La période noire des banques suisses se poursuit avec la faillite de Wegelin & Co

Publié le 07 janvier 2013 par Edelit @TransacEDHEC

2012 aura été une année tourmentée pour les établissements bancaires helvétiques. Entre scandales et restructurations, les banques suisses n’ont pas eu une minute de répit. Après UBS (Union Bank of Switzerland) et le Crédit Suisse, au tour de Wegelin & Company d’être sur la sellette. Retour sur ces derniers mois agités.

Restructurations et licenciements

Quatre ans après l’éclatement de la crise financière, le marché reste difficile et les nouvelles règles prudentielles dites de Bâle III n’arrangent rien à la conjoncture. Les banques se trouvent en effet dans l’obligation d’augmenter leurs fonds propres pour faire face aux risques qu’elles détiennent. Ce contexte les incite à accélérer leur restructuration.

Par exemple, la banque UBS choisit de se restructurer fin octobre 2012 dans l’optique de réduire ses risques. Sa principale mesure est de diminuer la taille de sa banque d’investissement qui abandonnera certaines activités risquées comme les placements obligataires. Au-delà de cette division, l’établissement bancaire compte également se concentrer sur la gestion de fortune et la banque privée, des activités bien plus en accord avec les exigences de Bâle III. Ces remaniements devraient permettre d’économiser 4,5 milliards d’euros à UBS dans les trois prochaines années. Mais ils se traduiront aussi par 10000 licenciements, soit 15% des effectifs employés.

Une semaine après UBS, le Crédit Suisse annonce à son tour un plan de restructuration. L’objectif est clair : réaliser 4 milliards de francs suisse d’économies d’ici 2015, soit près de 3,3 milliards d’euros. Pour ce faire, l’établissement bancaire regroupe ses divisions de banque privée et gestion de fortune en une seule entité appelée « Private Banking & Wealth Management ». Ce changement coûtera 300 postes aux salariés qu’il faut ajouter aux 3500 suppressions de postes réalisées en 2011.

Maints scandales

En juin 2012 éclate le scandale du Libor (London Interbank Offered Rate), taux auquel se prêtent les banques. Une vingtaine d’établissements bancaires dont l’UBS sont soupçonnés de manipuler le taux interbancaire. Cela est d’autant plus gênant qu’il sert de base de calcul à de nombreux produits financiers. Il joue donc pour les banques mais aussi les entreprises et les particuliers. Ce scandale va coûter très cher au numéro un suisse UBS qui va devoir payer 1,1 milliard d’euros pour régler les enquêtes le concernant.

Comme si cela ne suffisait pas, un procès impliquant les banques suisses Wegelin & Co et UBS a lieu fin 2012. La première est accusée d’avoir aidé des contribuables américains à échapper au fisc. Ne disposant pas d’agence aux Etats-Unis, c’est UBS qui lui servait de correspondant. La fraude est estimée à un milliard d’euros pour la période 2002 – 2010. UBS doit payer une amende de 600 millions d’euros. La sentence est plus rude pour la plus ancienne banque helvétique Wegelin & Co : elle annonce le 3 janvier 2013 qu’elle met les clefs sous la porte.

La période noire que traversaient les banques suisses en 2012 se limitait à des pertes financières et restructurations. 2013 va bien au-delà avec la faillite d’une banque. Espérons que l’année ne se poursuive pas ainsi.

Marjolaine Basuiau