Education US VS française: à fond dans les clichés?

Publié le 18 janvier 2013 par Theworkingmum @theworkingmum1

Je suis tombée sur un article qui m’a hérissé les cheveux! Il s’agit d’une interview de Pamela Druckerman, journaliste américaine qui vit en France et y élève ses trois enfants. Elle a publié un livre Bébé made in France traduit seulement maintenant (je sens qu’on y a rien perdu à attendre!) qui met en lumière la perfection de l’éducation à la française versus l’éducation à l’américaine. Après tout c’est une question de point de vue, au départ, voici sa motivation:

Je voulais comprendre pourquoi les petits Français étaient si bien élevés par rapport à leurs cousins américains et pourquoi les mères françaises avaient l’air si bien dans leurs baskets, contrairement aux mères américaines si stressées…

C’est la première cause du hérissage de cheveux: pourquoi nous mettre tous dans le même panier? Bon, je râle alors que c’est nous les meilleures, hein! J’en connais des tas des mamans stressées. Et puis d’abord, ça veut dire quoi "bien éduqué"? Voilà la cause du second hérissage de cheveux (heureusement que son interview n’était pas trop longue!):

Je raconte au début de mon livre un épisode au restaurant, avec ma fille de 18 mois. Tout au long du dîner, ce fut un calvaire, elle ne tenait pas en place et jetait la nourriture partout. A côté de nous se tenait une famille française. Leurs enfants mangeaient de tout, étaient plutôt sages et les parents paraissaient très détendus.

C’est le propre d’un enfant de 18 mois de ne pas tenir en place, de vouloir découvrir le monde, de toucher aux choses, bref d’être curieux. Je serais bien triste si ma fille de 19 mois restait à mes côtés sans broncher! A nous de leur donner envie de s’éveiller et d’être curieux. Nous avons justement tenté un restaurant la semaine dernière et ce fut un calvaire aussi mais voilà, je n’ai blâmé personne, on a juste gobé notre plat principal et on filait à la maison avant d’être vraiment sur les nerfs (on retentera dans plusieurs années, on a saisi la leçon! Tous les jouets amenés n’ont servi à rien). Certes, cet enfant au restaurant tenait en place mais pourquoi d’un cas particulier en faire une généralité? Et si c’était aussi une question de caractère?

Pamela et ses 3 enfants

Les mères françaises ont l’air de se faire confiance. Elles ne lisent pas des tas de guides, n’écoutent aucune école de pensée et suivent leur instinct. Elles appliquent Jean-Jacques Rousseau – sur l’éveil de l’enfant – et Françoise Dolto – sur l’écoute – sans y penser. Finalement, elles s’accordent sur quelques grands principes éducatifs, par tradition, par habitude et par pragmatisme.

Mets toi à jour Pamela! Viens un peu sur le blog des vendredis intellos, on en a fait du chemin depuis Rousseau et Dolto! Dans mon entourage, je n’ai jamais vu une maman vouloir agir par tradition! « Ne le prends pas trop dans les bras, il va trop s’habituer », « laisse le pleurer, il apprend à s’endormir seul comme ça »… Et oui c’était plutôt comme cela avant, il me semble… Mais bon, je ne vais pas faire de généralités non plus…

Le petit Français fait l’apprentissage de la patience, de la politesse, des horaires et de l’importance des repas dès le plus jeune âge (là, elle a plusieurs chiffres sur l’obésité US vs française). Un bébé doit faire ses nuits très tôt. C’est l’idée que, dès tout petit, on apprend au bébé à s’endormir tout seul, à surmonter ses crises de larmes et à patienter entre deux tétées.

Décidément je vais avoir du mal à me recoiffer! « Patienter entre deux tétées »? Je n’ai jamais entendu cela, on m’a appris l’allaitement à la demande. Sur le reste, je suis plutôt d’accord mais non, franchement, je vais me rebeller pour le coup contre les médias aussi qui relayent ce genre de propos sans approfondir quoi que ce soit. Voilà pourquoi je préfère lire les blogs aux magazines: les propos sont construits, étayés, il y a de la réflexion, de l’importance donnée aux différents avis du lecteurs… Ici, on met en avant un livre qui selon moi n’est qu’un point de vue, et à ce titre il aurait pu être traité différemment: pas sous l’angle de anthropologie mais plutôt sur un ton humoristique et décalé.

J’adore les visages souriants à l’école, rare chez moi je crois!

Une Française laissera volontiers son enfant jouer seul dans sa chambre pendant des heures ou dans un parc, tout en papotant avec ses copines. Impensable pour une mère américaine qui se donne pour mission de stimuler son enfant en toute circonstance. Elle fait du toboggan avec lui, s’amuse dans le bac à sable, ne le laisse pratiquement jamais seul.

J’aime bien la non demi-mesure « pendant des heures »!! Chez nous et chez certaines de mes copines, l’enfant n’a pas su jouer seul jusqu’à 12 mois environ donc non, je papotais avec mes copines tout en jouant avec ma fille et en la stimulant. Aujourd’hui, à 19 mois, elle sait jouer seule mais sur peu de temps donc je n’ai toujours pas goûté aux longs papotages avec les copines tout en ayant bébé dans une autre pièce. Et d’ailleurs question sécurité, je ne suis pas encore à l’aise pour la laisser vaquer ailleurs sans l’entendre! Au parc, je suis moins excitée que bébé mais tout aussi active, il faut l’accompagner sans arrêt donc non, je ne me reconnais pas dans ses propos. Décidément, suis-je l’exception française? Je ne pense pas!

Les possibles vrais points de différence sérieux que j’ai noté pour ma part entre France et US se situeraient sur:

  • la notion d’enfant roi: en France, « l’enfant n’est pas seul au monde et qu’il faut s’habituer à l’existence de l’autre. C’est l’antithèse de l’enfant roi à l’américaine. » Elle énonce également qu’en conséquence, en France, on ne laisse pas l’enfant prendre toute la place: on peut partir en amoureux et laisser l’enfant à garder par la famille, impensable aux États-Unis. « Aux États-Unis, il n’est pas rare qu’un enfant de 6 ans ne soit encore jamais resté seul chez ses grands-parents. » C’est vrai qu’on parle beaucoup d’équilibre: rôle en tant que femme, conjointe, working mum, puis en couple et en famille… L’enfant roi entend rarement non aux US « on ne dit pas « non » ou trop peu parce qu’exposer un enfant à la frustration ne nous est vraiment pas naturel. » C’est le moment de rire jaune, c’est donc naturel chez les mamans françaises?
  • l’apprentissage: en France, ce sont plus les relations avec les autres qui priment versus les compétences cognitives pour les américains.  » En France, il y a un respect des étapes de développement de l’enfant. Personne, ici, n’aurait l’idée de pousser l’enfant à écrire, à nager plus vite ou plus tôt que les autres. Aux Etats-Unis, nous sommes bien plus dans le culte de la performance alors que les Français laissent davantage de place à l’éveil et à la découverte. » Le culte de la performance… Tout un sujet… Là encore je pense que cela dépend des parents, j’en connais qui notent déjà en quoi leur enfant fait mieux ou plus tôt que les autres le cri de la vache par exemple à 9 mois… Surdoué hein! Comme si c’était facile d’avoir un surdoué… Sans doute que l’apprentissage jusqu’à l’entrée au CP est basée sur le rythme de l’enfant mais après, avec l’école, on l’oublie très vite. C’est marche ou crève, tu rentres dans les cases ou non…
  • la notion de bonne mère: aux US, il faut être une mère stressée pour se dire bonne mère. Gloups! En France, notre leitmotiv serait « la mère parfaite n’existe pas ». « Une bonne mère est une mère zen, qui prend aussi du temps pour elle et qui reste une femme à part entière. » Là, je suis d’accord! Tout est question d’équilibre (cf plus haut sur la notion d’enfant roi). C’est d’ailleurs sa conclusion: les mères françaises sont plus équilibrées, concernées mais pas obsédées.

Les commentaires en bas de l’article sont assassins, je vous en cite 3 : « C’est clairement un ramassis de clichés d’une France idéale fantasmée par une américaine. », « Comme si l ‘éducation était homogène au sein d’un pays. Marre des généralisations a la con! », j’apprécie énormément celui-ci qui est valable pour tout sujet: « la caricature est la science des ignorants ».

Pour ne pas totalement casser, cela soulève la question suivante: l’interview est-elle maladroite ou le livre, que je n’ai pas lu, n’est-il réellement qu’une vision personnelle avec ses incohérences?

Couverture du livre de Pamela Druckerman

Envie de lire le livre? Je cherche pour trouver des réponses des témoignages de lectrices mais aussi des américaines qui pourraient donner leur point de vue. working-mum (at) live.fr, j’attends vos avis, en commentaire ou si vous êtes inspirée, par email, je publierais ensuite! A votre plume!