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Maisons en bord de mer : il va falloir déménager

Publié le 07 janvier 2013 par Bioaddict @bioaddict

Alors que les experts prédisent une augmentation du niveau de la mer de 50 cm environ d'ici 2050, le " recul stratégique " dans certaines zones littorales s'impose progressivement comme la solution raisonnable plutôt qu'une protection " coûte que coûte " contre la mer. Mais le message reste difficile à faire passer auprès des populations. Maisons en bord de mer : il va falloir déménager 

" L'attitude naturelle est de résister face à la montée du niveau de la mer. Or, c'est techniquement et financièrement impossible ", explique Yves Colcombet, directeur du Conservatoire du littoral. Fort de ce constat, cet établissement public cherche à faire admettre d'autres approches, en particulier le " recul stratégique ". Une solution qui consiste à laisser reculer la côte et à relocaliser les activités et les infrastructures en conséquence. L'Atelier annuel du Conservatoire du littoral, qui s'est tenu les 5 et 6 décembre à Montpellier, a ainsi rassemblé élus, experts et associations pour travailler sur l'adaptation à la montée des eaux. Propriétaire de 12% du linéaire côtier, le Conservatoire du littoral est en effet en première ligne face à une augmentation du niveau de la mer de plusieurs dizaines de centimètres, qui pourrait conduire 1/5ème de ses terrains à passer dans le domaine maritime.

Le message à faire passer est le suivant : la défense contre la mer à coup de digues et d'enrochement, chère et inefficace, doit laisser la place à une intervention plus limitée, tenant compte des évolutions naturelles du trait de côte.

" Le recul stratégique est la mesure la plus sûre et la plus durable ", assume Thierry Lataste, préfet du Languedoc-Roussillon, lors des rencontres. " Mais cela suppose beaucoup de conviction et de courage ", déclare le représentant de l'État, tant sa position est délicate face à la défiance des élus locaux. En témoigne les propos de Jean-François Rapin, président de l'Association nationale des élus locaux (Anel), qui défend le maintien du trait de côte au risque de " spolier les propriétaires privés pour nos propres lubies d'avenir ". Les élus ne sont donc pas prêts à endosser la stratégie du repli face à leurs administrés.

" Le recul stratégique est très dur à entendre par les habitants qui réclament au contraire que leur côte soit consolidée ", explique Yves Colcombet. Commandé à la suite de la tempête Xynthia, le rapport parlementaire du député de la Manche Alain Cousin soulignait bien que l'adaptation à la montée des eaux ne relevait pas " d'aménagements techniques ponctuels " mais " d'un sujet éminemment politique ".

Néanmoins, depuis la tempête, le cap est donné. Adoptée en début d'année, la " stratégie nationale de la gestion du trait de côte " s'intitule sans ambiguïté : " Vers la relocalisation des activités et des biens ". Avec un bilan de 29 morts et l'inondation de près de cinq milles habitations, les conséquences de Xynthia ont en effet exacerbé la gravité de la question littorale et accéléré l'agenda politique. Car, outre une augmentation progressive de l'érosion côtière et de la submersion, le changement climatique annonce aussi des évènements extrêmes plus fréquents.

Mais si la relocalisation peut constituer la solution la plus raisonnable, elle n'est pas une solution miracle. Elle coûtera cher et sera dure à négocier. Grâce à un appel à projet clôturé le 1er octobre 2012, le ministère de l'Écologie espère voir émerger des expériences sur des territoires volontaires.

Une chose est sûre, le coût de Xynthia plaide pour anticiper la montée des eaux plutôt que de la subir. Dans un rapport rendu public en juillet 2012, la Cour des comptes fait un bilan financier " très lourd " de la tempête. Le rapport dénonce en particulier les rachats " précipités " d'habitations à risque par l'État, " dans un élan de protection et de solidarité nationale ". C'est en effet 300 millions d'euros qui ont été mobilisés via le fonds de prévention des risques naturels majeurs (FPRNM), soit plus du double du coût de la catastrophe elle-même... Un coût qui s'explique aussi par la complicité des élus et des promoteurs immobiliers dans la constructibilité des zones inondables.

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