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Antoine Nabajoth: de la mairie des Abymes à l’Habitation Clément

Publié le 01 janvier 2013 par Aicasc @aica_sc

 Scarlett Jésus,Critique d’art

« La peinture n’est que du temps devenu espace »

Olivier Debré

« Ce que j’aime c’est agir sur la toile ».

H. Hartung.

  

Antoine Nabajoth

Antoine Nabajoth

   Du 2 au 23 décembre, Antoine NABAJOTH exposait 19 tableaux de petit format à la mairie des Abymes, en Guadeloupe, dans le cadre de la fête patronale de la commune dont il est originaire.

 Le 21 de ce même mois, une seconde exposition lui permettait d’accrocher, dans la Case à Léo de l’Habitation Clément en Martinique, 28 toiles, dont 18 de grand ou de moyen format.

 Un véritable grand écart.

Antoine Nabajoth

Antoine Nabajoth

 Plus qu’une ligne droite permettant de relier deux espaces géographiquement distants, il s’agit là d’une démarche  symbolique. L’artiste met bout à bout deux univers ayant des positions contraires : celui de la case et celui de l’habitation, mais aussi celui d’hier et celui d’aujourd’hui. Parallèlement, il effectue un déplacement physique de ses œuvres les plongeant dans un milieu différent, opérant de la sorte un  écart, un bond de côté qui s’apparente au bigidi.

Le bigidi pourrait caractériser symboliquement la manière de peindre d’Antoine NABAJOTH. Ses tableaux, quel qu’en soit le sujet, ne donnent-ils pas finalement à voir la représentation matérielle du geste de l’artiste en action ? Un geste qui se fait fulgurance, instant d’énergie suspendu dans le temps. La main se déplace le plus souvent avec une extrême rapidité, sous l’effet d’une impulsion puissante. Comme obéissant à un mouvement apparemment irraisonné et compulsif, mais qui en réalité cherche obstinément à atteindre l’équilibre parfait qui marquera la réussite.

Une main qui danse dans l’espace, celui de la toile, et qui laisse, visible par ses traits et griffonnages, la trace de ses entrechats aériens. En fait, une esthétique qui se réclame de l’éclair, de la fulgurance.

Antoine Nabajoth

Antoine Nabajoth

A travers la liberté de ses mouvements, la peinture d’Antoine NABAJOTH traduit le refus d’un art figé. Elle exprime, à l’opposé, la vie et donne elle-même vie à la matière. Tout en portant la trace de l’énergie créatrice qui l’a animée. Le peintre ne pourrait-il reprendre à son compte l’affirmation « Je suis Dieu » de Nijinski, cet Oiseau de feu  qui réinventa la danse et conçut une manière nouvelle de la transcrire graphiquement ? En suivant les traces laissées, nous suivons les étapes de la création de l’artiste peintre. A partir du néant de la page blanche et en utilisant toutes sortes de matériaux, se constitue par traits successifs un bouillonnement chaotique, un magma en fusion, duquel émergera, progressivement et l’univers personnel de l’artiste peintre. Donnant forme à l’informe dans une alchimie où le hasard intervient.

Comme pour le danseur, la matérialité de l’œuvre plastique ne fait alors plus qu’un avec celle du corps de l’artiste. Comme ne font qu’un l’être et le faire, mais aussi le temps et l’espace.Un temps à jamais suspendu, celui de l’enfance. Et un espace indéfiniment parcouru, celui de la rue du cimetière. Aux Abymes.


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