adolescence, l'art de détester le monde alors qu'on ne connaît encore rien de lui, finalement !).
Sur le moment, je me suis même pas dit que c'était faux. Je me suis juste demandé « punaise, et si c'était vrai, qu'est-ce que j'ai vécu ? ». La réponse, c'était rien. Non, je n'avais pas vécu grand-chose, j'étais une jeune lycéenne qui se levait, allait au lycée, rentrait chez elle, faisait ses devoirs, de l'ordinateur et allait se coucher. Et le lendemain, je répétais le même schéma. Et le samedi, je n'en profitais pas pour profiter de la jeunesse ou faire des choses glamours : je dormais, je m'achetais des magazines, je voyais ma mamie. J'aimais bien ça, hein. Mais je n'aurais pas été jusqu'à dire que je profitais de la vie.
J'ai eu très peur. Je me suis dit que je n'avais plus que 4 ans pour vivre ma vie, faire des choses que je n'avais fait eu la chance de faire, genre, avoir un copain, faire l'amour, avoir mon premier orgasme, aller en boîte, mincir et être une bombe sexuelle, être riche, aller au Mexique, aux Etats-Unis, en Angleterre et en Islande. Est-ce que j'y croyais vraiment, ou bien ai-je inconsciemment aimé le fait d'avoir un moteur, une date limite pour me booster et me sortir les doigts des fesses ?
Mon bilan :
Si la fin du monde avait eu lieu, j'aurais été très déçue de ne pas pouvoir grandir davantage, comme tout le monde. Mais :
J'ai connu la sensation d'aimer un homme et d'être aimée en retour
J'ai découvert ce que c'était de faire l'amour, et je peux vous dire que c'était bien l'une de mes plus grosses craintes (« purée de merde, je vais mourir vierge ! Pas d'accord, pas d'accord ! »)
J'ai été dans le sud, et j'y ai passé de très bons moments.
J'ai testé l'université, j'ai testé les cours à distance, j'ai testé les stages, j'ai eu pleins de petits boulots, bref, je n'ai pas passé ma vie à glandouiller
J'ai trouvé trois meilleures amies que j'espère ne pas perdre de sitôt et ça fait plaisir d'aimer des personnes qui vous acceptent, ne vous obligent à rien et n'essaient pas de vous modeler à leurs goûts
J'ai fait de l'accrobranche, j'ai été à Disneyland et j'ai déjà fait le Tonnerre de Zeus trois fois de suite.
J'ai mangé une crêpe au Nutella en tête à tête avec la Tour Effeil
J'ai mangé pleins de chips au cas où la Terre explose et que ça ne soit plus possible
J'ai pu aider plusieurs personnes, que ça soit financièrement et moralement.
J'ai déjà été heureuse, et même très heureuse.
Ce sont finalement des petites choses, mais des choses que je n'avais pas à l'époque. C'est, je pense, ce qui rendait l'idée de la fin si effrayante. Je ne voulais pas mourir sans avoir vécu, sans avoir su ce que c'était d'avoir de bons amis, un petit-ami, un job, une voiture, de petits instants de bonheur.
J'ai encore beaucoup de choses à vivre. Premièrement, lundi, je dois ouvrir mes cadeaux sous le sapin de ma mamie, avec ma petite cousine et mes grands-parents, et mon tonton, et ma maman, et mon papa. Ensuite, je dois partir en vacances avec mon amoureux. Et puis en février je dois fêter mes 20 ans, quand même ! Et puis merde, je ne peux pas mourir sans avoir vécu avec mon fiancé : c'est tellement agréable de s'endormir contre la personne qu'on aime tous les soirs.
Alors, même si c'était complètement débile d'y croire, d'avoir pensé pendant un instant que si la fin du monde se produisait, les Mayas auraient pu le prévoir au jour près, d'avoir eu une certaine appréhension à l'approche de ce fameux jour : il ne m'a pas été que néfaste. Quand je compare ma peur d'il y a 4 ans à ma peur d'hier, ce n'est pas du tout la même chose. Il y a 4 ans, j'avais peur de mourir sans rien. Hier, j'ai eu peur de perdre ce que j'avais.
Bon 22 décembre à vous, savourez bien, parce qu'en 2036, paraît qu'Apophis vient s'écraser sur nos petites têtes !


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