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Aux sources de la peinture Aborigène, exposition au musée du quai Branly

Publié le 24 décembre 2012 par Mpbernet

aborigene australie

aborigène1

cérémonie du rêve

Ils n’ont jamais entendu parler de Paul Signac ni de Georges Seurat, promoteurs du style pointilliste. Ils peignent dans des harmonies infinies de couleurs de terre des paysages vus du ciel, comme les apercevrait un œil d’oiseau. Pour les Aborigènes d’Australie, il n’y a pas de perspective, ni d’orientation. Ils reproduisent des motifs du fond des âges en créant un art qui, pour nous, apparaît non figuratif mais pour eux a une signification profonde, liée à des rituels secrets, à des événements mémorables. Qui leur a permis d’affirmer enfin leur identité …

rivièreetdunes

afficheaborigène

L’art traditionnel Aborigène a pour support les peintures corporelles, l’art sur parois ou les boucliers peints. Mais au contact des Blancs, de nouvelles formes ont vu le jour. A Papunya, un centre de peuplement créé par l’Etat près d’Alice Springs en Australie centrale, tout un art à base de peintures sur panneaux d’aggloméré a vu le jour au début des années 70, époque de mutation en Australie et période d’activisme et de reconnaissance de leurs droits ancestraux pour les Aborigènes d’Australie.
Les premières peintures de Papunya reproduisent les motifs éphémères créés jusqu’alors pendant les cérémonies. Cette puissante iconographie tout comme la philosophie du désert de l’Ouest sont issues du temps du rêve : tjukurrtjanu en langues locales. Le  tjukurrpa (Dreaming ou Temps du Rêve) est la conception aborigène de l’ordre physique et spirituel qui régit l’univers et qui unit, de manière dynamique, passé, présent et futur. Le Dreaming renvoie aux origines mythiques où des êtres prodigieux façonnèrent la surface du continent australien alors totalement plat. Ces êtres du Rêve – animaux, plantes, ou phénomènes naturels – créèrent pour l’éternité des sites et des objets, instituèrent des rites et des règles sociales. Dans la pensée aborigène, ces êtres mythiques vivent dans une autre réalité, parallèle à celle des  hommes, et interviennent auprès des vivants dans leurs rêves. Chaque Aborigène est attaché à un ou plusieurs Rêves, liés à un lieu spécifique ou à un itinéraire sur le territoire. Les peintures expriment non seulement le lien entre l’individu, son Dreaming et les sites représentés, mais participent aussi des revendications identitaires.

grand format

Les artistes ont pour nom Timmy Payunga Tjapangati (paysage de dunes à l’ouest de Wilkinkarra), une rareté dans son harmonie de bleu, Clifford Possum Tjapaltjarri (le grand feu de brousse) ou Walter Tjampitjinpa, Tim Leura Tjapaltjarri avec son grand format sur toile qui représente le rêve de l’esprit dans la région de Napperby, l’avant dernier tableau de cette exposition.

Nous aurons sans doute du mal à retenir leurs noms. En revanche, leurs tableaux resteront gravés dans notre mémoire, comme une incursion dans un monde inconnu, poétique, totalement dépaysant. Ainsi, la peinture acrylique, plus puissante qu'aucun slogan politique a permis aux Aborigènes d'affirmer leur droit fondamental : le droit à la terre.

Aux sources de la peinture aborigène, exposition au Musée du Quai Branly jusqu’au 20 janvier, 37 quai Branly 75007 Paris, fermé le lundi.


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