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Renaissance religieuse dans l’Empire du Milieu : la Chine entre Calvin et Confucius

Par Monarchomaque

Pendant que des Genevois sont emballés par Confucius et que la récupération politique du confucianisme par les autorités chinoises est telle que certains analystes avancent que le Parti communiste chinois pourrait changer de nom pour « Parti confucéen chinois » d’ici quelques décennies, le protestantisme est en train de conquérir l’Empire du Milieu…

Le protestantisme est le principal bénéficiaire de la renaissance religieuse en Chine. Loin de Confucius, les nouveaux croyants, plutôt jeunes, se laissent attirer par des doctrines indépendantes du pouvoir. Les mégapoles chinoises sont ainsi devenues des terres de mission chrétienne très prometteuses.

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Inquiètes de cette expansion inouïe, les autorités encouragent activement des rituels apparentés au confucianisme [...] La presse officielle aime se faire l’écho d’une vogue confucéenne, mais il s’agit d’un phénomène avant tout académique, suscité par de généreuses subventions gouvernementales.

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Les nouveaux croyants étant plutôt jeunes – 62 % ont moins de 39 ans – ils ne cherchent pas spontanément leurs nourritures célestes auprès de Confucius, perçu comme « antique ». Ils sont attirés par des doctrines plus en phase avec la modernité, plus chaleureuses et surtout plus indépendantes du pouvoir.

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En conquérant les villes, le protestantisme, longtemps considéré comme la cinquième colonne de l’impérialisme occidental, a fini par s’acclimater dans l’Empire céleste. Il y a dix ans seulement, les chrétiens étaient suspectés de « trahir » la nation. Aujourd’hui, la vague évangélique est telle que chacun peut nommer plusieurs convertis dans son entourage. Au point que l’expression « wo xin jiao », (« je suis croyant ») signifie pratiquement « je suis chrétien ».

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Pour Mme Yang, cela ne fait pas de doute, « la Chine sera majoritairement chrétienne dans vingt ans ». Un militant des droits civiques – converti lors d’un séjour en prison pour raison politique – n’y croit guère, sans pour autant perdre son optimisme. « Même si, comme je le pense, nous restons minoritaires, il suffit que nous atteignions une masse critique pour que tout bascule », explique-t-il.

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Le christianisme – et spécialement le protestantisme – est l’un des grands gagnants de cette renaissance. En 1949, lors de la prise du pouvoir par Mao, la Chine comptait quelque cinq millions de chrétiens. Ils seraient cent millions aujourd’hui, – voire cent-trente millions si l’on en croit un rapport interne qui a fuité dans la presse en 2006 – dont les quatre cinquièmes de protestants. Soit une multiplication par vingt ou vingt-cinq en l’espace de soixante ans ! Rapportées aux chiffres globaux de l’ensemble des croyants, ces estimations font du christianisme la deuxième religion chinoise, touchant 7 à 10 % de la population.

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Les groupes urbains, en revanche, pratiquent une dévotion plus retenue, inspirée de la rigueur calviniste. Le grand réformateur genevois est la figure tutélaire des intellectuels convertis. Pour Fan Yafeng, qui anime une église « plutôt rigoriste » d’intellectuels pékinois, le choix de la théologie réformée ne doit rien au hasard. « Nous avons attentivement lu ses écrits et nous sommes en train de tout traduire en chinois », révèle-t-il. Pour Yu Jie, autre célèbre penseur protestant, le calvinisme présente l’avantage d’avoir inspiré le système politique américain.

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Ce n’est pas un hasard si ces intellectuels chrétiens sont également engagés dans l’important mouvement de « défense des droits civiques », entre autres au profit de leurs coreligionnaires des campagnes, trop souvent en butte aux exactions de potentats abusifs. Plus riches et plus au fait du fonctionnement du système, les églises urbaines pleines d’avocats, d’écrivains et de journalistes, mènent des batailles juridiques souvent perdues d’avance, mais qui ont le mérite de propager un modèle de justice et de droit. Au-delà de la communauté des croyants, c’est l’avenir du pays qui est en jeu.

Pour lire l’article en entier : Chine : Confucius ? Non, Calvin ! [Magazine Clés]

In China, the place where Calvinism is spreading fastest is the elite universities, fuelled by prodigies of learning and translation. Wang Xiaochao, a philosopher at one of the Beijing universities, has translated the two major works of St Augustine, the Confessions and the City of God, into Chinese directly from Latin. Gradually all the major works of the first centuries of the Christian tradition are being translated directly from the original languages into Chinese.

All of this is happening outside the control of the official body which is supposed to monitor and supervise the churches in China. Instead, it is the philosophy departments at the universities, or the language departments and the departments of literature and western civilisation that are the channel.

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Calvinism should [is] the preferred theology of the house churches and the intellectuals now.

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When the Chinese house churches first emerged from the rubble of the Cultural Revolution in the 80s and 90s « They began to search what theology will support and inform [them]. They read Luther and said, ‘not him’. So they read Calvin, and they said ‘him, because he has a theology of resistance.’ Luther can’t teach them or inform them how to deal with a government that is opposition. »

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In China now, this kind of Christianity is seen as forward-looking, rational, intellectually serious, and favourable to making money.

« Very soon », said Dr Tan, « Christians will become the majority of university students. That could happen. »

It would be astonishing if China were to become a great power in the Christian world, as well as in the economic one. But things just as strange have happened in the past. Who could have foreseen, when Augustine was writing those huge books now translated into Chinese, that barbarous Europe would become the centre of Christian civilisation, and his homeland in North Africa would become entirely Muslim?

Pour lire l’article en entier : Chinese Calvinism Flourishes [The Guardian]

À propos du retour du confucianisme politique en Chine, ces ouvrages de Princeton University Press me paraissent intéressants…

Prochainement sur Le Monarchomaque, je publierai une étude comparative des théologies politiques du confucianisme et du calvinisme.


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