L’actualité Malienne souligne la nécessité pour la France, et au-delà pour l'Europe, de disposer d'un outil militaire moderne et performant susceptible de se projeter le cas échéant sur des théâtres lointains. Les différentes interventions françaises qui se sont multipliées ces dernières années sont trompeuses. La restriction permanente des budgets a fragilisé l’appareil militaire hexagonal. Il est désormais très difficile d'envisager des actions extérieures sans un appui logistique allié.
Défense de nos ressortissants, de notre sécurité, de nos intérêts stratégiques, nos forces armées sont de plus en plus sollicitées. Oui mais voilà, l'armée française du XXI éme siècle a beaucoup changé. Sa professionnalisation imposée par la fin de la conscription n'a pas été accompagnée des moyens financiers nécessaires pour lui maintenir sa capacité opérationnelle.
La France, comme l'ensemble du continent à l'exception de la Grande-Bretagne s'est engagée sur une pente dangereuse, celle de la démilitarisation silencieuse. L'effort de défense se trouve aujourd'hui à un point historiquement bas en Europe. Une évolution justifiée par le nécessaire redressement des comptes publics mais qui cache plus qu'un pacifisme, une insouciance grave, un déni de réalité face à l'évolution du monde.
Car ce n'est pas parce que les menaces ont changé qu'elles sont aujourd'hui moins présentes. La première d'entre elle, c'est l'émergence de zones non droit sur la planète, le développement de la piraterie, du brigandage et des atrocités. Ou encore du terrorisme international financé par des Etats. C'est également l'insécurité plus traditionnelle avec des puissances belliqueuses A cet égard, ceux qui plaident pour l'entrée de la Turquie dans l'UE omettent souvent volontairement qu'une telle admission reviendrait à adopter des frontières avec des voisins encombrants (Géorgie, Iran, Irak, Syrie).
Pour bien des observateurs le renoncement européen à disposer à un outil de défense performant est aussi le renoncement à avoir un avenir. Une mortelle torpeur qui ne peut que conduire qu’à sortir de l’Histoire avant d’en être effacé. L’éditorial du Monde du 5 janvier dernier, "Danger : l'Europe renonce à se défendre", démontre aujourd’hui toute son acuité. Depuis 2006, le niveau d'investissement annuel des Européens dans des projets de défense a diminué de 20 milliards d'euros. La fonte des budgets militaires européens, est aussi rapide et inquiétante que la fonte des glaces. Les Etats-Unis estiment qu’en deçà de 2 % du produit intérieur brut, les pays membres de l'OTAN risquent de compromettre un niveau de sécurité commune crédible. Pourtant l'Italie est tombée à 0,84 %, l'Espagne à 0,65 %. Si le Royaume-Uni sauve les meubles ce n'est pas le cas de la France, dont le budget de la défense a chuté à 10% du budget global soit 1,56% du PIB.
Au-delà de l’incapacité à défendre le territoire contre des agressions extérieures ou répondre à des événements naturels intérieurs, l’autre risque de la démilitarisation, c’est la disparition pure et simple de l’appareil industriel de défense. Un risque de désindustrialisation et de perte de souveraineté pointé dans un rapport remis par l'ancien ministre des affaires étrangères Hubert Védrine à François Hollande en novembre 2012. A l'inverse, les Etats-Unis désormais de plus en plus tournés vers l'Asie demandent à l'UE de prendre son autonomie en matière de défense.
Si tu veux la paix, prépare la guerre (si vis pacem, para bellum) enseignaient les Romains. L'Europe ne doit pas devenir une vieille dame tremblante. Si elle veut demeurer fidèle à ses valeurs elle doit se tenir debout face à l'Histoire et devant les hommes en n'excluant pas de payer, si nécessaire, le prix du sang et des larmes.