Catastrophe : Le journal de Spirou est menacé de faillite suite à un procès retentissant ! Un fond d’investissement, la VIPER, se propose de renflouer le journal, mais à quel prix ?
Scénario de Vehlman, dessin de Yoann, Public conseillé : Tout public
Style : Aventure Paru chez Dupuis, le 11 janvier 2013 Share
L’histoire
Le vent tourne pour le Journal Spirou et ses héros. Un collectif de parents indignés attaquent le journal pour raisons morales. Malgré la bonne foi de Spirou, Le jugement est sans appel : condamnation à 1 million d’euros de dommages et intérêts. Ce qui sonne le glas du journal. Tandis que tout semble perdu, le vieux détective connu dans sa jeunesse sous le nom de « Gil Coeur-Vaillant » leur propose une solution. Il a trouvé un investisseur capable de racheter leur dette. Heureux de s’en sortir à si bon compte, Fantasio le rédac’chef, signe un contrat avec la « Viper Corporation ». Renfloués, et grassement payés, les jours nouveaux s’annoncent bien meilleurs, jusqu’au moment où la Viper ordonne à Spirou de se présenter devant son nouvel employeur…
Une aventure réaliste et moderne
Loin des trois albums précédents, Vehlmann nous propose une aventure très réaliste. Fini donc « Z », ses armées de robots décérébrés et sa base lunaire. « Dans les griffes de la vipère » rompt volontairement avec la veine fantastique et vous embarque dans une aventure très contemporaine. Ici, le « super méchant » est un homme d’affaires aux pouvoirs et à l’égo sur-dimensionnés. Il est secondé par une avocate fatale et sans scrupules et des vigiles à la gâchette facile. Le danger ne vient pas de l’espace ou d’une invention incontrôlable, mais de la folie humaine, démultipliée par le pouvoir de l’argent.
Pour Velhmann et Yoann, c’est un scénario carrément étonnant en rupture totale avec leurs précédents travaux, aussi récréatif que « réaliste ». Bien entendu, comme il s’agit d’un album tout public, n’attendez pas un brulot acerbe contre l’ultra-consumérisme, ni une explication détaillée sur la dérive de l’économie de marché. C’est une « gentille distraction » dans l’air du temps.
Les héros sont fatigués
Dans cet album, Vehlmann s’amuse avec l »image » des héros. Spirou est dépossédé de ses droits à l’image (vendus à la Viper), Gil Coeur-Vaillant n’est plus qu’un « ex-héros » devenu homme d’affaires (véreux), sans parler de Batman, vieillard résigné et déprimé. Le message est clair et gentiment moralisateur. Il dénonce l’utilisation de l’image des héros à des fins mercantiles. Heureusement, l’humour fait tout passer.
Un ton très « Djeun »
Là, c’est « Le sujet » sensible. Visiblement, pour la série « Spirou et Fantasio », le temps du renouvellement a sonné. Pour s’en convaincre, il suffit de lire SMS et autres langages typés « Djeun » qui fleurissent dans l’album. Si vous regrettez cette modernité, ce ton moins « politiquement correct », passez votre chemin. Vehlmann attaque le premier et dénonce dès l’introduction les « parents bons penseurs » et « ligues de moralisation » en tout genre. Il choisit d’écrire pour Son époque avec un ton de Son époque, ni plus, ni moins ! Le monde bouge, donc les histoires, la façon de raconter et la langue aussi. Si vous êtes nostalgique du Spirou & Fantasio « à la papa », laissez tomber.
Et le dessin ?
Je pourrais résumer avec un « comme d’habitude ! ». En « vieux routier » des « Spirou et Fantasio », Yoann compose un dessin dynamique, typé « ligne claire », dans le ton de la série. Cohérent avec le scénario de son compère, il fait attention à la lisibilité des planches. Simple, direct, Yoann nous sert un dessin moderne et efficace que j’apprécie.
Ce que j’en pense
Duo de choc et repreneurs de la série « Spirou et Fantasio », Yoann et Velhmann sont de retour. à fond les ballons, ils nous embarquent dans un bon divertissement tout public, où grands et petits trouveront assurément leur plaisir. Plus moderne et moins délirant que les précédents albums, « Dans les griffes de la Vipère » est le tome à s’offrir ou à se faire offrir pour partager un moment d’évasion en famille. Bourré d’humour, mais pas dénudé d’auto-dérision et de réflexion, cet album est à mon avis un des meilleurs de la série (excepté les hors-séries) de la dernière décennie.