Tout le monde connait Michel-Ange, de son vrai nom Michelangelo Buonarotti, tout le monde connait aussi la voute de la chapelle Sixtine, du moins de nom ou en images, mais ce que beaucoup de personnes ignorent encore c’est la souffrance dans laquelle cette œuvre d’art a pu prendre forme.
En 1505 Michel-Ange fut chargé par le pape Jules II de sculpter son tombeau destiné à la basilique St Pierre de Rome. Michel-Ange commença les travaux en toute confiance avant le »déblocage des fonds’’, il n’hésita pas à s’endetter pour commander les plus beaux marbres de Carrare, mais les mois passants et malgré son insistance auprès de Jules II pour se faire rembourser, ce dernier fit la sourde oreille, aucun argent ne lui fut versé.
Furieux et humilié, Michel ange interrompit son travail et quitta la ville. C’était sans compter sur le caractère autoritaire et peu scrupuleux du pape qui le fit arrêter et le contraignit à revenir pour réaliser un nouveau projet, repeindre la voûte de la chapelle Sixtine.
En un premier temps Michel Ange refusa, prétextant qu’il était sculpteur et non peintre, mais pour Jules II il n’y avait que deux possibilités, peindre la voûte ou finir au cachot …
Les travaux durèrent de 1508 à 1512, durant ces quatre longues années la vie de l’artiste fut entièrement vouée à cette fresque magistrale composée de neuf scènes représentant la Genèse.
D’abord aidé par ses anciens compagnons, mais très vite déçu par leur travail, Michel-Ange préféra continuer seul. Il conçut l’échafaudage nécessaire à ce projet titanesque, broya lui-même les pigments de couleurs et malgré son manque de technique pour la peinture, le Génie s’exprima et s’épanouit d’une façon éblouissante.
L’élaboration de cette œuvre d’art, considérée encore aujourd’hui comme l’une des plus grandes œuvre de tous les temps, lui imposa une vie d’ascète, faite de souffrances intolérables. Que de jours et de nuits passés sur les échafaudages, une véritable torture journalière due à la position qu’il fut obligé de prendre pour peindre la voûte, en témoigne ce poème poignant qu’il écrivit à la même époque.
A faire ce travail, il m’est venu un goitre
comme l’eau fait aux chats en Lombardie
ou en tout autre pays qui soit et par force
mon ventre pointe vers mon menton
Ma barbe rebrousse vers le ciel, mon crâne s’appuie sur ma bosse
et ma poitrine est devenue semblable à celle d’une harpie,
cependant que mon pinceau s’égouttant sur ma figure
l’a couvert d’un somptueux carrelage.
Les lombes me sont rentrées dans la panse,
et par contrepoids mon cul est devenu l’échine
Mes pas vont au hasard, sans être guidés par mes yeux.
Par devant ma peau s’allonge, par derrière
à force d’être plissée elle se ratatine
et je me tends comme un arc de Sorie
C’est à cause de cela que mon jugement
fruit de mon intelligence faillit, fallacieux,
et erroné, car on tire mal avec une sarbacane tordue.
Désormais Giovanni, défend ma peinture
morte et mon honneur, car je me trouve
ici en un lieu qui ne me convient guère
et je ne suis pas peintre.
Tantôt peintre, sculpteur, architecte ou encore poète, Michel-Ange obnubilé par la perfection fut un être d’exception.
GAIA