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48 - Des lois et des peines (4ème partie)

Publié le 05 avril 2008 par Theophile

Cloture Je me force pour ne pas regarder sur ma droite. Toujours.
Ma dureté est incontestable à ce moment-là. Ma fermeté également. Mais j'écoute, attentivement ce que le juge me dit.

    - Tu sais pourquoi tu es ici aujourd'hui. Tes parents ont décidé de se séparer et moi je suis là pour veiller à ce que tu vives cette nouvelle situation le mieux possible. Il faut que tu saches qu'à ton âge tu es sous l'entière responsabilité de tes parents et ce jusqu'à la majorité. Comme ils ne vont plus vivre ensemble, il faut qu'on aménage avec tes parents, un mode de vie qui correspondra le mieux à ton équilibre. Ce qui me semble le mieux pour toi, c'est que tu puisses continuer à vivre normalement ta scolarité. Tu viens de rentrer en 6ème, n'est-ce pas ?
    - Oui.
    - La loi prévoit un droit de visite et d'hébergement pour le parent non résidant. Ainsi, tu pourras voir ton père un week-end sur deux et la moitié des vacances scolaires...
    - Je ne veux pas le voir.
    - Ecoute-moi... un week-end sur deux, mais qui est tout à fait possible de modifier si toutefois d'autres obligations...
    - Je ne l'aime pas.

Silence.

    - Ecoute. Un père, ça restera toujours un père...
    - Je ne l'aime pas.
    - En tant que législateur, mon objectif est de mettre en place
l’exercice conjoint de manière à ce que les liens perdurent entre toi et tes deux parents. A ce jour, il n'y a aucune raison objective pour que tu ne vois plus ton père.

Je pleure.

    - Ton père a le droit de te voir, et il faut que tu continues à le voir.

Je n'entendais plus ce qu'il me disait. Jouant la carte de la dureté, la sentence a vite rattrapé mon émotion qui se voulait implacable. Le juge continuait à parler mais je n'entendais qu'un lointain sifflement dans mes oreilles. Je ne savais plus comment retenir mon émotion. Mes larmes coulaient, mais je décidais de ne faire aucun bruit de mes sanglots. Je m'effaçais.

Lorsque nous sommes sortis du bureau, je pensais déjà à ce qu'allaient être mes "week-ends sur deux" et mes "moitiés de vacances scolaires".
Une période transitoire devait se mettre en place avant que le système prenne effet, mais je me sentais déjà comme prisonnier de cet individu qui me dégoûtait.

Sur le trottoir, devant le grand portail, je regardais toujours le sol. Ce sifflement ne cessait pas d'opérer à l'intérieur de ma tête.

Ma mère discute avec son avocat.
Mon grand-père fume une cigarette.
Moi je ne dis rien.

Ma mère semble troublée mais totalement impuissante face à ce qu'il venait de se produire.
Je devais être le seul à entretenir des relations avec lui.
Le seul à continuer de le voir, de lui parler.

Seul.



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