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Leo Battesti vs Diego Salazar : La partie d'échecs

Publié le 09 janvier 2013 par Echecsinfos
Leo Battesti vs Diego Salazar : La partie d'échecs
Le 31 mars 2013, la Fédération Française des Échecs procèdera à l’élection d’un nouveau Comité Directeur.Deux listes sont proposées aux électeurs (Clubs).Entretien avec Léo Battesti et Diego Salazar, têtes de liste.Propos recueillis par François Voituron.
Fédération Française des Échecs en chiffresLeo Battesti vs Diego Salazar : La partie d'échecs
Sites Officiels des candidats sur ELECTIONS 2013.
Préambule
Nous avons posé à chacun des candidats une question fermée sur leur 1er coup préféré pour une partie d’échecs. La question précise était : Vous préférez : 1.e4 ou 1.d4 ?
Nous avons été frappé par la réponse apportée tellement elle illustre la personnalité des deux opposants et il nous a semblé adapté de commencer cet article par une petite analyse. Les deux joueurs ont refusé de se laisser enfermer dans un choix contraint et ont proposé une troisième voie. C’est le signe de fortes personnalités.
Léo à répondu le premier, c’est à l’image de la fougue qu’on lui connait. Et il sort d’emblée la grosse cavalerie ! Sa réponse : 1.Cf3. C’est un attaquant ! D’emblée il veut contrôler les choses, que ce soit le centre de l’échiquier ou son environnement. Ceux qui connaissent le personnage ne peuvent pas être surpris. Diégo a pris son temps avant de révéler sa réponse : Je n’ai pas de préférence. J’adapte mon premier coup selon mon adversaire. C’est un Défenseur ! La méthode consiste à observer le jeu adverse - à écouter les Clubs - et adopter ensuite les décisions les plus pertinentes.
Autre fait révélateur, la réponse à la question : Quel est votre personnage historique préféré ?
Aucun artiste à l’horizon, pas d’acteur exilé outre-Quiévrain ou de défenseur des éléphants, pas d’homme d’affaires, pas de scientifique, pas d’homme de lettres ou de philosophe dans les réponses.
Léo Battesti évoque un personnage politique haut en couleurs, Corse, à la fois illustre et méconnu : Pascal Paoli (site Officiel de Pascal Paoli). On peut traduire ce choix par la force des idées.
Diego Salazar est inspiré par Jacques Lambert, ancien Président de la FFE et organisateur actuel de l’Open du Mans. Traduction en filigrane : c’est une réponse en creux (défensive) à la présence de 2 anciens Présidents de la FFE en support de la liste adverse (Carvallo et Moingt) et qui signifie « moi aussi, je m’inscris dans une continuité ».
Voilà qui en dit long sur la stratégie des deux candidats que tout oppose à commencer par ce fauteuil pour deux à la Présidence de la FFE. Vous retrouverez aisément dans les réponses les traits de personnalité révélés par ces premières questions. Bonne lecture.
Oups.
Encore une chose.
Un recours contre la liste de Diego a été validé. Le médecin n’est pas malade mais invalide. On cherche le remède, parait-il. Souhaitons que cet aléa de campagne trouve son épilogue et qu’un pointillisme juridique soulevé ici ne vienne pas mettre à bas une campagne électorale démocratique pour laquelle beaucoup de travail a déjà été accompli.
François Voituron
Leo Battesti vs Diego Salazar : La partie d'échecs
OUVERTURE
La FFE est agréée par le Ministère de l’ Éducation Nationale depuis 60 ans, et par le Ministère des Sports depuis plus de 10 ans. Quel est le plus important pour les échecs : le sport ou l’éducation ?
DIEGO - J’aurais tendance à dire les deux ! Nous avons le statut de Fédération sportive mais les spécificités de notre Sport sont telles qu’elles nous portent très naturellement vers le système éducatif. Nous sommes tous conscients du rôle que nous pouvons tenir au niveau scolaire.
Au-delà, je trouve très regrettable l’absence d’investissement concret pour amener la Fédération vers la délégation sportive. C’est une faute importante des dirigeants actuels ou alors une totale hypocrisie de leur part. Car il faut savoir qu’à l’heure de son élection en 2005, Jean-Claude Moingt avait acté dans le procès-verbal du premier Comité Directeur de sa mandature qu’il faisait de la délégation une urgence ! Aujourd’hui nous sommes bien loin de son obtention parce qu’aucun travail n’a été réalisé, même si des personnes investies ont tour à tour souhaité faire avancer ce projet. Entre les discours et les faits, il y a un monde. Il faut que chacun soit conscient que la délégation donnerait des moyens supplémentaires importants à différents acteurs de notre Fédération. Il faut donc que cessent les discours d’autocongratulation car ils ne se justifient absolument pas dans les faits, et se mettre sérieusement au travail concernant la délégation.
LEO - Les deux sont indissociables : les vertus socio-éducatives remarquables du jeu d’échecs rejaillissent sur la pratique du sport échiquéen comme dans aucun autre sport. Cette approche est primordiale car elle influe, forcément, sur la façon de s’organiser pour promouvoir notre discipline.
MILIEU DE PARTIE
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QUESTIONS à DIEGO SALAZAR
Les observateurs imaginaient une liste d’opposition de façade mais vous avez démontré une réelle volonté de gagner. Cependant, le bilan de l’équipe en place à la tête de la Fédération est plutôt bon (augmentation des licenciés, convention avec le Ministère, résultats sportifs corrects, communication améliorée avec un magazine interactif, . . .). Dans ces conditions, remporter l’élection, est-ce possible ?
Quoiqu’en pense notre concurrent, chaque jour, nous recevons du soutien. Nous avons la dynamique pour nous et ne faisons pas opposition de façade mais une vraie proposition d’alternance. Les dirigeants actuels pensaient que les élections seraient une formalité. Ils sont tellement déconnectés de la base qu’ils ne se rendent pas compte du sentiment qu’ont la plupart des présidents de clubs. Nous avons donc une réelle envie de gagner, pour eux.
Vous parlez d’augmentation des licences B, mais c’est un leurre lorsqu’on fait dire ce qu’on veut aux chiffres. Si les licences B généraient mécaniquement une augmentation des licences A, nous l’aurions constaté. Mon équipe vous détaillera prochainement des calculs très objectifs, sans parti prix, et vous ferez votre propre constat. Notre championnat de France toutes catégories compte de moins en moins de participants, la convivialité baisse notablement … Le prochain championnat de France risque d’ailleurs d’en compter encore moins, puisque les infrastructures promises ne seront pas construites à temps. Et on n’optimise pas la convivialité lorsqu’on ne prend même pas la peine de solliciter les bénévoles investis de la région pour organiser ce championnat.
Quant à la convention avec l’éducation nationale signée en 2007, c’est une bonne chose. Mais elle n’est pas respectée. La Fédération s’était engagée à mettre du matériel à disposition des écoles qui en feraient la demande, or cela n’a pas lieu par exemple. Nous devions mettre en place des diplômes pour nos intervenants, or le contenu de ces diplômes n’est toujours pas établi. Nous avons des témoignages de clubs qui nous indiquent qu’il est parfois difficile d’accéder aux écoles parce qu’il y a opposition de l’Inspection d’Académie. La Convention reste une avancée, mais le gros du travail reste à faire.
Vous parlez de résultats sportifs corrects pourtant nous pensons qu’ils ne sont pas à la hauteur de nos possibilités. Hormis l’équipe de France féminine qui se surpasse, les résultats masculins pourraient être meilleurs. Nous devons les aider à atteindre leur meilleur niveau. J’espère que nous parviendrons à convaincre Etienne Bacrot et Marie Sebag de revenir en équipe de France. Nous avons besoin de nos champions et il est déplorable de lire de mauvais propos de certains dirigeants ou anciens dirigeants sur eux. A force de se fâcher avec tout le monde, il n’y aura bientôt plus personne autour de la Fédération. On pourra dire alors que la privatisation fédérale sera achevée ! Nous avons remarqué aussi qu’un seul joueur français est dans le Top 100 Juniors, c’est une mauvaise nouvelle. La formation est à l’arrêt. Il faut favoriser les échanges entre délégations.
En ce qui concerne Echec et Mat, il y a plusieurs choses à dire.
Echec et Mat interactif pourrait être amélioré sur le modèle d’Europe d’Echecs par exemple qui s’apparente à de la vraie presse échiquéenne.
Echec et Mat Junior est un très bon support pédagogique et il me semble que ce pan a du succès auprès d’une bonne majorité.
Quant à Echec et Mat TV, même si nous avons connaissance de la convention qui lie Léo Battesti à la Corse et de l’obligation qui lui est faite de communiquer en langue corse dans une certaine proportion, c’est un comble que les licenciés de la France entière soient obligés de lire un sous-titrage français d’une vidéo corse sur leur site fédéral ! L’important c’est que chacun vote selon sa conscience et ses convictions. Croire ce qui est dit sur le site fédéral sans vérifier les données, c’est laisser quelques personnes décider pour tous et il me semble que c’est dommage. Nous avons des chances de gagner.
Il a aussi été dit qu’en cas de défaite vous ne souhaiteriez pas, à titre personnel, rester au Comité Directeur comme le permet le scrutin de liste. Est-ce exact ?
Je me suis posé la question et je pense que c’est légitime. Par respect pour mon équipe, mes soutiens et notre sport, je dois tenir mon rôle d’opposant en cas de défaite, et faites-moi confiance, je le tiendrai. Mais pour tout vous dire, nous pensons remporter cette élection, donc le problème ne se posera pas.
L’analyse de votre jeu par votre adversaire est sans détours : Un programme électoral démagogue du type Samaritaine (On trouve tout à la Samaritaine), pour ne pas dire racoleur (vous dites vouloir donner la parole aux Clubs alors que la FFE a organisé des Etats Généraux, il y a peu), ainsi que votre manque d’expérience, voire votre âge. Que souhaitez-vous répondre ?
Dans notre programme, nous avons abordé toutes les thématiques qui concernent la Fédération et nos clubs. On peut le qualifier de catalogue si on veut mais il comporte des idées concrètes (pour certaines reprises d’ailleurs par ces mêmes concurrents). Cela évite les généralités qui ne parlent à personne et n’engagent à rien.
A l’inverse, je ne peux pas m’exprimer sur le programme de Léo Battesti parce qu’il n’en a pas. Je n’ai pas vu une proposition concrète, une idée nouvelle sur son site internet. C’est le néant total. Il arrive à écrire un article complet sans émettre la moindre idée. Nous sommes début janvier, et à part mettre en lumière chaque colistier en tentant d’anéantir nos propositions, nous ne trouvons aucune vraie position ou démarche. C’est assez incroyable, nous sommes surpris par cette légèreté. Ainsi nous aurons fait avancer le débat en étant plagiés, c’est mieux que rien.
Les États Généraux, c’est un coup de communication purement électoraliste. Il s’agit finalement d’une chambre d’enregistrement qui accouche d’une souris. D’une bonne idée au départ, cela s’est conclu par un non-évènement.
Je reste indifférent aux commentaires sur mon inexpérience. Je dirige un club important. Je participe activement au développement des Echecs depuis de longues années. Je connais bien le fonctionnement fédéral et je rappelle que j’ai autour de moi des personnes rompues à toutes les disciplines échiquéennes. Je ne sais pas quel sens donner à un tel commentaire sinon que c’est un aveu de faiblesse face à l’adversité, ou la traduction du mépris par la Fédération de compétences qui sont pourtant reconnues.
Je le répète, c’est un travail d’équipe que nous proposons et les compétences de chacun seront complémentaires. Donc, j’assume mes choix et seuls les présidents de clubs sont légitimes à affirmer que notre programme est racoleur ou réaliste selon eux.
Leo Battesti vs Diego Salazar : La partie d'échecs
QUESTIONS à LEO BATTESTI
La campagne de votre adversaire a surpris les observateurs. Une liste cohérente, une communication complète (site internet, facebook, messages aux Clubs), un projet riche en propositions. On s’attend presque à une surprise de dernière minute et à voir Diego Salazar s’installer aux commandes de la FFE. Ce scénario est-il possible ?
Tout est toujours possible. Il faut respecter le vote des électeurs. Mais là, objectivement et en toute sincérité, je ne crois pas une seconde à ce scénario. Je n’ai aucun mépris en affichant cette conviction. Elle se fonde simplement sur notre connaissance du terrain et des adhésions massives à nos projets.
Nous nous félicitons, par ailleurs, de l’existence d’une opposition. Nous l’avons appelée de nos vœux et je vous rappelle que j’ai été à l’origine de la réforme nous détournant du vote individuel pour un scrutin de liste. Cela a été une avancée démocratique majeure pour notre fédération et l’existence de la liste adverse en est la preuve.
Mais ce qui compte, et cela vaut également pour nous, ce n’est pas la gestion d’un site mais le fond d’une démarche.
En l’occurrence un choix clair est proposé aux Présidents de clubs : d’un côté une hyper-fédération étouffante qui gèrerait directement les clubs en essayant de résoudre les problèmes au cas par cas. Sans recul, sans direction claire, elle agirait en aval, au gré des vents et des revendications de chacun, quitte à se dédire du jour au lendemain en courant après la réalité. Cet assistanat serait aussi inefficace que catastrophique : on en reviendrait à des pratiques paternalistes d’un autre âge, faites de petits arrangements et de compromis de court terme.
De l’autre, une approche que nous voulons radicalement différente. Nous sommes pour une Fédération qui... fédère, et permette, en particulier aux ligues et comités départementaux, d’avoir plus de poids, plus de réalité, plus d’influence sur leurs environnements locaux. La FFE est là en amont pour libérer les énergies, pour aider techniquement, juridiquement, par sa communication et surtout par l’action de son président et de son équipe à soutenir les initiatives locales. Elle n’a pas à prendre la place de ses structures déconcentrées, car le développement de masse ne peut se faire que par le terrain et non depuis la Commanderie des Templiers. Par contre la FFE doit s’impliquer auprès des organes déconcentrés lors, en particulier, de crises internes ou financières.
Si les Présidents de club me font l’honneur de porter la liste que je conduis en tête des suffrages, n’attendez pas de moi que je sois un président omnipotent intervenant jusqu’au moindre détail. Au contraire. Je pratique, dans toutes mes activités professionnelles et associatives, une gestion que je pense moderne, fondée sur la responsabilisation. Je fais confiance à la richesse de notre équipe et de nos salariés. Pour ma part, je saurai, je le pense, défendre les intérêts fédéraux en particulier auprès des partenaires institutionnels et privé. La force de conviction vantée par mon adversaire, me se fort utile... Je me suis fixé comme objectif personnel de porter à 400 000 € le montant annuel du sponsoring et comme objectif collectif de dépasser les 80 000 licenciés à la fin de notre mandat.
Je ne prétends pas que ce que nous avons réalisé en Corse soit intégralement transposable. Mais tout de même, il y a de la marge. Sous ma présidence nous sommes passés de 120 licenciés à 5 900, d’un budget annuel de 10 000 € à 500 000 €, et nous avons créé 14 emplois en CDI. Cela n’a pas été fait par magie, mais parce que nous avons suivi une stratégie. Les effets induits sont ensuite considérables. Je vous donne un dernier scoop, au moment où sera publiée cette interview, La Ligue Corse aura signé un partenariat avec une Société d’Économie Mixte responsable de la collecte des déchets sur l’ensemble du territoire insulaire. L’impact socio-éducatif des Échecs a conduit les responsables de cette entreprise à nous solliciter. Nous aurons 40 000 € annuels, ce qui nous permet de consolider nos emplois malgré la crise et de créer un nouveau poste. Et nos formateurs se feront les relais, auprès de 7 000 scolaires, de l’importance des démarches éco-responsables. Imaginez ça à l’échelle de la France !
Vos adversaires pointent quelques failles dans votre jeu. Une équipe en place qui dirigerait dans son propre intérêt ou avec un manque de transparence : vous étiez fournisseur de services pour la FFE, la vice-Présidente est salariée de la FFE et au moment de poser cette question, le site FFE montre que vous occupez presque seul toutes les fonctions en Corse à la fois Président et Secrétaire de la Ligue qui n’aurait pas de Trésorier, Président des 2 Comités départementaux. Que souhaitez-vous répondre ?
Ah bon, Joanna Pomian est salariée de la FFE ? C’est nouveau, ça ! Il faudrait la prévenir !
Plus sérieusement, nous en aurions grand besoin eu égard à ses capacités. Mais elle ne l’a été que très brièvement, à temps partiel, et ne l’est plus depuis plus de 6 mois. Dommage. Quoiqu’il en soit, on ne peut pas faire campagne sur des contre-vérités aussi énormes ! C’est ridicule.
En ce qui me concerne, la seule chose que je ne tolère pas c’est que l’on puisse porter atteinte à mon honneur et à mon intégrité. Je suis l’objet, dans le cadre de cette campagne, d’attaques individuelles relayées sans vergogne par certains sites et forums, le plus souvent sous couvert d’anonymat. Pour développer une telle question je vois que vous êtes également victime de cette «intox» qui constitue visiblement le seul programme à nous opposer. J’y réponds toutefois, car j’ai conscience que des licenciés peuvent être abusés par cette politique de dénigrement.
On m’accuse par exemple d’être Président des deux comités départementaux corses. Effectivement, ce serait choquant et il faut être bien naïf pour croire que la FFE et le Ministère des Sports laisseraient faire ! Il se trouve que les comités départementaux corses ont été supprimés dès la création de la Ligue ! Je serai donc Président de comités qui n’existent plus... C’est grotesque ! Et tous les autres postes à responsabilité sont occupés, depuis 1997, par des bénévoles très compétents. Je vous invite à jeter un œil sur le site de la ligue www.corse-echecs.com. Mais il faut admettre que le site fédéral devrait être mieux actualisé dans ce secteur là. J’en assume donc une part de responsabilité !
Quant à la gestion, par mon entreprise, des travaux effectués pour la FFE, cela s’est toujours opéré dans la légalité et une totale transparence. Au risque de surprendre, cela a pénalisé ma société... pour la bonne raison que j’ai dû développer un investissement personnel colossal au service de l’ensemble de la communication fédérale et ce au détriment d’autres activités. Je vous invite à consulter les bilans comptables et vous verrez que jusqu’au dernier exercice nous étions en perte annuelle alors que nous avions une situation quasiment toujours positive, pour chaque année, de 1992 à 2004... lorsque je suis devenu vice-président fédéral ! Du reste, je suis vice-président depuis 8 ans et à ce titre aurais pu utiliser 3 000 à 4 000 € annuels ainsi qu’un forfait téléphonique. Je ne l’ai jamais fait. La Fédération ne m’a pas rapporté d’argent, elle m’en a coûté. Mais je ne le regrette pas. Alors s’il est vraiment une chose sur laquelle je serai très réactif, c’est le respect de ma personne.
La Fondation l’Echiquier de la Réussite ne réponds plus aux demandes, son site internet est interrompu, mais elle est annoncée présente à la prochaine Conférence sur l’enseignement des échecs, en juin 2013. Qu’en est-il, au juste ? L’absence de transparence peut-il cacher des connivences ?
Cette Fondation fonctionne sur ce qu’on appelle du « mécénat de compétences », c’est-à-dire que les salariés d’A2 Consulting, l’entreprise dont le patron a créé l’Echiquier de la Réussite, donnent de leur temps en plus de leur travail pour suivre les dossiers qui leur sont envoyés. Ils sont donc bénévoles. Il se trouve qu’A2 Consulting a absorbé un de ses concurrents cette année et que ses employés ont été mobilisés sur la réorganisation des fonctions à l’interne plutôt que sur les projets échiquéens. Cela a occasionné des lenteurs que chacun peut comprendre. Mais pardon, la Fondation a reçu et traité plus de dossiers cette année que les 3 années précédentes réunies ! Et ça, c’est l’effet « circulaire » de l’Education Nationale, croyez-moi ! Le même effet qui, au passage, a fait passer de 420 000 à 1 200 000 € les fonds annuels dédiés du CNDS pour les clubs, départements et ligues... L’Echiquier de la Réussite va distribuer, cette année, plus de 1300 jeux et 130 échiquiers muraux en Bretagne, à Paris, en Haute-Garonne, dans l’Hérault, dans l’Allier où le Comité Départemental a décidé d’axer tous ses efforts sur le développement scolaire ! Des écoles rurales qui n’ont aucun lien avec la FFE ont sollicité et obtenu des aides. Où est la connivence ? Maintenant, quand un club demande plus de 100 000 € de subventions sur 5 ans (oui 100 000 € !) à une Fondation qui dispose de 40 000 € par an pour la France, il ne faut pas qu’il s’étonne si sa demande n’aboutit pas ! Ce n’est pas une question de connivence mais de compétence, de réalisme et je dirais même de décence. Et le fait que le président de ce club soit sur la liste concurrente n’a évidemment rien à voir avec ce refus.
Quant au grand colloque international que nous organiserons en juin à l’Unesco, beaucoup d’acteurs y seront associés car, au delà du colloque, nous comptons développer, en particulier avec la ligue d’IDF, des animations échiquéennes comme cette simultanée géante avec Kasparov et de nombreuses autres légendes face à des centaines d’enfants de la région parisienne. L’élite au cœur de la masse, n’est-ce pas, en effet, l’essentiel de notre message de campagne ?
FINALE
Chaque candidat a présenté son équipe et son projet sur un site internet dédié. Si il fallait donner le point fort de votre projet susceptible d’emporter la décision d’un Président de Club, quel serait-il ?
DIEGO - Et bien c’est précisément de nous préoccuper des problématiques des présidents de club, de les aider au quotidien, pour développer notre fédération au sens large du terme ! Pour cela, il faut placer à la tête de la fédération les plus capables et les plus désireux de comprendre et de répondre, avec modestie, aux demandes des clubs. En mettant à l’écart les formes d’individualisme, de favoritisme, ou de démagogie via lesquelles on fait des promesses sans vraiment se préoccuper des forces vives de notre fédération.
Nous sommes dans le concret. Nous souhaitons démontrer que la Fédération doit opter pour un mode de fonctionnement tout autre. Nous proposons de le mettre en place ensemble. Trop de présidents de club travaillent seuls, sans soutien et ne se sentent pas particulièrement considérés. Les Ligues et les Comités auraient donc aussi un rôle important à jouer pour parfaire les actions que nous engagerions.
J’ajouterais que notre site dédié, puisque vous en parlez, est sans aucun doute un point fort lui aussi puisqu’on voit au fil de la campagne que la liste concurrente ajuste sa forme et son contenu au nôtre. Je trouve que c’est assez amusant pour être relevé. C’est aussi le cas de notre programme qui les aide soit à trouver quelques arguments, soit à contredire les nôtres.
Nous avons pris soin dès le départ de ne pas nous engager sur des propositions que nous ne serions pas en mesure de tenir. Prospérer lors des élections devrait toujours se mériter.
LEO - Notre stratégie, précisément. Parce qu’elle en dit long sur la cohérence et la clarté de notre démarche. Dans une campagne il est facile de promettre monts et merveilles. On pourrait, en un week-end, rédiger un catalogue fourre-tout de propositions flattant des intérêts souvent divergents. Pour notre part nous nous refusons de céder à cette démagogie. Nous nous situons résolument dans l’optique d’un développement de masse et nous privilégierons tout ce qui y contribue. Tous les niveaux de jeu ont à y gagner. La base de la pyramide d’abord, parce que nous permettrons à un nombre plus important de personnes de goûter aux plaisirs des Échecs. Les niveaux intermédiaires ensuite, qui disposeront d’une plus grande offre en matière de services, de formation et de compétition. Le sommet enfin, qui bénéficiera, en particulier les professionnels, d’une réelle économie échiquéenne enrichie par de nouveaux partenaires institutionnels et privés.
En fait la principale critique que je porte à la FFE, c’est de ne pas être allée assez loin sur ce chemin. A sa décharge, il était difficile, face à certaines frilosités, de changer les choses du jour au lendemain. Je vous donne donc un scoop, j’ai été très souvent minoritaire au sein des instances dirigeantes lorsqu’il était question de franchir d’autres Rubicon... Mais en bon démocrate, je me suis toujours incliné face à la majorité.
Le 1er jour du candidat élu sera le . . . 1er avril. Oublions la blague de potache d’usage et dites-nous quelles seront vos premières décisions visibles, les plus importantes.
DIEGO - Puisque vous parlez de visible, nous mettrons un terme à cette opacité à laquelle la Fédération nous confronte depuis quelques années. Nous sommes une association, pas très riche mais qui veut s’élever. Alors nous divulguerons les informations qui devraient être accessibles à tous, notamment toutes formes de rémunérations, nous consulterons sur les aspects décisionnels dont on évince les présidents de club alors qu’ils sont concernés et rétablirons ainsi une cohérence politique de nos actions et affectations de budget. En fait, établir une relation de confiance qui permettra un développement structuré, déjà étudié, plus apte à obtenir une délégation de l’Etat, et quoiqu’il arrive, en constante recherche de financement.
Il faut apprendre à travailler ensemble pour créer une vraie cohésion constructive à la Fédération. Travailler sur le long terme des intérêts qui s’avèrent finalement plus individuels que collectifs n’est pas le meilleur épanouissement pour une fédération sportive. On ne peut pas à la fois créer les disparités et vouloir rassembler autour de soi.
LEO - Je vais encore vous surprendre... mais nous la prendrons dès le 31 mars afin qu’il n’y ait pas de doute sur son authenticité ! Nous allons supprimer toutes les sanctions (sportives et financières) concernant l’obligation d’une féminine en Nationale 3 et annoncer que notre prochain Comité Directeur traitera de la politique féminine.
Ce choix n’est pas que symbolique, il traduit une volonté ferme de fonctionner différemment. J’ai pu constater, à travers toutes nos réunions publiques, le traumatisme que constituait cette contrainte pour des clubs, petits et moyens, souvent ruraux. En fait on a appliqué une décision sans tenir compte de la diversité des situations… avec des effets pervers désastreux dans certains cas. Mais nous savons aussi, que c’est bénéfique dans de nombreuses autres situations. Nous sommes persuadés qu’il faut tenir une ligne cohérente pour atteindre l’objectif d’un développement réel du secteur féminin et ne pas se cantonner au simple traitement des compétitions comme cela a souvent été le cas. Nous ne sommes pas contre une discrimination positive, mais cela doit se faire d’abord à la base, chez les jeunes, et on verra qu’il ne sera plus nécessaire ensuite de rafistoler. Encore une fois, la plupart des problèmes dont se plaignent les clubs doivent être traités à la base, en amont.
La campagne pour l’élection a montré quelques signes de tension. En particulier, un débat programmé le 2 février 2013 a été annulé. Et la partie invisible de l’iceberg bruisse de sonorités diverses. Si vous êtes élu, peut-on compter sur vous pour tendre la main à votre adversaire comme à la fin d’une partie d’échecs ?
DIEGO - Bien évidemment, je lui serrerai la main après les élections, j’ai l’esprit sportif (sourire).
Je vous confirme qu’il y a eu des tensions. Nous avons présenté une liste dont les membres sont enthousiastes par nature. Ils ont trouvé violentes les dérives imposées par l’équipe concurrente dans cette campagne. Les méthodes sont purement politiques, ce que nous refusons. Donc c’est particulier.
Nous avons été stupéfaits de voir comment les choses allaient se passer, mais on ne peut pas dignement tout dire. Simplement que la direction actuelle met tout en œuvre pour évincer son concurrent. Cette approche de la démocratie me semble dangereuse. Alors, on reste concentré sur notre démarche auprès des clubs.
Vu la virulence de Léo Battesti sur mon compte, mon équipe a refusé le débat.
D’autres choisissent de rester neutres tant la Fédération se montre radicale face à la contradiction.
Après les élections, le président devra rassembler. C’est son devoir. Or par nature, Léo Battesti est une personne clivante. Mais il faudra oublier les conditions de cette élection et travailler ensemble avec toutes les bonnes volontés. Pour ma part, je mettrai ces tensions sur le compte de l’élection, une nouvelle page s’ouvrira dès le 1er avril et ce ne sera ni un poisson, ni une fausse promesse.
Je vous rappelle notre slogan, similaire à celui de la FIDE : Une fédération unie.
LEO - Evidemment ! Je n’ai et n’aurai jamais un ennemi dans le monde des Echecs. Je suis pour apaiser toutes les situations et éteindre des conflits qui minent le développement de certaines régions ou clubs, voire des relations entre certaines ligues et la FFE. Je pense en particulier à la Ligue de l’Ile-de-France qui a un rôle stratégique considérable dans nos projets. Elle doit être mieux associée et parfois mieux écoutée. Je suis sûr, d’ailleurs, que nous travaillerons main dans la main avec la nouvelle équipe dirigeante de cette Ligue.
Je suis pour les débats et je déplore que Diego ait refusé cette occasion unique d’échanger. C’est difficilement compréhensible et ce sera un manque dans cette campagne. L’immense majorité des licenciés attendaient une franche explication. Ils en seront privés. Je préfère le face-à-face loyal de deux concurrents qui s’expriment publiquement pour convaincre de l’intérêt de leurs démarches et qui, ensuite, se serrent la main sachant qu’ils auront à tous travailler ensemble pour la famille échiquéenne. J’ai été réellement peiné par un tel refus. Je pourrais être flatté par les raisons évoquées par un Diego avouant publiquement sa crainte devant mes capacités de conviction... Mais cela m’attriste. Quoi de plus démocratique qu’un débat ? Ne pas respecter cette règle élémentaire est plus qu’affligeant, c’est une faute. 
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