La presse s'inquiète actuellement de ce qu'a bien pu faire Aurélie Filippetti pendant ses vacances de Noël. On aurait aimé qu'elle s'inquiète aussi de ce que d'autres ministres, certainement plus importants, ont bricolé pendant la période des fêtes...
L'affaire pourrait être amusante si elle n'était pas révélatrice de dysfonctionnements assez importants tant du côté des médias que du côté des politiciens et du gouvernement actuel en particulier.
Tout commence avec le démenti du cabinet d’Aurélie Filippetti à Europe1, expliquant que la ministre de la Culture n'a pas passé ses vacances de Noël à l’île Maurice, comme une insistante rumeur le laissait entendre. Ce démenti venait probablement apporter un peu de matière à une éventuelle réponse de la ministre lorsqu'elle devra répondre aux question de Jean-Jacques Bourdin, journaliste de BFM, qui avait publiquement prévu de l'interroger à ce sujet ce vendredi.
L'affaire prend un tour nouveau lorsque Voici, le magazine people, publie un article et trois photos réalisées le 22 décembre et reçues le 24 de la ministre elle-même, où l'on explique qu'elle se trouvait bien à l'île Maurice en compagnie du président du Stade Rennais et ancien député UMP Frédéric de Saint-Sernin. On appréciera au passage la petite pique du magazine :
"Pour éviter à Aurélie Filippetti de perdre du temps à préparer une réponse circonstanciée au journaliste et pour leur permettre à tous les deux d’aborder de vrais sujets politiques vendredi prochain"
Depuis, la crédibilité du cabinet de la Ministre est sérieusement remise en question. Bien obligé de constater qu'effectivement, la rumeur avait vu juste, il a fait marche arrière mercredi soir, avant que la ministre ne se justifie à Europe1 :
"Ce voyage m'a été offert par mon compagnon. J'en ai averti le président de la République, qui m'a autorisée à partir."
Tout ceci alimente donc les petites brèves des médias friands de ces petits rebondissements parisiens. Cependant, on peut se demander pourquoi aucun d'entre eux ne s'intéresse alors à la longue disparition de Laurent Fabius.
En effet, le Ministre des Affaire Étrangères et de la Diplomatie française, domaine régalien s'il en est et l'un des personnages les plus importants dans le protocole gouvernemental, a été introuvable pendant les deux semaines entre le 21 décembre (date de son dernier déplacement de l'année, à Rome) et le 3 janvier dernier où il a rencontré les familles d'otages français en Afrique.
Pendant cette période, le Quai d'Orsay n'aura gratifié la presse et les citoyens français d'aucune espèce de communication d'aucune sorte, d'aucun message, même pas de petit tweet, alors que la France était confrontée, dans le même temps, aux prises d'otages français dans la corne africaine, à la suite du conflit syrien, à la crise en Centrafrique et à l'affaire Depardieu, de son passeport russe et des déclarations tonitruantes de Poutine à ce sujet.
L'asymétrie de traitement des deux ministres devrait faire réfléchir tant l'ensemble des professionnels du journalisme que les Français qui, rappelons-le, payent aussi bien pour les vacances des uns que les oublis des autres.