Kentucky Route Zero (PC)

Kentucky Route Zero est un point n’click indépendant qui a beaucoup fait parler de lui lors de l’Indie Game Festival, ou les excellents Hotline Miami, Litlle inferno et FTL : Faster Than Light étaient nominés à ses côtés. Du lourd en somme.

Doté d’une forte identité visuelle et proposant un contenu épisodique (seulement le premier épisode est paru jusqu’à maintenant pour $5 mais on peut déjà pré-acheter les 5 chapitres pour $25), est-ce que la Route Zero vaut qu’on y vagabonde un temps ?

Tu pointes, tu cliques, tu choisis, tu continues

Kentucky Route Zero est un point n’ click relativement classique dans la forme. On fait avancer notre (ou nos) personnages sur des plans 2D, on discute, on observe, on écoute, on conduit, on progresse en cliquant sur un endroit de l’image, du «tableau» en toute simplicité.
KRZ nous met dans la peau de Conway , un homme (difficile de déterminer son âge) qui fait des livraisons pour une boutique d’antiquités et qui doit se rendre sur la Route Zero pour délivrer son prochain colis. Malheureusement, il n’a jamais entendu parlé de cette adresse, et il se met en tête de prospecter dans les environs pour trouver son chemin.
C’est ainsi que le jeu commence, nimbé de mystères, dans une station essence à première vue désaffectée ou Conway descend de son camion pour chercher de l’aide.
Les puzzles ne sont pas vraiment le sujet du jeu, ils sont faciles, peu nombreux et participent surtout à amener plus d’interrogations. Il y a aussi un certain aspect exploration lorsque qu’on conduit sur les routes du Kentucky, mais je n’en dis pas plus.

Si le jeu est dans l’approche assez simple , il se démarque par son ambiance, ses visuels et ses scènes (le jeu est divisé en Actes et Scènes) ou on ne sait jamais vraiment ce qui va arriver.

Claque visuelle, atmosphérique, énigmatique

Kentucky Route Zero est surtout, dans ce premier épisode, un jeu à ambiance. Parfois nostalgique, parfois angoissante, parfois poétique, avec un style épuré qui fait la part belle aux clairs obscurs, aux ombres, aux changements subtils de plan, aux contrastes et à la simplicité, les scènes que l’on joue sous nos yeux sont immersives, envoûtantes, sans artifices mais tout en maitrise.
Les visuels, mélange de pixel art et de formes évocatrices et simples, donnent des décors somptueux, éclairés avec talent, mais assez sombres, intrigants et au final très travaillés et plein de grâce. Comme les mouvements et le rythme qui prend son temps pour que tout nous imprègne.
Comme souvent dans ce genre de petite production, la musique est belle, discrète, enivrante, et les bruitages sont justes, peu nombreux, mais choisis avec soin.
Tout est sujet à la contemplation, tout est énigmatique, tout est onirique, la narration est partout, et on sent qu’on a des choses à nous dire.
Les personnages sont très mystérieux, ils s’expriment parfois de manière assez «abstraite» et chacun possède une vraie personnalité , définie mais qu’on sent étendue, comme s’ils avaient réellement un passé.
L’écriture est fine et agréable, parfois « surréaliste » mais abordable sans prétention et utile. D’ailleurs, tout ce que l’on sait de notre personnage, Conway, c’est ce qu’on dit nous même de lui à travers les choix de réponses qu’ils donnent aux personnages qu‘il rencontre. Un parti pris intéressant, qui apporte un vecteur de projection dans un homme qui a pourtant déjà un vécu, ce qui rend le voyage plus personnel vu certains choix qui peuvent clairement faire échos en nous.
On espère qu’on aura des réponses dans les prochains épisodes et que certains mystères seront résolus, le jeu est court mais très dense et chaque détails semblent revêtir de l‘importance.

Le tout donne un mélange surprenant, étrange, imprévisible, et c’est avec curiosité et admiration qu’on continue l’aventure jusqu’à la fin presque ésotérique de l’épisode.

Conclusion : 8,5/10

Difficile de ne pas trépigner d’impatience pour les prochains épisodes de ce Kentucky Route Zero. Bien écrit, sublime, étrange, surprenant et pourtant ancré dans une formule éprouvée, il nous happe immédiatement et pour de bon. L’expérience est courte, et peut-être est-il sage d’attendre que tous les épisodes soient sortis pour vivre cette histoire dans son entièreté ou bien savoir si la formule tient la longueur, que le côté imprévisible demeure et que les réponses apportées sont satisfaisantes.
KRZ reste impressionnant de maitrise et il a des qualités évidentes sur dans chaque aspects de son design, ce qui en fait un véritable exemple au sein du monde Indie (et à fortiori dans celui du jeu vidéo).
Une nouvelle preuve vibrante que les jeux indépendants sont les seuls éléments de surprise de cette industrie. Pour ce prix dérisoire et quelques heures de notre temps, on a un diamant sombre, polis et resplendissant du jeu vidéo.

Ps : Disponible uniquement en anglais.

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Kentucky Route Zero (PC), 7.5 out of 10 based on 2 ratings