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Rendez-vous en terre inconnue chez les richous

Publié le 01 janvier 2013 par Marymacleod
Peuple, tu ne croiras jamais ce qui m'est arrivé. J'ai fait une immersion " rendez-vous en terre inconnue" dans une soirée chez des gros bourgeois. Attends que je te raconte.
Mon plan de soirée du nouvel an étant tombé à l'eau, il fallut que je trouve une nouvelle soirée à la dernière minute histoire de passer la nouvelle année dans une bonne ambiance parisienne. Et puis miraculeuseument, je réussis à être invitée dans une soirée mystérieuse sur le thème des films de James Bond. Ce fut donc le 31 après-midi que je me mis à bricoler un costume de James Bond girl avec les moyens du bord: une robe années 60s en motif pied de poule de chez Primark, très courte mais typiquement anglaise, une montre-gadget énorme, une veste bordeaux et un ruban noir dans les cheveux pour rappeler Honey Rider dans Dr No
Puis une fois arrivée chez l'amie par qui j'avais eu l'invitation, on m'informa un peu du type de soirée: ce serait une fête chic dans le duplex en plein centre de Paris d'une famille parisienne très aisée. "Seule" une bouteille de champagne prestige par tête pour la maîtresse de maison vous permettait d'en pénétrer la propriété. Heureusement, la maman de mon amie avait déjà tout prévu. Ktching ktching!
Une fois sur place, je compris que ma robe Primark n'allait pas passer inaperçu. En effet au lieu de costumes comme j'avais compris, tout le monde portait soit un costard-noeud papillon ou une robe de ball. La moyenne d'âge avoisinait les 40-50ans, tous chefs d'entreprises/assureurs/banquiers/gros partouzeurs de droite et il y avait quelques adolescents boutonneux amis de la fille de maison. Le champagne coulait à flot, c'était là en fait l'unique boisson de la soirée, et sur des tables trônaient des montagnes de brochettes, de petits fours et de verrines à déguster. La décoration avait été aménagée dans le thème avec un papier peint 007 et les posters des films disposés un peu partout. Un type ressemblant étrangement à Daniel Craig se chargea de nous conduire au vestiaire sous une énorme boule à facettes. Jusque là, tout était normal. 
Après une demie douzaine de petits fours engloutis, je m'aperçus que personne ne venait nous parler mes amies et moi. C'était comme si nous n'existions pas: nous n'étions pas du même standing. Je n'eu même pas la peine de me présenter comme étant femme canon dans un cirque afin d'éviter ce moment étrange lorsque je dis que je suis prof, parce que c'est bien connu, les bourgeois n'aiment pas "les petits profs". Cela se confirma par la suite lorsque je partis aux petits coins (on notera qu'on ne dit pas "toilettes" chez les bourges). Un homme et une femme d'une quarantaine d'années se tenaient à côté de la porte. Le monsieur en smoking noir dévorait la dame des yeux en lui racontant des banalités à faire pleurer et ne semblait pas le moindre du monde pressé par un quelconque besoin naturel. C'est alors que je vis qu'il n'y avait personne aux cabinets et je pris donc l'initiative d'ouvrir la porte. A ce moment là, le monsieur, oubliant sa donzelle, se mit à me rudoyer. "Oh hé l'autre! Ca fait une heure que j'attends! Elle est pas bien gênée celle là!"Un pied déjà dans le lieu d'aisance, je le toiseai du regard, surprise qu'un type en smoking s'adresse à moi en utilisant la troisième personne et use d'un tel language. Un petit sourire en coin, je lui répondis:"Eh bien tant pis pour vous!" et je lui claquai la porte au nez en m'enfermant. S'ensuivirent quelques injures de ce monsieur qui visiblement n'aimait pas être contrarié et qui tambourina à la porte jusqu'à ce que j'eu terminé. Quand j'ouvris la porte, il m'en sortit d'un coup de bras et me dit:"Allez hop! Dégage, toi!"Légèrement indignée mais surtout amusée par le ridicule de ce mec à moitié chauve que son smoking n'a pas rendu plus intelligent pour autant, je lui rétorquai devant une petite foule de curieux: "Vous comptiez fleurette et bien vous en faut." avant de tourner les talons.Et paf, dans ta face, le gros nul!
Pendant ce temps là, une de mes amies se fit tirer les cheveux par un rustre d'une cinquantaine d'années qui ne voulait pas qu'elle apparaisse sur sa photo de groupe. Tout bonnement pitoyable. 
Du côté des ados, ce n'était guère mieux. Du haut de ses 16 ans, la fille de maison qui ne nous avait jamais vues, nous sauta dessus: "vous êtes qui vous? Parce que là, vous êtes chez moi!" (sans blague!) pendant que ses amis - mineurs - commençaient légèrement à être saoûls avec le champagne, à ricaner comme des bécasses et à faire ce que tous les ados font en soirée c'est à dire: squatter le sol du vestiaire. 
J'appris ce soir là qu'à "23 ans, c'est la honte parce qu'on est déjà trop vieux" ce qui ne semblait pas déranger un des ados qui commença à me draguer. Ses ardeurs furent arrêtées net lorsque je lui dis que je pourrais être sa prof et le retrouver dans ma classe lundi 7 janvier. Et bim!
Du côté des ancêtres donc, les bourgeois s'activaient du popotin sur le dancefloor. Deux femmes dansaient très langoureusement sur de la musique de jeunes, très certainement une technique pour séduire de vieux croutons excités par l'idée que ces femmes étaient ouvertes à tout (et pas que de l'esprit), des pervers donc, riches, mais pervers tout même. De l'autre côté de la piste de danse, il y avait la femme-boule disco habillée tout de bling bling, la cougar de 60 ans au décolleté plongeant et aux seins qui touchaient le sol, la bourgeoise cavalière et lesbienne de gauche et le Professeur Xavier qui trônait au milieu de la cuisine tout en fumant son gros cigar de la Havane comme si de rien n'était. D'autres quadragénaires dansaient de manière constipée au milieu des cougars surexcitées et des coupettes de champagne qui défilaient comme s'il en pleuvait.
Aux douze coups de minuit, personne ne vint nous dire bonne année ou nous faire la bise. D'un coup d'oeil échangé avec une de mes amies, nous déclarâmes la guerre. Nous pouvions être pires qu'eux. Nous aussi, nous pouvions danser comme des shagasses et être encore plus ridicules. Sur du Kmaro et du Gangnam style, nous avions sorti les pires danses possibles: la plongée soumarine, le coton tige passé dans chaque oreille, la danse crabe de The Office, la chorégraphie de Pulp Fiction et j'en passe. 
Nous sommes donc parties tard, amusées et encore un peu choquées de ce que nous avions vécu, quittant un univers étrange où tout le monde commençait à être sérieusement déchiré, où les ados aux jupes bien plus courtes que ma robe étaient encore plus affalés sur le sol du vestiaire. Je me demande encore si en écoutant Gangnam style, ils ont vraiment compris que Psy se moquait des gros bourgeois de leur espèce...Qui sait..

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