Magazine Politique

Le jour où l’UMP s’est donnée à l’Eglise catholique

Publié le 17 janvier 2013 par Rolandlabregere

Le mariage pour tous existe avant d’être voté au Parlement. Dimanche 13 janvier, des milliers de témoins se sont rassemblés dans la béatitude des simples pour célébrer les noces de l’UMP avec la Sainte-Eglise de France. Cette cérémonie, qu’on pensait haute en couleurs et qui ne fut que rose et bleue, régularise enfin la liaison semi-clandestine entretenue depuis des décennies entre le parti de l’ordre et l’Eglise catholique. Une jeune pousse du Front national était demoiselle d’honneur. Les tourtereaux avaient auparavant fait vœux de renoncement à la laïcité. Le mariage a été consommé en fin d’après-midi.

Mais pourquoi ont-ils décidé de consolider une liaison connue de tous ? Cela tient sans doute à la situation des prétendants.

Le parti de l’ordre a besoin de retrouver une belle image d’unité. Il faut dire que ces derniers mois, cette machine à présidentiables (on en compte une petite dizaine, toutes et tous emballés par un destin qu’ils imaginent élyséen) avait montré de signes de ratés. Déambuler bras de dessus-bras dessous avec les paroisses de France, c’est forcément se donner une image populaire. Ils l’ont tous juré et répété. D’abord, ils ont des amis homosexuels qu’ils adorent. Puis, ils l’ont redit avec des vibratos dans le pathos : « Non, ils ne sont pas homophobes ». Loin d'eux cette idée, qui n'est qu'une vilénie entretenue par les malheureux qui veulent détruire la famille. Ils veulent juste une hiérarchie. Dans la population, il y a les cathos qui ont des valeurs et les autres qui n’ont pas de valeur. Des sans valeur qu’on peut écraser du pied gauche comme aime le demander le tuteur de la jeune pousse.

L’Eglise catholique voit ses églises se vider, ses officiants déserter et se raréfier. La presse de province rapporte de temps à autres des affaires de curés qui se laissent aller à des gestes non sacrés. Vieille institution, elle jouit de droits importants qu’aucune autre religion ne peut lui disputer. Le Concordat de Moselle-Alsace voit ses dignitaires rémunérés par l’Etat à la hauteur de traitement de fonctionnaires de catégories A+. Pour se maintenir, il faut frapper fort et mobiliser ses réseaux somnolents de province. L'Eglise catholique n’aime rien tant que faire la morale au bon peuple et dire la norme qui conviendrait à sa domination sur les esprits et les corps. Pour cela, elle se verrait bien dans le rôle d'une police, justement pour tenir les deux conjointement. Se marier avec le parti de l'ordre, est la démarche ad hoc pour réussir le maintien de l'ordre. Ce qu’elle recherche, c’est la pureté et la simplification. Il faut donc un père et une mère. Elle dit avec de l'émotion dans  les battements de cils  "un papa, une maman". Comme elle a l’habitude de la mercatique depuis qu’elle a modernisé la collecte du denier du culte, elle a monté un événement pour dire sa puissance et exhiber ses biceps pour s’imposer comme police de l’amour et du bonheur. Auparavant, pour la police, c’était 22, maintenant, il faut faire le Vingt-Trois, et on a le cardinal.

Le dimanche 13 janvier, le pavé parisien a vu défiler le parti de la discrimination et de la normalité. Comme pour vanter le retour du refoulé, le couple canon s'est risqué à une tentative de reconstitution de Ligues dissoutes. Un air de déjà vu.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Rolandlabregere 12 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines