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La caravane passe

Publié le 14 janvier 2013 par Alteroueb

Ce dimanche fut étrange. Il a été à peu près impossible d’occulter de mon esprit la manifestation du jour contre le mariage pour tous, non pas par peur de la mobilisation, mais parce que le message qui s’en échappait était empreint d’une rare radicalité, et il m’a profondément bouleversé. J’étais atterré de constater avec quelle virulence l’homophobie et l’intolérance pouvait s’exprimer aussi librement dans notre pays.

Un slogan parmi d'autres, raccoleur et dégueulasse
Autant le dire tout de suite, je ne suis pas gay. Je suis ce qu’il y a de plus commun : j’ai 49 ans, marié depuis 23 ans à une femme que j’aime, 2 enfants aujourd’hui autonomes, ce qui me donne une vision éclairée et assez éprouvée de cette entité sociale qu’est la famille. Dans mon entourage, j’en côtoie d’autres, aux histoires semblables ou différentes, qui font leur chemin avec plus ou moins de chance et de bonheur. Mais je vois aussi des enfants ballottés par la vie, repoussés, battus, délaissés, livrés à eux-mêmes, avec ce qu’il reste de parents «classiques». Ces enfants sont là, bien vivants, souvent heureux que la recomposition de la cellule familiale se fasse avec un compagnon quelque soit son sexe, qui les aime et s’occupe d’eux.

Je n’ai aucune envie d’exposer des arguments et de chercher à convaincre qui que ce soit. C’est inutile, le débat est même impossible : bigots, fachos, réactionnaires et conservateurs de tous poils s’acharnent avec des motifs éculés. Elle est belle la famille de France, toujours magnifiée par les calotins qui savent de quoi ils parlent, habitués qu’ils sont au contact de la jeunesse. Un peu trop même. Jusque là un peu délaissé, l’enfant est soudain redevenu l’argument suprême, et placé au centre de toutes les préoccupations. Je ne doute pas que dans ce rassemblement grotesque devait se trouver nombre de conjoints ayant plaqué femme et enfants sans se soucier si ces derniers pouvaient un seul instant souffrir de l’absence d’un des parents «traditionnels». Et pourtant…

Cette journée est assez emblématique de l’état de la société. Elle a jeté dans la rue une population peu au fait des évolutions du monde, engoncée qu’elle est dans son confort de petit bourgeois, avec sa télé poubelle et ses dogmes religieux ancestraux et puritains. On y a entendu des amalgames douteux, des propos d’un autre temps, on a même comparé François Hollande à Hitler. Visiblement, pour une part de la société, les homosexuels sont toujours des «Untermensch», des sous-hommes… C’est particulièrement grave, mais surtout désolant..

Ce n’est pas parce que je soutiens la gauche que je suis favorable au mariage pour tous. Je ne suis pas homosexuel et pas vraiment concerné par la mesure, mais je me rends compte de la situation globale de ces couples qui seraient durement précarisés en cas de coup dur. C’est une simple mesure d’égalité, et ce seul point mérite qu’on y accorde une attention particulière. Et pour les enfants, il vaut mieux un environnement apaisé où les faisant fonction de père et mère, quels qu’ils soient, s’aiment et soient attentionnés les uns envers les autres. Inutile donc de vociférer : le mariage civil n’a pas une fin de procréation, et au final, chacun fait bien ce qu’il veut chez lui…Fermez le ban !

Quant à François Hollande, il a pu paraître hésitant dans ses prises de décisions, allant parfois même jusqu’à renoncer devant le bruit de la rue, sauf quand il est produit par le monde ouvrier. Il ne le sait que trop : en matière économique, il n’a aucune marge de manœuvre ou presque. Le patron, le juge de paix, c’est les marchés, les banques, les agences de notation. Pour le reste, et le mariage pour tous en particulier, François Hollande n’a aucune contrainte d’aucune sorte. La 31ème proposition du candidat n’a nul besoin de passer par un référendum puisqu’il a été élu pour appliquer ce programme. Il ne reste donc plus qu’à emballer et peser le paquet final pour entrer dans l’Histoire au même titre que l’abolition de la peine de mort et la légalisation de l’avortement.

A cette époque aussi, les chiens aboyaient leur haine…


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