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Dinosaures: ça joue dur

Publié le 05 avril 2008 par Raymond Viger

Dinosaures: ça joue dur

(Agence Science-Presse) - Parfois, des disputes éclatent entre scientifiques qui nous paraissent complètement futiles. Saviez-vous par exemple que le nom à donner à un dinosaure peut tourner en une affaire d’État?

Des étudiants au doctorat des États-Unis et de Pologne accusent des scientifiques du Musée du Nouveau-Mexique d’avoir failli à l’éthique, en publiant des articles qui «baptisent» une nouvelle espèce de dinosaures, alors qu’ils savaient que ce dinosaure allait bientôt être «baptisé» d’un autre nom.

La bestiole, qui vivait il y a 220 millions d’années, appartient à la catégorie des aétosaures, un grand reptile à carapace. Les articles en question sont parus dans une très obscure revue, NMMNHS Bulletin (pour New Mexico Museum of Natural History and Science, à Albuquerque). Le directeur par interim du Musée, Spencer Lucas, le directeur des collections de géoscience Justin Spielman et leurs co-auteurs, y décrivent une nouvelle espèce d’aétosaure qu’ils nomment Rioarribaasuchus, alors que le paléontologue William Parker, du Parc national de la forêt pétrifiée, en Arizona, s’apprêtait apparemment à publier lui-même un article baptisant cette espèce Heliocanthus.

Il faut savoir qu’il existe une instance internationale, la Commission internationale de nomenclature zoologique. La Commission interdit évidemment à un scientifique de nommer une nouvelle bestiole s’il sait que des compétiteurs sont engagés dans le processus de «nommer» la même bestiole. Le directeur du Musée nie avoir été au courant des démarches de son collègue.

Au-delà de l’aspect burlesque de la chose, c’est carrément de vol d’idées dont on parle ici. Le directeur par interim du Musée, qui aimerait bien ne plus être juste «par interim», se retrouve dans l’eau chaude, puisqu’un collègue polonais, à l’Université de Varsovie, a rendu public un courriel de plainte qu’il lui a envoyé en juiller dernier. Peu de temps auparavant, Lucas avait publié un article scientifique dans le même Bulletin —qu’il dirige— décrivant des fossiles d’aétosaures qu’il avait pu examiner à l’Université de Varsovie… alors que les chercheurs polonais s’apprêtaient à publier la toute première description de ces fossiles. Lucas blâme les Polonais pour n’avoir pas été suffisamment explicite.

Et Nature rapporte cette semaine un troisième incident impliquant un article, toujours publié dans le Bulletin, consistant en une réinterprétation d’ossements d’aétosaure, réinterprétation à propos de laquelle un étudiant au doctorat en paléontologie du Texas affirme qu’il s’agit d’un plagiat de sa thèse.

«Lucas est connu dans la communauté de la paléontologie, écrit Nature, pour son désir de publier un grand nombre d’articles. Il reconnaît que son approche «dure» l’a mis en conflit avec des chercheurs auparavant.» Le ministère des affaires culturelles du Nouveau-Mexique, de qui dépend le Musée, a mené une enquête en octobre et conclu que les accusations étaient sans substance. Les trois accusations sont à présent devant le Comité d’éthique et d’éducation de la Société de paléontologie des vertébrés.


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