Traiter les fractures non consolidées et réparer l'os à partir de cellules souches adultes, combinées à un biomatériau, c'est l'objectif de ce projet européen, Reborne, démarré et coordonné depuis 3 ans par l'Inserm et par Pierre Layrolle, directeur de recherche, qui vient d'obtenir l'accord de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) pour débuter un essai clinique en chirurgie orthopédique. Alors qu'une fracture sur 2 a besoin d'une reconstruction osseuse chirurgicale, cette nouvelle technique représente une alternative prometteuse de stimulation du processus de réparation osseuse et de comblement osseux.
Cet essai prend place dans le cadre du projet Reborne, démarré depuis janvier 2010 et basé dans 8 pays d'Europe, qui a pour objectif de développer de nouveaux biomatériaux qui stimulent la formation de tissu osseux pour corriger les défauts de régénération osseuse en chirurgie orthopédique et maxillo-faciale. Les biomatériaux, combinés à l'utilisation des cellules souches, sont des alternatives intéressantes aux greffes biologiques.
Un million de patients en Europe sont concernés car après un traumatisme, le risque de retard ou d'absence de consolidation du tibia, du fémur ou de l'humérus est très élevé et nécessite souvent une greffe osseuse autologue (prélèvement d'os du patient). Environ une fois sur dix, des problèmes mécaniques ou biologiques empêchent cette autoréparation après une fracture. Or, la quantité de greffon disponible est limitée et des complications au niveau du site de prélèvement sont très souvent observées, explique l'Inserm dans son communiqué.
4 pistes de réparation sont pratiquées ou à l'étude :
- L'autogreffe osseuse est aujourd'hui la technique de référence, le prélèvement du greffon étant souvent le bord supérieur de l'os du bassin. Cependant l'autogreffe si elle n'entraîne pas de réaction immunitaire de défense, aboutit à une mort cellulaire importante dans le tissu transplanté. De plus une seconde opération pour le prélèvement sera nécessaire qui peut entrainer des complications.
- L'allogreffe ou greffe avec donneur comporte un risque de rejet immunitaire, et non seulement n'induit pas de formation osseuse mais aussi une recolonisation par du tissu osseux très limitée.
- Des biomatériaux utilisés comme substituts osseux pouvant à la fois servir de support passif à la repousse osseuse, comporter les protéines nécessaires à la morphogenèse osseuse (BMPs) et les cellules capables de synthétiser le tissu osseux sont déjà utilisés dans certaines indications cliniques.
- La promesse ici, vient des cellules souches, capables de se différencier en cellules osseuses. Or la moelle osseuse est un réservoir naturel de cellules souches dites mésenchymateuses (CSM) que l'on sait isoler et cultiver. L'essai clinique conduit par l'Inserm tentera donc de réparer les os à partir de cellules souches adultes, combinées à un biomatériau. Le défi consiste à développer les cellules souches du patient en culture pendant 21 jours puis une fois adultes de les associer à un à un substitut osseux synthétique avant de greffer l'ensemble au niveau de la fracture ce qui permettra de régénérer le tissu osseux.
Une chirurgie moins invasive et qui préserve le stock osseux du patient, explique Pierre Layrolle, coordinateur du projet.
Source: Projet Reborne et Communiqué et Dossier Inserm Réparer l'os : bio-ingénierie de l'os(Vignette © Inserm, Alpha Pict, visuel © Inserm, Georges Boivin)
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