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DEB | Je me souviens de Pierre Veilletet

Publié le 14 janvier 2013 par Dominique-Emmanuel Blanchard @DEBEMMANUEL

Pierre Veilletet vient de mourir. Je ne serai pas à ses funérailles aujourd'hui : trop malade. Et puis j'en ai marre de tous ces morts qui s'accumulent dans ma mémoire.

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Je me souviens de Pierre Veilletet dans les années 68, à Bordeaux, au journal « Sud Ouest ». Il occupait un minuscule bureau dans une sorte de soupente. Il tenait une chronique télé quotidienne (à cette époque il n'y avait que 2 chaînes, je crois). Pierre Veilletet avait aussi créé avec Jean-Claude Guillebaud au cœur du journal, tous les jeudis un supplément de 4 pages sur papier jaune qui s'appelait 17/24 ouvert à cette jeunesse (de 17 à 24 ans, d'où le nom) et dont je faisait partie. J'apportais mes papiers à Pierre Veilletet dans ce petit, si petit bureau dont la porte donnait directement dans une courbe d'escalier. Il lisait vite, s'emparait d'un feutre et barrait des phrases. Trop long. « L'ellipse, monsieur Blanchard, l'ellipse. » Je l'ai rencontré pour la dernière fois en 1995. Il m'avait invité dans un restaurant qui s'appelait « L'Éléphant », à Bordeaux, cours de la Martinique pas très loin du quai des Chartrons où il habitait. « La faculté m'interdit beaucoup de choses. » C'était sa manière, délicate, british comme il l'était dans sa mise vestimentaire : raffiné, de s'excuser d'une santé défaillante. Je venais de fonder une maison d'édition et c'est à lui, très vite que je voulais remettre le premier roman que je venais d'éditer. À lui qui avait été là au début et qui délicatement suggérait à France culture de m'inviter.

« L'Éléphant » n'existe plus. Curieux qu'un homme d'une telle grâce m'ait invité dans un restaurant qui portait un tel nom. Peut-être à cause de Vialatte.


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