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La digne riposte de Mélenchon

Publié le 11 janvier 2013 par Juan
La digne riposte de Mélenchon Sur son blog, le leader du Parti de Gauche est revenu longuement sur son échange musclé et nocturne avec Jérôme Cahuzac. La réaction était à chaud, et chaude.
1. Les éditocrates, et surtout les plus branchés sur Twitter ce soir-là, étaient contre lui. Il a raison, c'est une triste évidence. Mélenchon nous jette en pâture quelques noms avec une gourmandise qui amuse et une sincérité qui fait plaisir:
« Ainsi s’affichèrent à l’écran les messages de Lilian Alemagna, en charge de la gauche pour « Libération », Bruno Jeudy, rédacteur en chef du « Journal du Dimanche » et Bruno Dely, directeur adjoint de la rédaction du « Nouvel Observateur ». Je salue leur engagement politique de citoyen. Et j’en attribue tout le mérite à Cahuzac. Je ne plaisante pas. Je crois que quand la gauche sociale libérale s’assume, elle aussi trouve une capacité de mobilisation des siens.»
Au passage, il lâche cette curieuse accusation: Cahuzac serait arrivé préparé par je-ne-sais-quel conseiller d'Euro-RSCG. Il ne sait pas, nous ne savons pas si il y avait effectivement un conseiller de cette fumeuse agence derrière la préparation du débat. Mais au moins l'ancien candidat mettait les pieds dans le sale plat de la communication indument publicitaire
2. Pour Mélenchon, l'affrontement fut « passionné et passionnant », éclairant du vrai clivage à gauche qui doit préparer l'avenir et, souhaite-t-il, la relève. Il avait presque raison?  La saillie de Cahuzac sur la lutte des classes n'a pas fini de faire des vagues. Mélenchon s'est félicité que le ministre s'affiche si social-libéral. Il a raison .... Cahuzac n'avait rien d'un gauchiste, mais il était convaincant dans son raisonnement. Mélenchon avait tort sur un point plus général. Il ne suffit plus de simplifier ainsi les enjeux. La coalition hollandaise est encore bien diverse. Elle aura l'occasion de le montrer, de lui démontrer.
3. Agacé, l'ancien candidat à la présidentielle revient toutefois sur quelques points de fonds évoqués lors du débat et notamment celui-ci, qui nous a troublé sur le coup et a posteriori: l'imposition des dividendes est-elle juste et ... justement insuffisante ? Mélenchon voulait tacler cette affirmation du ministre du budget, relayée ailleurs et même ici sur ce blog, à savoir que l'imposition des dividendes avait été réajustée au niveau de celle des salaires. Si le barème de l'impôt était enfin aligné, les dividendes bénéficient d'un abattement de 40%, contre seulement 10% pour les salaires. En d'autres termes, seuls 60% des dividendes sont imposables et 90% des salaires. Injustice ?
Dans les colonnes du Point, certes peu complaisant avec le coprésident du Parti de Gauche (sic!), Marc Vignaud renvoyait vers ce chiffrage pré-électoral et pourtant connu, réalisé par l'un de nos brillants Economistes Atterrés,  Henri Sterdyniak: l'imposition réelle des dividendes est largement supérieure à celle des revenus du travail, car les premiers - issus d'une distribution du bénéfice net après impît des entreprises, subissent déjà l'imposition sur les bénéfices de ces derniers.
Cette vérité, d'ailleurs, est régulièrement rappelé sur les bancs de l'Assemblée et du Sénat à l'occasion de chaque examen du volet fiscal de nos loi de finances. ... Pour qui veut bien y assister... Si nous souhaitions être parfaitement précis, il faudrait mentionner que cette imposition varie d'une entreprise à l'autre: ainsi, les entreprises du CAC40 réussissent à limiter à 8% leur IS, et les PME à 22%, quand le taux normal est de 33%.
4. Jean-Luc Mélenchon a rappelé jeudi son opposition à la prochaine réforme hollandaise de décentralisation.  Il y a un truc jacobin dans cette opposition. « Nous n'accepterons pas que la loi votée par tous s'applique différemment, voire ne s'applique pas, selon que l'on vit en Aquitaine ou en Bretagne, que l'on vit dans la région Paca ou dans le Grand Est. »
5. Mélenchon porte le fer où il faut, sur le terrain politique et non ailleurs. Deux jours après le débat, il a rappelé cet essentiel: « Ah, bien oui, quand même ! » a-t-il répondu à un journaliste lui demandant si Cahuzac devait rester au gouvernement malgré l'affaire qui l'accable. « C'est la justice, dans les pays civilisés, qui tranche des conflits de cette nature, car il y va de l'honneur d'un média ou de l'honneur d'un homme ». C'est tout à son honneur.
6. Mélenchon porte le débat là où il faut, sur les idées, les programmes et les alliances. Et sur d'éventuels brevets de gauchitude ou d'étiquetage vaseux: « J’ai refusé d’entrée de jeu d’être celui qui décerne le brevet de gauche pour éviter tout le sempiternel débat métaphysique sur la question ». Et là encore, c'est tout à son honneur. Car l'affaire ne concerne que quelques Robespierre de salon twittosphérique. Celles et ceux qui cherchent vraiment le débat cherchent véritablement à comprendre les origines de nos contradictions éventuelles.
Sur ces points, cette envie de prolonger l'attaque et le débat, il fallait évidemment remercier très sincèrement Jean-Luc Mélenchon. Car la démarche reste désespérément salutaire et franchement bienvenue.
A suivre...


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