Pourquoi doivent-ils tous quitter la France ?

Enième polémique venant clôturer en fanfare l’année 2012, le départ de quelques unes de nos célébrités d’opérette vers les cieux étrangers, n’a pas manqué de faire vibrer ce qui nous reste de fibre patriotique.

Ainsi donc le Panthéon des grands hommes qui ont fait la France, n’aura pas le privilège de compter au nombre de ses futurs résidents les Depardieu, Clavier, Jarre et autres Arnault, qui entendent protéger leur magot si durement amassé à l’ombre d’une frontière qu’ils se sont empressé de traverser.

Ni honteux, ni humiliés, ils ont choisi de trahir la mère Patrie, estimant que la politique fiscale de celle-ci de leur donner pas d’autre choix. QU’ILS S’EN AILLENT TOUS ET NE REVIENNENT JAMAIS !

Quel spectacle affligeant que celui d’entendre partisans et opposants se décocher des flèches acérées tantôt pour soutenir cet élan de fuite, tantôt pour le regretter amèrement ! Quel manque de décence que celui de celles et ceux qui, au mépris d’une lucidité de circonstance, n’ont pas lésiné sur le flot de larmes de crocodile qu’ils se sont empressé de verser sur le sort de ces personnalités ainsi dépossédées !

Pour ma part, je n’ai aucun scrupule à dire que cette fuite de cerveaux me laisse d’un froid polaire. Qu’ils soient acteurs, chanteurs, nantis du moment ou industriels reconvertis, je n’éprouve aucune haine, aucun chagrin à les voir prendre le maquis contre ce qu’ils estiment être un vol de biens.

Faut-il que nous soyons si faibles que cela pour nous appesantir des misères fiscales de ces personnes ? Nos microcosme journalistique, si prompt à nous abreuver de futilités et à donner des leçons de moralité, aurait-il oublié les bénéfices qu’il a pu tirer pendant tant d’années des dispositions fiscales accordées à son avantage par les Gouvernements qui se sont succédés ?

Nos compatriotes se moquent royalement de cet étalage de brèves de comptoirs. La seule et unique valeur qu’il est essentiel de mettre en avant et celle du travail. C’est la seule et unique préoccupation à leurs yeux, car le travail offre à tous les perspectives de stabilité et de reconnaissance sociale. Faut-il encore que le travail de base, le labeur, soit reconnu à une hauteur équivalente de ce qui se drape de paillettes ou de fanfaronnade !

La France, comme l’Europe et comme l’ensemble du monde, connait une crise financière douloureuse qui impose à tous les Gouvernements de revoir les priorités des politiques qu’ils ont pu mettre en place en des temps de pleine prospérité. Notre pays est imparfait, les inégalités se sont accrues autant que les richesses pour certains, mais notre système nous as tout de même préservé d’une rigueur encore plus dure.

Oui, des efforts communs sont à consacrer par tous les français pendant quelques mois encore. C’est une période désagréable qui nous oblige, les uns et les autres, à reconsidérer nos budgets personnels. La crise touche tous les milieux, tous les français, qui n’ont pas le loisir de se poser la question à quelle date ils seront en mesure d’aller courir les magasins de Bruxelles ou de Genève. Ces efforts mutualisés, partagés, sont impératifs pour préserver l’essentiel et reconstruire une base solide pour nos futurs compatriotes.

Que celles et ceux qui s’estiment lésés, s’estiment mal-aimés ou dépossédés s’en aillent, le plus loin possible, et qu’ils gardent au fond de leur esprit qu’un capitaine n’abandonne jamais son navire lorsque celui part à la dérive ! C’est peut-être aussi révélateur du sentiment de certains qui ne croient plus ou pas assez dans la grandeur de notre pays. Une considération personnelle et une moralité qui restent bloquées au niveau du porte-monnaie me plonge dans une relative perplexité. Leur départ ne pourra alors être considéré que comme salutaire. La France à laquelle je crois ne peut pas être bâtie sur d’aussi sinistres figures !

A la manière de Khalil Gibran : « Celui qui ne porte sa moralité que comme son meilleur vêtement ferait mieux d'être nu. »