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Pour Berlusconi, les poubelles n’ont pas d’odeur !

Publié le 05 avril 2008 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com

La crise des déchets à Naples revient dans la campagne des législatives en Italie. Silvio accuse le gouvernement de gauche d’en être responsable. Berlusconi a promis s'il était élu qu'il transfèrerait son gouvernement de Rome à Naples jusqu'à ce que la crise des ordures soit complètement réglée.


Pour Silvio Berlusconi les poubelles n’ont pas d’odeur, ou presque ! Il a rejeté la responsabilité de la crise du traitement des déchets sur l'administration de centre-gauche qui a gouverné l'Italie et la Campanie ces deux dernières années. Romano Prodi, avait pourtant promis de mettre fin à "quatorze ans d'état d'urgence"

    Les ordures malodorantes accumulées dans la ville, dont on a pu voir les images sur les télévisions du monde entier, ont été déblayées juste à temps pour les élections, ironisent les Napolitains, qui dénoncent le caractère superficiel de l'opération. Naples est entre les mains du président de la région Campanie, Antonio Bassolino, membre du Parti démocrate de Walter Veltroni. Pour Berlusconi, il incarne cette gauche responsable.
Antonio Bassolino doit passer en procès pour de présumées escroqueries dans sa gestion de l'affaire des ordures, le 14 mai 2008, un mois après les élections. L’occasion est trop belle pour Berlusconi qui tacle un partisan de son adversaire de "Compagnon-poubelle, ton temps est fini !".
Depuis une place du centre-ville de Naples, Berlusconi s’emporte :"C'est la gauche qui a mis fin aux grands travaux d'infrastructures qui sont pour nous indispensables. Et c'est la gauche qui a provoqué cette tragédie des déchets".
Berlusconi a promis s'il était élu qu'il transfèrerait son gouvernement de Rome à Naples jusqu'à ce que la crise des ordures soit complètement réglée.
Veltroni, qui est aujourd'hui à Naples, répond à Berlusconi que le problème était vieux de quatorze ans et qu'il existait donc à l'époque où Berlusconi était au pouvoir. Celui-ci était Président du Conseil italien du 10 mai 1994 au 17 janvier 1995 et du 11 juin 2001 au 16 mai 2006. Il s’agit donc, à minima, d’une co-responsabilité !
À minima, parce que d’autres acteurs entrent en jeu. Et leur rôle, dans les affaires ordurières, n’est pas le moindre. Il s’agit de la mafia locale compromise dans le traitement inadéquat des déchets.
À Naples, la ville phare du Mezzogiorno, (sud de l'Italie) le problème des ordures ménagères est récurrent. La ville est, pour ainsi dire, assiégée par ses 100 000 tonnes de détritus et déchets toxiques entreposés en périphéries de la ville. C’est la Camorra (la mafia locale) qui est sensée s’en charger et débarrasser à bas prix les industries du Nord.
Mais face à son évidente inaptitude, Naples est en alerte sanitaire. On a retrouvé de la dioxine dans du lait de bufflonne de certains élevages de la région destiné aux mozzarellas.
Ce taux de dioxine est supérieur aux normes européennes. Le danger sanitaire confirmé, la Commission européenne demande immédiatement le retrait des produits contaminés du marché, la communication des noms des élevages de bufflonnes mis sous séquestre, la liste des produits contaminés, des informations sur les mesures de contrôle mises en oeuvre et des garanties sur les mesures de prévention".
Pour les autorités italiennes, la proportion qu'a prise l'affaire est "excessive" et "injustifiée". Elles affirment que le rapport entre la crise des déchets qui se poursuit en Campanie et la contamination du lait par la dioxine reste à établir.
Mais, la Camorra, la mafia napolitaine qui contrôle le secteur des ordures dans la région, a pourtant bien enseveli pendant des années des déchets toxiques industriels dans le sous-sol.
Les images de tas d'ordures amoncelés en bordure des pâturages ou brûlant en dégageant des fumées noires avaient déjà passablement inquiété les consommateurs. Depuis deux mois, les ventes de mozzarella en Italie avaient chuté de 30%. Après l'annonce de la présence de dioxine, la dégringolade atteint 60 %. C'est au tour maintenant des exportations d'être touchées. Elles représentent 48 millions d'euros, soit 16 % du chiffre d'affaires des producteurs.   Le tourisme à Naples s'est tari et de nombreux restaurants ont fermé leurs portes, aggravant encore la situation d'une ville dont la réputation est déjà ternie par les violences imputées à la Camorra.
Selon un récent sondage d'opinion, la crise devrait inciter les électeurs à mettre fin au pouvoir exercé depuis dix ans en Campanie par le centre-gauche.
 

Sandrine Kauffer


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