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Infortune

Publié le 09 janvier 2013 par Guillaumemeurice

article_photo_1357192441494-1-HDUn chiffre d’affaires record. Plus de douze milliards d’euros l’année dernière. En misant sur l’appât du gain, la Française des jeux a touché le jackpot. Opportuniste, cette entreprise publique ne connait pas la crise, mais profite de cette dernière pour monnayer du rêve. Quand l’État ne donne plus d’espoir aux classes populaires, il le vend.

Car contrairement à l’adage, le hasard fait mal les choses. La naissance est une loterie. Tandis que certains viennent au monde avec une cuillère en argent dans la bouche, d’autres n’auront jamais assez d’argent pour s’acheter ce type de cuillère. La vie est un jeu. La vie est injuste.

À l’échelle d’un pays, une politique sociale efficace devrait permettre de pallier cet état de fait, et rétablir un certain équilibre. Un gouvernement autoproclamé « de gauche » demeure théoriquement la garantie d’une meilleure redistribution des richesses. En France, il semblerait pourtant que la tendance soit plutôt à l’abandon de ce principe au profit de celui de l’égalité des malchances.

En effet, tandis que l’écart se creuse entre les individus les plus riches et les plus défavorisés, ces derniers sont contraints de s’en remettre au sort pour améliorer le leur. Que dire d’une société où le seul espoir de dignité que possède un citoyen consiste à gratter un Morpion ?

Que dire d’une société qui organise elle même ce type de racket et en tire bénéfice, jouant sur le pouvoir attractif et addictif du procédé, vantant ses mérites à longueur de publicités ? Oubliant de préciser que 100% des perdants ont également tenté leur chance. Et que certains, ruinés, ne sont plus là pour en parler. Comme dirait le slogan, « À qui le tour ? ».

Certes, la responsabilité du joueur est engagée, car jouer son RSA au Keno n’est certainement pas une solution durable. Mais dans un pays qui compte plus de 3 millions de chômeur, peut-on décemment reprocher à un individu de succomber à une probabilité d’amélioration de son quotidien ? Cette responsabilité parait en effet bien mince face à un système pernicieux qui profite des faiblesses de l’humain pour se jouer de lui.

Entre l’essor des paris en ligne, les promesses offertes par les tombolas en tout genre et la bourse mondiale et ses marchés fluctuants, le monde ressemble désormais à un gigantesque casino. Ringardisant la notion de partage au profit de l’égoïsme décomplexé, le mot d’ordre général semble être devenu « Faites vos jeux ».

Rien ne va plus.

Guillaume Meurice

09/01/2012



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