La politique de l'Europe et les États-Unis est caractérisée par une incapacité à prendre les décisions qui s'imposent. Ailleurs dans le monde, des économies plus dynamiques prospèrent.
Par Jean-Jacques Netter.
Article publié en collaboration avec l'Institut des Libertés.

L’économie mondiale à la remorque de la Chine
En Chine, pendant ce temps, comme le montrent bien Stephen King et Madhur Jha de HSBC dans leur dernière publication « La grande rotation », l’économie mondiale est de plus en plus dépendante des performances économiques de l’Empire du Milieu. Sa contribution à la croissance mondiale est au plus haut. La grille de lecture devient donc assez simple : les pays qui auront de la croissance seront les voisins de la Chine en Asie et les pays producteurs de matières premières (Chili, Angola, Afrique du Sud, Kazakstan). Nous allons assister à une grande rotation dans les portefeuilles disent les deux stratégistes de HSBC. « En matière d’investissement oubliez les sociétés occidentales et concentrez vous sur la Chine » écrivent-ils.
Dans le vieux monde, l’Amérique aura encore un peu de croissance grâce à ses trois avantages structurels : 1/ la flexibilité des salaires 2/ les gaz de schistes 3/ la dévaluation quasi continue du dollar. L’Europe restera engluée dans ses problèmes et aura beaucoup de mal à éviter une récession.
C’est la raison pour laquelle les éditeurs de BCA, prévoient dans leur publication « Perspectives 2013 » un horizon boursier avec un peu moins d’orages et quelques éclaircies.
En Europe, selon Edward Rhea de Barclays les performances des actions européennes pourraient être paradoxalement bonnes (baisse des taux d’intérêt et de l’incertitude politique en 2013) surtout favorables aux actions italiennes et espagnoles. En effet, en ce moment, sur les 10 marchés les moins chers : huit sont des pays développés européens : Grèce, Irlande, Italie, Portugal, Espagne, Finlande, Pays-Bas et Autriche (P/E entre 4,8 et 11,7). Même si la croissance des résultats des sociétés européennes sera nulle en 2013 pour les entreprises du Stoxx 600, le manque d’actifs avec un rendement intéressant va pousser les investisseurs à s’intéresser aux actions européennes. La progression du cours des actions ne viendra donc pas de la croissance des résultats, mais d’une amélioration des multiples.
Goldman Sachs dans ses prévisions pour 2013 va même jusqu’à prévoir une progression de 20% des valeurs européennes.
Le symbole Florange coûte très cher à l’économie française

Il est temps que François Hollande assume ouvertement sa ligne sociale démocrate.
La taxation des plus hauts revenus à 75% est en train de devenir pour François Hollande ce qu’avait été le bouclier fiscal pour Nicolas Sarkozy. L’idée populaire de « faire payer les riches » a des effets désastreux, car elle braque les chefs d’entreprise, y compris ceux qui sont loin d’avoir des revenus aussi élevés que 1M d’euros.
Le dialogue social qui était censé aboutir à un compromis historique pour la fin de l’année se fait attendre. Cette étape a été présentée par le chef de l’État comme le second volet, après le rapport Gallois, de la reconquête de la compétitivité de la France. L’issue des négociations sociales en cours sera un marqueur très important de la détermination du gouvernement.
Pour cacher les difficultés économiques de la France, on ne peut en effet impunément créer un climat général de défiance à l’encontre des hauts revenus et des dirigeants d’entreprise et utiliser la jalousie à l’égard des « riches » pour la déguiser en morale. N’en déplaise à Arnaud Montebourg, il ne peut pas y avoir de redressement productif quand une fiscalité confiscatoire chasse les créateurs de richesse de France explique Xavier Fontanet, ancien Président d’Essilor. Ce n’est pas la Banque Publique d’Investissement qui aura des capitaux propres inférieurs à 50 Md€ qui pourra avoir un impact significatif sur les investissements des entreprises. L’État français avec une dette de 1800 Md€, soit près de deux fois le PIB ne pourra pas financer le capital nécessaire à une économie concurrentielle au niveau que requiert la compétition mondiale.
Le symbole Florange coûte donc très cher en investisseurs français découragés et en investisseurs étrangers horrifiés.
Pour ne prendre qu’un seul exemple de mesures idéologiques contre- productives, il suffit de regarder l’effet de la taxe sur les transactions financières en vigueur depuis le 1er août 2012. Elle a eu des effets très négatifs , -18%, sur le volume d’actions échangées à Paris. L’État ne percevra pas les 1,6 Md€ escomptés, car chaque fois qu’un gouvernement perçoit des taxes excessives, la masse imposable s’évade.
Tout cela pour aboutir au fait qu’Euronext, la société qui gère la bourse de Paris fasse l’objet d’un rachat par la société américaine ICE C’était probablement beaucoup plus important de se battre pour la place financière de Paris que pour le maintien de hauts fourneaux…. !
Pour Antoine Demongeot de Goldman Sachs, au terme d’une étude assez négative sur les fondamentaux de l’économie française, il conclut qu’elle devrait néanmoins s’en sortir en raison de la double pression des marchés et des autorités européennes.
La lecture de l’article de Jean Marc Ayrault, publié par Le Monde est un vrai tournant, car il admet que le « modèle français » n’est plus adapté à la mondialisation et que nous souffrons de nos propres faiblesses. Cependant, à aucun moment, le mot Europe n’est prononcé alors que selon François Hollande pendant sa campagne, la croissance devait revenir grâce à une coopération allemande rééquilibrée ! Tout le problème est maintenant que les statistiques de l’emploi vont enregistrer autour de 40 000 chômeurs de plus par mois, pendant encore de nombreux mois. Ce sera donc très difficile de maintenir le cap fixé avec une extrême gauche hostile, des écologistes peu solidaires et une partie du Parti socialiste qui ne va pas aimer du tout la politique menée par François Hollande et son gouvernement. Christian Saint-Etienne, professeur au Conservatoire National des Arts et Métiers est plus radical : il faut dit il, si l’on veut créer des emplois « désoviétiser la sphère politico-médiatico-éducative au sein de laquelle la fiscalité et la haine attisée contre les riches ont remplacé la politique comme instrument d’oppression ». Il faut faire des réformes courageuses qui ne porteront pas tout de suite leurs fruits.
La Grèce a vu sa note de crédit relevée par S&P ce qui a permis au 10 ans de se retrouver à 12,79% soit un plus bas depuis 21 mois. La perspective d’une sortie de la Grèce de l’Euro s’éloigne pour le moment.
L’économie américaine regagne de la compétitivité
Aux États-Unis, le compromis qui a été signé ne règle pas la question du déficit budgétaire et celle du relèvement du plafond de la dette.
L’accord budgétaire devrait avoir peu d’impact sur la croissance…
Trois crises financières, deux guerres, une récession ont fait plonger l’Amérique dans le rouge. Le problème du « Fiscal Cliff » (= mur de la dette) comme partout ne peut être traité que dans la durée. Les mesures provisoires prises fin 2012 vont laisser 3 à 6 mois de plus pour prendre les décisions définitives.
Si ces deux problèmes trouvent une solution politique convenable, les dépenses d’investissement, point faible de la croissance 2012, devraient reprendre vers juin 2013 et 2014, favorisées par la compétitivité énergétique et manufacturière retrouvée grâce au gaz et au pétrole de schiste.
En ce moment, l’indice de sentiment sur les perspectives de l’immobilier est au plus haut depuis 2006, les ventes de maisons existantes ont progressé de 5,9% en novembre, un plus haut depuis trois ans.
Cela permet à JPMorgan de projeter une croissance des résultats de 4% en 2013 pour les entreprises du S&P500, accompagnée d’une augmentation des multiples. D’où un indice S&P500 qui pourrait atteindre les 1525 fin 2013 soit une progression de +9%.
L’Asie du Sud-Est à l’heure du pragmatisme et l’Afrique à l’heure de la croissance
Au Japon, le déficit commercial s’est creusé en novembre. On a assisté à une cuisant défaite pour les démocrates de centre gauche et au retour en force des conservateurs. Le PLD a repris le pouvoir avec une majorité écrasante aux élections législatives. Les marchés misent sur le gouvernement de Shinzo Abe pour relancer l’économie japonaise.
Les taux bas depuis dix ans n’ont stimulé ni la consommation ni les investissements. En terme de valorisation, le marché japonais serait selon BCA le plus attractif devant l’Espagne et la Grande Bretagne.
En Corée du Sud, Park Geun-hye qui vient d’être élue à la tête de l’état est la première femme à occuper ce poste. La concurrence avec le Japon va rester sévère au point que parmi les « hypothèses improbables » de Saxo Banque pour 2013 elle imagine que les principales sociétés d’électronique japonaise devront être nationalisées en raison de la concurrence sud coréenne. L’arrivée simultanée de nouveaux dirigeants en Chine, au Japon et en Corée du Sud devrait cependant changer la donne en Asie du Sud Est en proie à une montée des tensions. Le réalisme économique devrait probablement peser en faveur d’un apaisement.
L’Afrique va doubler son PIB tous les dix ans estime Charles Robertson chef économiste de Renaissance Capital. C’est pourquoi on retrouve dans les portefeuilles de fonds spécialisés sur l’Afrique des valeurs comme Kernel (Réseau de silos et de terminaux exportateurs/ Ukraine), MHP (volailles/Ukraine), JBS (n°1 de la viande /Brésil), Juhayna (leader produits laitiers/Égypte).
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