Cette année, j'ai changé, la femme qui vivait en moi est apparue.
Qui étais-je ?
Une étudiante, brillante, je ne sais pas, mais une jeune fille devenue jeune femme au gré des études, années après années, comme un simple fil tendu entre mon adolescence et ma future vie, un brouillard d'envie, de pures décisions fictives pour un avenir inconnu, et puis des doutes, j'ai avancé. Collectionnant sur le chemin des diplômes et des reconnaissances, mais aussi des petits jobs, des expériences, une précaire vie de stages, de beaux projets mais un aléa de second, d'adjoint aux tâches ingrates, de retours aux études en attendant mieux.
Puis j'ai redressé mon corps, mou dans un confort familial pour devenir une femme, jeune femme, avec une petite chambre au cinquième étage, sans ascenseur, d'une belle avenue parisienne, je revenais à moi, je revenais à la capitale après des souvenirs sublimes, calmes en province. Un petit ami oublié en route, des rencontres d'un soir, d'une semaine, d'un mois, des amies surtout pour vivre en rigolant, pour oublier les soirées pâtes, les fins de mois difficiles.
Mais les week-ends étaient toujours souriants avec mes parents, mes soeurs, la famille c'est si bon. Et puis sur le quai de gare, mon père glissant un chèque dans ma poche avec une larme de l'autre côté, j'ai grandi, j'ai aimé soudainement avec du recul ses parents aimant, leurs énergies positives pour me porter dans leur fierté, leur réussite c'était moi !
Je me suis relevé, devenant femme vraiment en cherchant mon premier boulot, en montrant ma connaissance, en vendant mes compétences face à des DRH, des futurs entreprises, des patrons. Mon tailleur pantalon, mon tailleur jupe m'a rendu plus belle, plus sûre de moi, même si le confort des baskets me manquait. J'ai mis des talons, de plus en plus hauts avec mes premiers salaires, les premières soldes, mes premières vitrines de gourmandises.
Je me suis reconnue comme femme, le soir de mon emménagement dans ce studio, le mien enfin, seule sur un coin de lit, face à ce miroir, suant, heureuse, cherchant mes produits pour mon premier bain de femme. Les cartons sont encore là, j'ai mis un grand tissu satiné dessus, j'ai inivité des amies pour le réveillon, je ris ce matin, en préparant les petites verrines pour ce soir. Que l'année fût belle !
Alors ce soir, le champagne, les deux magnums seront mes cadeaux, la signature d'une année de changement, une nouvelle liberté de femme.
Ma petiet robe noire, mes bas nylon avec ce délicat plumetis, mes nouveaux escarpins vernis attendent sur le lit, quelques paillettes et ce sera 2013.
Je vous aime, mes lectrices, mes amies, mes copines, les amis aussi, les fidèles, les autres, bon réveillon.
Gentleman W
Nylonement