Il n'a pas fallu attendre si longtemps. Vendredi soir, le président français confirme une intervention militaire française au Mali, ancienne colonie démembrée voici quelques mois après une offensive islamiste et des séparatistes touaregs. Le parlement sera informé dès lundi. La réaction à une nouvelle offensive militaire expresse de quelques milliers de soldats islamistes n'a donc pas tardé.
C'est une petite guerre qui commence, alors qu'une petite France se déchire sur le mariage pour tous. France inter est en grève, transformée en radio musicale - de qualité -
pour déjà plus d'une semaine. Mais les chaînes d'info se régalent de
ces affaires qui finissent par user la cohésion nationale.
Au secours, la guerre !
A l'ONU et en France, l'unanimité fut presque de mise, pour une fois. L'ensemble de la communauté internationale applaudit à ce soutien militaire. Les Américains sont trop contents. Même les Chinois sont soulagés. « Le Mali fait face à une agression d'éléments terroristes venant du Nord dont le monde entier connait désormais la brutalité » a expliqué Hollande lors d'une brève intervention télévisée depuis l'Elysée. « J'ai donc, au nom de la France, répondu à la demande d'aide du président du Mali. » Huit otages français sont détenus dans la zone, dont certains depuis deux ans et demi. Six mille Français sont sur place.
Les forces armées françaises participent aux combats dès vendredi après midi. Auraient-elles dû attendre un vote de nos députés ? Quelques écologistes et Jean-Luc Mélenchon râlent que le Parlement n'ait été informé au préalable. Mais ils sont incapables de dire s'ils sont réellement opposés. Que du flou et de la posture ! Les forces islamistes du Nord viennent de déclencher leur offensive vers le Sud. « C'est la même situation qu'en Afghanistan », prévient rapidement Jean-Dominique Merchet de Marianne, vendredi soir sur iTele. « On n'a pas tellement le choix de ne pas y aller. » Samedi, il y a premier tué parmi nos soldats.
Les objectifs du combat sont plus clairs, plus simples. Il ne s'agit pas d'exterminer Aqmi ni de ramener un quelconque Ben Laden. Il s'agit de rétablir le pouvoir déchu, une situation différente de celle afghane. Hollande annule un déplacement pour les voeux. Un conseil militaire se réunit. Samedi, une attaque française en Somalie échoue à libérer un soldat otage. Mais les ravisseurs sont tués.
L'actualité devait être ailleurs.
Au secours, Cahuzac encore là !
Lundi soir, trop tard, le ministre du budget se défend et s'oppose à une forte personnalité, Jean-Luc Mélenchon. Ce dernier est ravi mais souffre un peu. On se disputera, le lendemain, de savoir lequel a gagné. Qu'importe !
Cahuzac confie qu'il ne croit pas à la lutte des classes, la belle affaire.... Et il défend, évidemment, l'énorme redressement fiscal qu'il fait subir au pays. Mélenchon refait le match le lendemain, sans contradicteur et sur son blog. Il a la tenue nécessaire d'expliquer qu'il ne s'attaque qu'aux idées, et non à l'homme désormais objet d'une enquête préliminaire ordonnée par le parquet pour blanchiment fiscal. L'affaire Mediapart trouve enfin le débouche que le site espérait. Mélenchon a aussi la rigueur de rester sur le fond, sans perdre de temps sur d'éventuel étiquetage en gauchitude. Il conteste la rigueur budgétaire, l'insuffisante taxation du capital, et récuse l'urgente nécessité à réduire l'endettement public pourtant faramineux.
Mardi, la faillite des Virgin Megastore relance un curieux débat sur le commerce de biens culturels. Certains ne supporte pas que la ministre Filippetti accuse la concurrence déloyale bien réelle des sites en ligne étrangers. Elle dit plus que cela, mais les donneurs de leçons et les caricaturistes ont besoin de joutes faciles.
Mercredi, Arnaud Montebourg surprend son monde en promettant un soutien à la relocalisation de nos industries nationales, via la création d'une agence-conseil pour nos entreprises (« l'Agence française des investissements internationaux (Afii) va offrir gratuitement aux entreprises qui le souhaitent un nouveau service en leur permettant de calculer les avantages de tous ordres à relocaliser des activités »). Manuel Valls surprend par sa fermeté contre quelques sans-papiers, mais aussi par sa compréhension à l'égard d'une réquisition de logements vides par DAL et Jeudi Noir.
Au secours, la flexibilité !
Quel
suspense ! Vendredi 11 janvier vers 23 heures, la CFDT et le MEDEF sont
parvenus à un accord sur la flexibilité et la sécurisation de l'emploi.
Des semaines que cela dure et il va falloir décortiquer la chose. La CGT et FO hurlent à la trahison. Le gouvernement avait menacé d'une loi. Quelques rares blogueurs politiques s'y sont penchés. On excusera les grincheux qui n'aiment tant que fustiger. Qu'il est curieux de louer les corps intermédiaires et de détester les voir négocier ! Hollande a laissé du temps à la négociation, et c'est tant mieux. Il s'en félicite d'ailleurs le soir même, par communiqué. L'accord sera transcrit dans une loi.
Sur le fond, il y a à dire et redire. Le MEDEF cherche la flexibilité pour tous, quelle surprise ! A lire le texte,
on comprend qu'il a partiellement gagné. Certes, il y a du bon pour les
salariés: relèvement des cotisations patronales sur les contrats
courts, création d'un compte personnel et transférable de formation pour
chacun(e), création d'une période de mobilité, meilleur encadrement du
temps partiel, etc.
Mais il contient aussi ce qui fâche: la cogestion
n'est pas renforcée au sein des instances de direction, et surtout,
voici la première porte entre-ouverte à cette flexibilité des contrats
de travail en fonction des conditions économiques: « Afin de
maintenir l’emploi, en cas de graves difficultés conjoncturelles
rencontrées par une entreprise, il convient de se doter, à côté de
dispositifs existants tels que le chômage partiel, de la possibilité de
conclure des accords d’entreprise permettant de trouver un nouvel
équilibre, pour une durée limitée dans le temps, dans l’arbitrage global
temps de travail / salaire / emploi, au bénéfice de l’emploi.
» En d'autres termes, cet accord ouvre la voie à la négociation d'accords.
Il ne les créé pas ni ne les impose. Le débat se poursuivra au Parlement.
Au secours, le mariage pour tous !
Jeudi, Nicolas Sarkozy dépose son recours devant le Conseil Constitutionnel qui conteste ses dépenses de campagne. L'UMP frôle la faillite, avec ce redressement de 11 millions d'euros. Hollande, dans ses voeux de la veille, demande à ce que ces anciens présidents ne soient plus Sages de droit. On apprend que Sarkozy et quelques anciens pontes de Sarkofrance font aussi l'objet d'une enquête pour violation du secret de l'instruction dans l'affaire du Karachigate.
La droite ne peut même pas se reconstruire sur le mariage gay. Elle s'y déchire. Le président provisoire de l'UMP, Jean-François
Copé a décidé d'emmener son parti à la bataille, entre les cohortes des
intégristes de Civitas et de curés en soutane entourés de scouts.
Finalement, ce défaut - total - de comportement laïc sur une question
d'union civile ne le dérangeait pas. A l'inverse, nombre de
responsables UMP, telles Valérie Pécresse ou Nathalie Kosciuko-Morizet, ont affiché leur résistance.
Le cortège part à 13 heures, ce dimanche 13 janvier 2013, à Paris. On nous promet une mobilisation monstre. Ce sont leurs arguments qui sont monstreux. Les
opposants au mariage gay se sont donc mobilisés, avec des soutiens souvent glauques, des arguments naturalistes abscons, et les relents homophobes qu'il fallait, contre cette
promesse présidentielle en passe de devenir loi. Ce n'est qu'un mariage civil, mais la Sainte Eglise catholique n'en peut plus de l'émancipation laïque.
Jeudi,
la gauche socialiste a décidé d'y retirer toute disposition sur la
Procréation Médicalement Assistée (PMA). Cette dernière fera l'objet d'une autre loi.
Lundi, l'Assemblée reprend ses travaux. Il y a la loi bancaire à examiner.
Amen.
A suivre.