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un accord sur l’emploi… du mot vaseline ?

Publié le 12 janvier 2013 par Mister Gdec

2177593337_1« Il faut un compromis historique qui permette de flexibiliser le droit du travail des entreprises tout en sécurisant davantage les parcours professionnels des salariés, selon le fameux modèle de la flexisécurité danoise. Tel était le souhait de François Hollande en lançant à l’automne dernier une grande négociation sociale entre patronat et syndicat censée aboutir avant fin 2012 ». (Alternatives économiques N°320)

Bien que l’angle en soit partiel, je n’ai pas attendu le gars d’Une Autre Vie pour parler de la négo emploi, comme ce billet le prouve. Aussi, parler des blogueurs indistinctement relève d’une approximation condamnable. Je comprends le dépit du collègue blogueur, mais de là à le laisser me mettre dans le même sac que les autres….

Il est trop vrai cependant que le sujet n’a guère été évoqué, mais peut être simplement parce que peu de blogueurs possèdent des compétences en ce domaine, voilà tout. Pas de quoi en faire un plat. Tout le monde n’a pas la chance (ou la malchance) d ‘être syndicaliste ou d’être versé en analyse économique et sociale…. Mais je comprends sincèrement l’amertume de Stef, tant l’accord conclu hier au dernier coup de gong, signé par des syndicats minoritaires, la CGT et Fo ne l’ayant pas signé, ne répond que bien piteusement aux attentes qu’il suscitait. Les tweets qui évoquent la trahison de la CFDT ont fait aujourd’hui fureur…

Plus de flexibilité ? Mais il y en a déjà trop ! Un emploi sur 6 est précaire, et les jeunes ne connaissent plus que très épisodiquement le CDI. La part des contrats courts de moins de trois mois est de 5,5 % en France alors qu’elle est de 4,4 % en moyenne dan la zone euro. De 2000 à 2010, les contrats d’un mois ont augmenté de 88 % ! Et l’on voudrait plus de flexibilité ? Quel cynisme.

Les politiques économiques menées en Europe, comme le Fmi l’a récemment confirmé, validant par là même le discours du front de Gauche, ont un caractère récessif tel qu’elles prolongent et aggravent les effets de la crise au lieu de les résoudre. Aussi, cet accord révèle une dimension régressive dans la mesure où il ne contient rien qui puisse juguler le chômage, ni aucune avancée sociale. Bien au contraire, il participe d’une forme de régression qui va dans la drotie lignée du détricotage des acquis sociaux opéré par le sarkozysme. La complémentaire santé aurait pu constituer une avancée si elle n’était pas financée selon les termes de cet accord en partie par les salariés. Que croient donc ces gens ? Que les salariés se privent de mutuelle par plaisir ? En outre, cette mesure est à la discrétion des entreprises, qui ont jusqu’au mois d’avril pour en définir le niveau de par et d’autres…

Sur le sujet des droits rechargeables à l’assurance-chômage, le dispositif existe déjà, et l’accord est particulièrement flou, comme vous pouvez en juger, grâce au lien que m’a transmis Politeeks :

Ce dispositif consiste pour les salariés, en cas de reprise d’emploi consécutive à une période

de chômage, à conserver le reliquat de tout ou partie de leurs droits aux allocations du régime

d’assurance chômage non utilisés, pour les ajouter, en cas de nouvelle perte d’emploi, aux

nouveaux droits acquis au titre de la période d’activité ouverte par cette reprise d’emploi.

Les partenaires sociaux veilleront à ne pas aggraver ainsi le déséquilibre financier du régime

d’assurance chômage.

La taxation des contrats courts n’est pas franchement dissuasive… La cotisation chômage dans ce cas est fixée par l’accord à :

- 7% pour les contrats d’une durée inférieure à un mois ;

- 5,5 % pour les contrats d’une durée comprise entre 1 et 3 mois ;

- 4,5 % pour les contrats d’une durée inférieure à 3 mois,

… et rien ne vient encourager l’effort de formation des entreprises. Rien non plus sur l’encadrement des licenciements boursiers, alors qu’en France le coût d’un licenciement n’est pas franchement prohibitif : 4 mois de salaire pour vingt ans de boulot, franchement, c’est pas cher payé ! Aussi, entendre aux informations nationales de prétendus journalistes bien paresseux prétendre que « les partenaires sociaux sont enfin parvenus à un accord » relève franchement de la supercherie. S’il y avait un délit d’escroquerie à l’information, nul doute que plus d’un pourrait être conduit devant les tribunaux.

Un projet de loi reprenant les termes de l’accord sera proposé en conseil des ministres en mars… D’ici là, il me semble important que nous soutenions l’action des syndicats qui n’ont pas signé cet accord bien peu ambitieux, et demandions au gouvernement d’aller au delà de cette niaiserie en insistant d’avantage sur les garanties offertes par les syndicats patronaux sur les mesures de sécurisation de l’emploi, conformément à la commande du Président de la République. Car le compte n’y est pas.


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