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Quelles perspectives économiques pour 2013 ?

Publié le 09 janvier 2013 par Copeau @Contrepoints

Comment être optimistes pour l’économie française en 2013 ? En cette période de vœux, nous aimerions annoncer de bonnes nouvelles, mais rien n'est plus dur.

Par Jean-Yves Naudet.
Article publié en collaboration avec l'Aleps.

Quelles perspectives économiques pour 2013 ?

La Défense, coeur économique de Paris

On la dévale à toute allure, pourtant la piste est noire. Comment être optimistes pour l’économie française en 2013 ? En cette période de vœux, nous aimerions annoncer de bonnes nouvelles. Les prévisions des divers organismes de conjoncture sont assez pessimistes, mais là n’est pas l’essentiel. Nous savons que l’année sera très mauvaise, non parce que les instituts le prédisent, mais parce que la politique suivie face à la crise est à l’inverse de ce qu’il faudrait faire. On parle beaucoup de la rigueur nécessaire, mais c’est une fausse et une mauvais rigueur.

Une croissance proche de zéro

Les derniers résultats de l’année 2012 et les prévisions pour 2013, ne portent guère à l’optimisme. Contentons-nous de deux sources officielles, l’INSEE et le FMI. Pour l’INSEE, la croissance économique a été quasi-nulle en 2012 : 0% au premier trimestre, - 0,1% au second, + 0,2% au troisième trimestre ; ces 0,2% avaient provoqué un certain enthousiasme, le gouvernement parlant de reprise, alors que nous avions expliqué que ce n’était qu’un trompe l’œil et qu’en réalité nous étions en quasi-récession. D’ailleurs, l’INSEE vient de rectifier ce 0,2% à la baisse à 0,1%.

le honzec - croissance en panne
Le quatrième trimestre 2012 nous a hélas donné raison ; l’INSEE prévoit un recul de 0,2%, ce qui donnerait une croissance moyenne du PIB sur l’ensemble de l’année 2012 de 0,1% ! Bercy se veut plus optimiste et envisage + 0,3% pour l’ensemble de 2012 ; c’est donc un « optimisme » bien relatif et l’encéphalogramme est presque plat. Quant à 2013, on part sur des bases comparables et les prévisions de l’INSEE sont de 0,1% au premier comme au second trimestre. On est bien loin des 0,8% envisagés par le gouvernement pour justifier ses choix budgétaires pour 2013 ; il faudrait en effet au moins 1% de croissance aux derniers trimestres de l’année pour y parvenir, ce qui est impossible.

Le FMI ne nous rassure pas, puisque selon cet organisme, la croissance française serait de 0,2% en 2012 et de 0,4% pour 2013, soit moitié moins que les prévisions auxquelles s’accroche désespérément le gouvernement.

Certes tous ces chiffres sont sujets à caution, et nous ne sommes pas des inconditionnels de ces exercices de futurologie, mais il y a bien une certitude, c’est que la croissance 2013 sera en France presque nulle, et largement inférieure à la prévision gouvernementale.

Chômage en hausse, investissements en panne

Les autres variables n’incitent guère plus à l’optimisme. Comme le confirment les chiffres du chômage publiés fin décembre, la dégradation de l’emploi se poursuit inexorablement : le chômage est au plus haut depuis quinze ans et le nombre de chômeurs progresse en moyenne de 1% chaque mois. Le FMI prévoit, après un taux de chômage de 9,6% en 2011, 10,3% en 2012 et 10,6% en 2013. L’INSEE prévoit 10,9% dès le second trimestre 2013. La consommation, moteur de la croissance selon les keynésiens, ce qui est le cas des membres du gouvernement, est en panne : -0,1% au quatrième trimestre 2012, 0% au premier comme au second trimestre 2013.

Le vrai moteur de la croissance, l’investissement productif, va continuer à baisser au quatrième trimestre (-0,3%) et au premier trimestre (-0,2%), avec 0% au second. Or c’est lui qui prépare la croissance future. Sans investissement, la croissance sera en panne. Le pouvoir d’achat des ménages, avec une hausse de 0,6 %, retrouverait fin mars son niveau de septembre 2012, mais devrait ensuite reculer de 0,1 % au second trimestre.

L’illusoire objectif des 3% de déficit

Tout cela n’est pas sans conséquence dans le domaine des déficits publics et de la dette. On sait que le gouvernement a fixé un objectif de réduction du déficit de 4,5% du PIB à 3%. Or, le déficit dépend notamment des recettes. Si la croissance économique est plus faible que prévu, ce qui sera le cas, les recettes fiscales ne seront pas au rendez-vous et le déficit sera plus élevé. Ainsi les prévisions du FMI sont-elles formelles : la France n’arrivera pas à réduire ses déficits à 3% en 2013.

Il faudra alors prendre de nouvelles mesures budgétaires, sans lesquelles la France ne pourra retrouver la confiance des marchés et bénéficier de taux d’intérêt demeurés faibles. Sur la base d’un déficit de 3% du PIB, la France devrait quand même emprunter 169 milliards d’euros en 2013 ; avec 0,5% de déficit en plus, ce serait 10 milliards d’emprunts en plus !. La dette publique atteindra donc de nouveaux records.

Tout cela est assez dramatique et les Français commencent à ressentir durement la crise. D’autres problèmes s’accumulent à l’horizon, mais on a fait croire aux Français qu’ils sont réglés d’avance. En particulier, la lancinante question des retraites revient en force dans l’actualité et le déficit va rapidement redevenir explosif. Les réformettes réalisées, puis annulées, ont voulu rassurer l’opinion un instant, mais n’ont jamais rien réglé. De la sorte, l’explosion est inéluctable, dans des délais qui se rapprochent chaque jour. Ce qui est angoissant pour les retraites l’est aussi pour l’assurance-maladie.

Refus des réformes et fausse rigueur

Il y a à cette mauvaise situation de notre économie deux causes.

L’une a souvent été exposée ici : c’est le refus des véritables réformes. C’est le refus de réformer notre système social et notre Etat providence, et d’abord notre sacro-sainte Sécurité Sociale, ses retraites et son assurance-maladie ; c’est le refus de réformer notre système administratif, avec un nombre invraisemblable d’échelons ; c’est le refus des réformes du marché du travail, l’un des plus rigides au monde, en raison des syndicats les plus conservateurs et les moins représentatifs du monde ; c’est l’archaïsme de notre système éducatif, avec le refus de toute sélection et de toute concurrence ; c’est l’uniformité dans tous les domaines et le refus d’une véritable ouverture, dans les services publics comme dans les professions fermées. Tout cela est connu et n’est pas nouveau ; ces blocages sont anciens. Cela ne date pas de l’actuel gouvernement ; ceux qui l’ont précédé ont leur lourde part de responsabilités.

L’autre cause vient en revanche de l’actuel gouvernement. Il y a une dimension psychologique : la menace des nationalisations, la haine des riches, la fascination pour la toute puissance syndicale, etc. Et il y a les mesures concrètes : la fiscalité devenue confiscatoire, qui décourage tout effort productif et fait fuir les contribuables; la volonté de réduire les déficits par une fausse rigueur, celle qui consiste à accroître les impôts (20 milliards en plus pour 2013, sans compter le collectif 2012) au lieu de réduire les dépenses, ce qui contribue à nous entraîner vers la récession ; les rigidités nouvelles introduites, notamment sur les prix et toutes les petites mesures qui augmentent la bureaucratisation de notre économie.

La conclusion est bien simple : la situation de notre économie continuera à se dégrader tant que l’on n’aura pas rompu avec l’étatisme et la bureaucratie ; il faut radicalement changer de cap et en finir avec les mesures de façade. L’urgence ? Libérer l’économie française, privatiser, réduire le périmètre de l’Etat, baisser les dépenses publiques et les impôts, laisser jouer la concurrence. Au total : défiscaliser, déréguler, privatiser.

En clair : « laissez-faire et laissez passer ». C’est un Français qui a inventé la formule, et pour cause : il faisait partie d’une délégation de marchands venus se plaindre à Colbert des excès des impôts et des règlements. La pétition sera toujours d’actualité en 2013.

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