Magazine Humeur
L’année 2013 commence dans une atmosphère lourde et de grandes inquiétudes ressenties par tous. Plus que des évènements économiques, la crainte vient du sentiment que le pays est gouverné par des amateurs qui n’ont aucune idée sur la stratégie à mettre en œuvre pour endiguer la crise en France. Les discours à la tête de l’Etat n’ont fait qu’augmenter cette crainte. Au cours de ses vœux, le Président de la République s’est, une fois de plus, contenté de dire qu’il avait fait ce qu’il avait promis. Mais qu’a-t-il fait puisque la situation ne fait qu’empirer ? Il insiste lourdement sur la réorientation de la politique européenne qu’on lui devrait, grâce au magique « pacte de croissance ». Mais quel pacte ? Quelle croissance ? Actuellement, le gouvernement ne cesse de revoir à la baisse ses prévisions dans ce domaine. On sait qu’il faut un taux de croissance minimum de 1,5% environ pour créer des emplois et on sait également que le taux de 2013 va varier entre 0,2% et 0,8%. Il est clair que la communication a pris le pas sur la décision stratégique. C’est bien ce que les socialistes reprochaient à N. Sarkozy, non ? Qui peut sérieusement croire à l’engagement présidentiel d’inverser la courbe du chômage « à la fin de l’année » ? Va-t-on attendre le 31 Décembre pour que le gouvernement annonce victorieusement une diminution du chômage de 0,1%, qui ne sera, en fait, qu’une fluctuation saisonnière ? De son côté, le premier ministre est devenu le plus grand expert de la langue de bois. Exemple : « Nous allons mobiliser le gouvernement pour mettre en œuvre toutes les mesures qui permettront le redressement » !! Bravo, mais qu’est-ce que cela veut dire ? Le gouvernement hésite entre la doxa socialiste et syndicale de la politique de la demande et une nouvelle politique de l’offre qui, pour le moment, ne se concrétise que dans le mot compétitivité, répété à l’envi par tous les ministres. La politique de la demande (emplois aidés, contrats de génération) devrait être financée, nous a-t-on dit, par une réduction des dépenses. Mais on ne sait toujours pas, depuis huit mois, de quelles réductions il s’agit. A ce flou, s’ajoute une cacophonie ministérielle accompagnée de monstrueuses maladresses (la taxe à 75%, la nationalisation de Florange, la course au repreneurs de Pétroplus, …). Enfin (last but not the least), le discours de nouvel an du Premier Ministre ne comportait aucun mot sur l’Europe. Le 22 Janvier sera le cinquantième anniversaire du Traité de l’Elysée, signé entre Adenauer et de Gaulle. Il y a donc là une belle opportunité pour relancer un partenariat qui, aujourd’hui, se porte très mal. Parions qu’il ne se passera rien de concret, en dehors de discours creux et sans portée opérationnelle. N’oublions pas non plus les mots du Premier Ministre, martelant avec force, que 80% des Français ne seraient pas touchés par les augmentations d’impôts ! La réalité est, qu’aujourd’hui, la totalité des citoyens subie une pression fiscale accrue, ne serait-ce que par l’augmentation de la TVA, combattue en son temps et vigoureusement par les socialistes lorsque cela avait été envisagé par N. Sarkozy. L’incompétence politique est saisissante. Le politique est incapable de se « voir » dans le long terme ; il se complait donc dans le court terme, c’est-à-dire, nécessairement, dans le populisme, la démagogie ou l’immobilisme, espérant sauver son « emploi ». Le plus bel exemple en est donné par les fractures sociétales que le gouvernement provoque sciemment pour détourner l’attention des difficultés sociales, comme le vote des étrangers, le mariage pour tous, le message « haro sur les riches », ou encore par des réformes anecdotiques comme la non-participation des anciens Présidents de la République au Conseil Constitutionnel. Pendant que les hommes et les femmes politiques au pouvoir s’enlisent dans une communication permanente et tous azimuts, rien de concret ne se passe et la situation se dégrade : le chômage augmente, la désindustrialisation se poursuit. L’incompétence politique est accompagnée par l’irresponsabilité des partenaires sociaux qui refusent toute modification du marché du travail, alors que cela a été fait dans tous les autres pays européens. En Autriche, le licenciement se fait pratiquement sans contrainte et sans coût pour l’employeur, le chômeur est correctement accompagné dans sa recherche d’emploi et retrouve un employeur en moyenne au bout de 3 mois. Le résultat est que l’Autriche a le taux de chômage le plus bas des pays occidentaux, atteignant 4,5% de la population active. Le sage sait qu’il ne sait pas, mais le politique ignore qu’il ne sait rien. Il pense que le peuple ne pense plus, qu’il suffit de lui servir de la communication et du storytelling. Peut-être qu’en fin de compte, le politique rêve d’une nation pourvue un peuple mais sans citoyen. L’opposition n’est pas en reste d’incompétence grave, engluée qu’elle est dans ses luttes internes et son combat contre les pains au chocolat qui la prive de toute proposition sérieuse. Quant aux extrêmes, ils ne s’adressent qu’à la foule, dont on sait qu’elle est, comme le disait si justement Victor Hugo, l’ennemi du peuple. Il ne nous reste que les yeux pour pleurer !