Wrong // De Quentin Dupieux. Avec Jack Plotnick, Eric Judor et William Fichtner.
Après le très médiocre Steak mais le très dérangeant Rubber, Quentin Dupieux revenait avec Wrong, un film farfelu mais
terriblement bon. Le fait que Quentin Dupieux soit aussi tordu me plait car au fond très peu de gens au cinéma ont l'envie de faire des films originaux de cet acabit. Avec
Wrong il nous transporte dans une réflexion existentielle particulièrement jouissive du début à la fin. Critiquant la société de manière à la fois macabre et joviale,
Wrong est une invitation au dérangeant, à la folie et même au sinistre. Le film laisse rapidement le spectateur abasourdi, se demandant bien ce que Quentin
Dupieux veut nous dire. Car son film, au delà de ses diverses couches de lecture est tout de même assez spécial. Il ne nous plonge pas dans un film classique. Bourré de retournements de
situation, de changement de visions, … l'ensemble en vient finalement presque à nous rendre aussi cinglé que le héros. Wrong est à mettre dans la catégorie de Holy
Motors et ces films dérangés du ciboulot.
Dolph a perdu son chien, Paul.
Le mystérieux Master Chang pourrait en être la cause. Le détective Ronnie, la solution.
Emma, la vendeuse de pizzas, serait un remède, et son jardinier, une diversion?
Ou le contraire. Car Paul est parti, et Dolph a perdu la tête.
Incarné par Jack Plotnick (Rubber), le personnage principal est quelqu'un de normal qui se retrouve plongé dans une série d'événements tous plus bizarres les uns
que les autres. Entre la disparition de son chien, la mort de son jardinier (incarné par Eric Judor - La Tour Montparnasse Infernale -) sous ses yeux,
l'apparition du Master Chang - un homme bizarre incarné par le très bon William Fichtner (Prison Break) - ou encore Emma, la vendeuse de pizza qui, d'apparence
normale va finir elle aussi par devenir anormale. Plus le film avance plus l'on a l'impression de plonger dans un labyrinthe sans fin dont il est difficile de sortir tant l'univers de
Quentin Dupieux est captivant. Mais au fond, Wrong ne ressemble à rien de connu et c'est cela qui fait du bien. Au delà de son bordel comique assez jouissif,
c'est une vraie réflexion que le scénariste pose sous forme de plusieurs questions tout au long. L'absurde est finalement là pour mettre en scène la vie de notre personnage, chamboulée par la
disparition d'un chien (un évènement à l'apparence anodin - et pourtant -).
Quentin Dupieux est donc là pour critiquer le monde moderne, celui qui nous oppresse et crée alors des limites pour nous aussi bien du point de vue de la famille (l'histoire du
Master Chang sur le fait que l'on finit par se lasser de l'animal de compagnie - prouvé par le fait que Dolph a changé de place la corbeille du chien au fil des années -), du couple (les
différents stades jusqu'au moment où elle est enceinte et prête à accoucher) et du travail (la routine excessive, le fait que l'on n'arrive pas à se satisfaire de cette vie médiocre dans un
bureau accroché à des téléphones qui sonnent constamment). Cassant les codes du cinéma mais également de la narration, Dupieux délivre ce qui rester surement l'un des plus grands délires (réussi)
de ces dernières années - je vais dire depuis Rubber, son précédent film -. Même Michel Gondry, qui a un esprit rêveur et farfelu lui aussi n'a jamais atteint le
niveau de Dupieux c'est dire.
Note : 9/10. En bref, un film brillant et surprenant.