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Mali: la guerre, c'est sale.

Publié le 17 janvier 2013 par Juan
Mali: la guerre, c'est sale. Les voeux du président Hollande ont été perturbés  par une gigantesque prise d'otage en Algérie par un commando qui se revendique islamiste. Mercredi 16 janvier, il s'adresse à la presse puis aux parlementaires.
Nulle bonne année en perspective.
La guerre, c'est sale. 
A Diabali, les combats se déroulent au corps à corps, dans les rues et les maison. Nous ne sommes plus en guerre propre. Ce n'est même pas le simple bombardement aérien, le tapis de bombe version guerre prétendument propre en Libye avec BHL en costard et Sarkozy. Cette fois-ci, au 6ème jour de guerre, les soldats sont dans les rues. Il y aura des morts.
1. Au Mali, nos alliés ne sont pas propres, loin de là. Ce n'est pas encore Inglorious Basterds, mais on s'en rapproche. Les exactions existent, à en croire des témoignages dignes de fois. Non, nos alliés ne sont pas propres de la culotte. La liste est longue. On s'interroge de savoir pourquoi la France ne devrait se bouger que pour des causes immaculées.
La guerre, c'est sale. 
2. A-t-on choisi entre la peste ou le choléra ? Le CPI a ouvert une enquête contre ceux qui contrôlent le Nord du pays. Les options étaient simples: ne rien faire faisait précipiter une zone plus grande encore vers une improbable charia et installait une large base de criminels délinquants à prétention islamiste. Pouvons-nous assumer d'être satisfait quand nous osons combattre ceux qui nous combattent ?
3.  Il y avait une demande internationale, la résolution 1185 des Nations Unies. Le Mali appelle à l'aide. Qu'est-ce que le Mali ? Le président Touré a été renversé par un coup d'Etat il y a un an. A l'époque, notre président n'a rien fait. Il s'appelait Nicolas Sarkozy. Un autre président, Traoré, est en poste depuis avril dernier. Qui préfère quoi ? Un président issu d'un coup d'Etat ou un régime islamiste ?
4. Cette guerre créé des risques. Raison de plus pour correctement qualifier l'ennemi, ce que la diplomatie hollandaise a imparfaitement fait au lancement des opérations. Mercredi vers 4 heures du matin, un site pétrolier dans l'Algérie voisine, mais à 1200 kilomètres du Nord du Mali, a été pris en otage. Plus de 150 personnes retenues en otages, une quarantaine d'Occidentaux. Le commando se dénomme les signataires par le sang, quelle promesse ! Ils sont dirigés par Mokhtar Bel-Mokhtar, alias Khaled Aboul Abbas. L'action serait concertée avec les autres troupes d'Aqmi engagées au Mali. En fait, à ce stade, on n'en sait rien et qu'importe.
5. Il aurait été excessivement confortable de ne rien faire. En France, les traditionnels opposants à la guerre... s'opposent. Comme pour la Libye, on retrouve les mêmes, moins quelques autres. En vrac, on accuse la démarche d'être impérialiste, ce serait une survivance de la Françafrique. Nous aurions besoin de sécuriser notre approvisionnement en uranium pour ces/ses sales centrales nucléaires. En soi, le Mali n'a aucun intérêt, trop riche en coton, trop pauvre en tout le reste.
6. S'opposer à cette guerre est une position largement respectable. Le véritable argument serait ailleurs: défendre le régime actuel, lui-même issu d'un coup d'Etat voici un an contre la menace islamiste serait la même mauvaise position que celle sarkozyste ou françafricaine qui défendait hier les Moubarak ou Ben Ali lors des printemps arabes. Curieuse argumentation: qui a vu un soulèvement potentiellement démocratique ou populaire contre une dictature séculaire ? Précisons que si les révolutionnaires du printemps arabe étaient aussi des kidnappeurs de citoyens français, l'enthousiasme en métropole eut été bien refroidi.
7. La critique contre ce conflit la plus indigne fut l'oeuvre de Jean-François Copé: le président provisoire de l'UMP soutient le principe de l'intervention mais fustige dès mercredi le prétendu isolement de la France. Quelle solidarité républicaine ! Quelle éthique épique ! On attend quelque 2.000 soldats africains d'ici 10 jours. Sans doute certains préféraient-ils que la France laisse ce joli monde se débrouiller seul.
8. C'est un choc en Hollandie.  « Il n'y a rien à cacher» , explique François Hollande ce mercredi. Cette guerre, paraît-il, l'a changé. Même le Figaro en est surpris: «  Il a endossé son rôle de chef des armées comme celui de président, sans crier gare. Sans qu'on s'en aperçoive, sans qu'on réalise, sans chercher à incarner quoi que ce soit. ». Que le Figaro ou la droite approuve d'un air gêné la détermination de l'actuel locataire de l'Elysée si décrié pour un procès en indécision depuis des lustres suffisait L'ancien monarque jouait au soldat depuis près d'une décennie déjà. Ministre de l'intérieur, la lutte contre les délinquants de France était son ADN politique. Devenu monarque en 2007, Sarkozy adorait la présence militaire. Belle arnarque de la part d'un ancien ministre coupable d'être allé personnellement vendre de l'équipement de surveillance au colonel Kadhafi, ou d'avoir personnellement scellé la réconciliation franco-syrienne avant que Bachar el-Assad ne rappelle combien il pouvait être boucher.
9. Hollande a respecté la Constitution, c'est la moindre des choses. Certains ont cru bon dénoncer l'absence de vote avant l'intervention militaire de vendredi. Le sujet, pourtant, n'avait cessé d'être abordé au Parlement depuis que la zone est en crise. Qui peut dire qu'il découvre le bordel local ? La France n'a pas vocation à rester au Mali, a prévenu Hollande. Cela rappelle un cadre, sans doute incertain. Il a aussi prévenu qu' « un vote du Parlement interviendra si l'opération devait durer plus de 4 mois. C'est la lettre de notre Constitution
La guerre, c'est sale.
A suivre.
Ou pas.

Mali : 10 mois d'instabilité qui ont mené au... par lemondefr


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