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Médiation: un engagement plus dur que la procédure ?

Publié le 04 avril 2008 par Dominique Foucart

Je voudrais tout d’abord m’excuser de mon absence de la blogosphère ces trois dernières semaines. Une grippe un peu sévère, et la nécessité de ne pas “perdre le rythme” sur mes activités de médiation et de conseil m’ont obligé à abandonner le blog pour quelques jours. Mais cette écriture-réflexion me manque trop pour que je la laisse longtemps de côté.

C’est un thème qui revient sans cesse que de comprendre comment la médiation s’articuler par rapport à la crise qui la rend nécessaire. J’entends souvent soit que “cette fois-ci, le conflit est allé trop loin, il n’est plus question de médiation” mais également “nous combattons depuis tellement longtemps qu’il serait peut-être temps de négocier”. La médiation serait-elle donc un processus réservé aux discussions amiables ou aux cas désespérés ?

Si nous cherchons à trouver une réponse dans l’intensité du conflit, les deux messages semblent contradictoire. La médiation serait en effet bénéfique quand le conflit est “peu intense” (on ne négocie plus quand le conflit est fort) mais également quand le conflit est “particulièrement long” (et que l’on s’y enfonce). Modération ou lassitude ? Je crois pour ma part que l’analyse par l’axe de l’intensité n’est peut-être pas la plus appropriée.

Quelles sont les caractéristiques de la médiation ?

  • la reconnaissance de l’existence d’un conflit: étonnamment, ce ne sera pas toujours le “même” conflit qui sera reconnu par les différentes parties, mais le conflit sur la dénomination du conflit est en soit quelque chose de négociable;
  • la volonté de se confronter à l’autre: en médiation, on ne confie pas la négociation à un tiers: le conseil, l’avocat, l’expert peuvent aider et contribuer, mais ce sont les parties elles-mêmes qui discutent, en face l’une de l’autre; en ce sens, la médiation est bien plus une confrontation que la procédure judiciaire dans laquelle les protagonistes sont moins appelé à se parler directement;
  • la possibilité, offerte par la grande confidentialité des échanges, de se dire tout ce que l’on a à se dire, et de vider complètement le conflit, en ce compris les éléments émotionnels ou collatéraux qui ont peu de chance d’être évoqués dans la procédure;
  • c’est aussi en médiation que chacun obtiendra la solution la plus proche de ses besoins: ce n’est en effet pas un tiers qui décidera de la solution, avec sa perception de ce qui est important pour les uns et les autres; ce sont les parties en conflit elle-même qui vont construire une solution qui sera conforme à leur propre perception de leurs besoins.

En relisant ces différents éléments, il me paraît tellement clair que la difficulté de la médiation ne réside pas tellement dans le fait qu’elle ne conviendrait qu’à des conflits déjà partiellement apaisés ou trainant en longueur. Cette difficulté vient plus du courage qui est requis par les parties pour accepter de se regarder en face et de s’engager - au sens militaire du terme - dans le débat. La médiation me fait plus penser au combat d’un art martial ou la victoire consiste en la construction de la séquence de mouvements qui donne à chacun la plus haute satisfaction, et ou le rôle de l’arbitre est de donner à chaque combattant la possibilité de porter ses talents au plus haut, pour réussir la construction commune de la solution.


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