Texte proposé à mon fiston car il avait pris du retard pour un dissertation à rendre. Un Chateauneuf du pape était à la clé que je bus à sa santé ....mais son prof ne fut pas dupe et l'exprima avec philosophie dans son commentaire de copie. En tout cas je fus un plaisir pour moi de composer, moi le nullard de philo à l'EMP d'Aix ! !
Comme quoi travail, volonté de progression ne sont vaines ambitions
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De toute temps, l’homme a cherché à être libre , à rompre ses chaînes . Il a clamé individuellement ou collectivement son besoin de liberté. A l’ esclavage social, politique ou religieux répondit en écho une volonté émancipatrice de même ordre .
Des personnalités scientifiques du XIX comme Freud ou Jung, entres autres, se sont penchées sur la psyché humaine et ont mis en lumière à travers des expériences comme l’hypnose, la part obscure des profondeurs de la personnalité humaine. Relevant ainsi par la même occasion, le rôle non négligeable de ce moteur qu’est l’inconscient dans l’accomplissement de nos actes que nous pensions jusqu’alors libres voire réfléchis
Nous nous affirmons libres de nos actions, de nos pensées mais le sommes-nous vraiment ? Ou alors, sommes-nous tout simplement déterminés par cette alchimie subtile que sont nos pulsions, nos refoulements, notre éducation, nos désirs accumulés au cours de notre vie et plus particulièrement durant notre jeune enfance. Aussi pouvons-nous nous poser cette interrogation : « L’idée d’inconscient exclut - elle l’idée de Liberté ? »
Tout serait déjà programmé à notre insu par le déterminisme de notre inconscient. Cependant la perception intellectuelle du concept d’ Inconscient comme celui de Liberté soulève le problème de la subjectivité même des termes énoncés, dans la mesure où ce ne sont pas deux concepts positifs ( au sens du positivisme ) mais une perception qu’en a l’esprit humain.
La Liberté qui se définit comme l’absence de contraintes ou plus précisément la possibilité de choisir par volonté évoque plus la possibilité d’agir que l’action en elle –même.
Cette thérapeutique met en évidence le caractère dépendant des actes humains. Ainsi l’on peut imaginer que tous nos actes même les plus réfléchis et non pas seulement les plus symptomatiques d’une névrose ou d’une pathologie ne seraient que le résultat de causes inconnues mais analysables, révélées à posteriori.
Tout acte prétendument libre ne serait que conséquence de notre inconscient , véritable chef d’orchestre de l’activité humaine individuelle ou collective. Je suis conscient de mes actes mais cette seule conscience , cette totale présence dans l’acte ne serait pas synonyme de choix rationnel, de liberté mais produit inéluctable d’une alchimie des profondeurs indépendant de notre volonté .
Ce constat vaudrait autant pour la sphère individuelle que collective . D’ailleurs ne parle –t -on pas d’inconscient collectif ? Ainsi à des situations collectivement identiques tant sociales que politiques correspondraient systématiquement des manifestations , des actes inéluctables (révolutions, mouvements de masse). Même si l’on dit communément que l’Histoire ne repasse pas les mêmes plats ! Comme si l’acte humain, la motivation humaine ne serait que le résultat d’une équation à maintes inconnues dont nous ne maîtriserions aucun élément ! A cette perception illusoire de la Liberté de l’homme peu rassurante et essentiellement déterministe , on peut lui opposer une vision plus positive, plus volontariste .
Cette vision purement déterministe de l’activité humaine repose trop sur une extrapolation trop réductrice de l’aspect thérapeutique de la psychanalyse.
Si expliquer et soigner des névroses, des angoisses par une analyse d’un inconscient émergeant répond à cette idée, rendre totalement cet inconscient seul responsable de tout acte paraît trop hâtif , peu rationnel pour ne pas dire réducteur.
Car n’oublions pas que la psychanalyse n’est que théorie . Et comme toute théorie à ses limites. Ce raccourci théorique et réducteur me semble avoir la même portée que la théorie du battement d’aile de papillon. La vision cosmologique du monde qui ferait qu’ un frêle frémissement d’air serait responsable par réactions en chaînes de la naissance d’un typhon à l’autre bout du monde est une vision simpliste , réductrice ! C’est sans doute faire peu grief de la psychologie humaine , de la volonté humaine comme moteur de la libre action, de cette capacité à se décider elle même.
Concrètement , si nous pouvons expliquer le comportement de certains criminels par un passé extra-ordinaire (enfance maltraitée etc…) pouvons- nous tout réduire à ce seul fait ? Que dire de la responsabilité individuelle
Nous constatons donc que la causalité inconsciente de nos actes est d’ordre hypothétique en ce qui concerne les phénomènes psychologiques .
Il n’en est pas de même , évidemment dans la science expérimentale (physique, biologie …etc) ou toute cause produit les mêmes effets et ceci de façon répétitive. C’est cette incertitude dans la causalité de notre inconscient qui laisse une marche de manœuvre à cette Liberté tant recherchée
Chercher à se libérer me semble plus approprier que de clamer sa Liberté . Se libérer signifie être en quête d’une plus grande liberté intérieure. Cette recherche individuelle n’est bien sûr, pas contraire avec une volonté de défendre ou d’acquérir de nouvelles Libertés ,de dimensions sociales ou politiques.
Mais quand nous parlons d’Inconscient, on pense bien évidemment à cette aspiration humaine à plus de liberté intérieure. Ces libertés ne peuvent guère intéresser des hommes qui vivent dans le dénuement ! La liberté est une chose ; les conditions de son exercice , une autre. Il ne faut pas oublier que, sans un minimum de sécurité intérieure, de bien être physique et d’instruction, dans une société, qui ne connaît ni l’égalité, ni la justice, ni la paix sociale, la liberté est pratiquement vide de sens.
Comment se libérer et comment le constater ? L’homme a des outils . Les textes philosophiques anciens, dépositaires d’une tradition ( au sens de mémoire et non de traditionalisme !) peuvent être porteurs de libération après réflexion. Un exemple : on constate que dans notre société occidentale beaucoup de gens se tournent vers le bouddhisme Zen. N’y a-t-il pas là un exemple de volonté de recherche à se libérer ? Cette philosophie donne des outils pour un travail de libération, d’une quête de plus grande liberté. « Détache toi du fruit de tes actes nous disent les Hindous. Fais ce que doit , advienne que pourra, dit la sagesse occidentale. » Voilà des pistes
L’étude , la réflexion, le silence introspectif sont des outils de libération intérieure, d’accès à une plus grande Liberté . Encore faut-il un moteur à ce souhait de travailler à cette recherche de liberté ? La volonté est ce moteur. L’impact de notre inconscient influe certes sur nos actes et notre devenir. Nous ne l’éliminons pas. Mais on ne peut le quantifier . Et c’est là, dans cette absence de quantification , d’incertitude pour ne pas dire de méconnaissance que réside sans doute notre possibilité de libération.
On ne peut non plus affirmer que tout est déterminé parce que telle ou telle chose s’est passée dans notre enfance.
Boris Cyrulnik neuropsychiatre , psychanalyste le démontre dans un de ses ouvrages dans ce qu’il appelle « la résilience » .
Ce concept de résilience est la capacité qu 'a toute personne de se développer et de réussir à reprendre confiance et image positive d’elle - même après un choc ou un énorme traumatisme d’ordre affectif ( Maltraitance, viol ou violence extrême comme les camps de la mort, deuil). C’est à dire de trouver ou retrouver une marge de Liberté face au rouage d’ un inconscient profondément meurtri.
Cette capacité qu’ont des individus en grande souffrance (lié à un traumatisme de la petite enfance ), à briser cette prison mentale pour se libérer alors que leur inconscient les prédestinait à rester de perpétuels enchaînés marque en fait cette dimension volontaire de l’individu. Et signifie d’un certaine manière que tout n’est pas orchestré une fois pour toute.
Vouloir être libre , c’est chercher à supprimer les obstacles qui m’empêchent de l’être. C’est faire sienne en un sens , la pensée de Rousseau :
« il vaut mieux connaître ses chaînes que de les couvrir de fleurs ! »
En prendre conscience pour mieux s’en défaire. Ceci est peut être illusoire , me rétorquera -ton. Mais qu’on me le prouve !
Se libérer, c’est aussi se construire avec ou contre son inconscient C’est chercher à mieux se maîtriser. Établir cette démarche, c’est mieux prendre conscience intuitivement d’une part de liberté personnelle par une meilleure connaissance de soi
Cette connaissance de soi nécessite un travail sans cesse renouvelé. Etre libre c’est se révéler , se surpasser , oser être ! L’homme par un travail sur lui même édifie peu à peu ce qu’il pense . Sa liberté est son œuvre aussi modeste soit -elle ! et comme le disait Goethe :
« L ’Homme ne peut se connaître , se libérer non pas par l’observation mais par l’action. Essaie de faire ton devoir et tu sauras ce qu’il en est de toi »
Là réside sans doute une part essentielle dans son aspiration volontaire à une plus grande Liberté.
Patrick SARTINI
Lecteur du Monde et citoyen de Pernes les fontaines
http://rhodesian84.blog.lemonde.fr/