Après François Hollande qui annonce une augmentation du chômage, c'est au tour de Jean-Marc Ayrault de faire l'aveu de son impuissance. Les socialistes de gauche ont pourtant toute latitude pour mener les réformes qu'ils souhaitent ; les pouvoirs exécutif et législatif sont de leur côté et l’État finance et contrôle assez largement les médias pour disposer d'un regard systématiquement bienveillant à son égard. Si l’État est la solution à la crise, on voit mal ce qui empêche nos dirigeants d'en sortir le pays d'un coup de baguette magique.
Pourtant, s'il y a une chose dont ceux qui dirigent la France sont sûrs, c'est que l'année 2013 sera difficile. Malgré leurs moyens conséquents, la possibilité de continuer à s'endetter à l'envi et tout un arsenal de nouvelles mesures censées favoriser l'emploi et la compétitivité, ils annoncent d'avance leur échec à renverser la tendance.
Les Français ont donc l'occasion de constater que, même en ayant toute latitude pour agir comme il l'entend – sans même avoir à se soucier de principes ridiculement désuets comme la propriété privée – l’État ne parvient pas à résoudre les problèmes du pays. L’État ne pourra pas relancer l'économie, favoriser l'emploi et faire revenir la croissance, c'est en substance ce qu'annonce le Premier Ministre aux Français.
C'est ce que les économistes libéraux affirment depuis des décennies, tout au moins : l’État n'est pas l'économie, l’État ne fait pas l'économie. Ses interventions sont – en plus d'être illégitimes – inefficaces : les entreprises partent une fois les subventions taries, les emplois disparaissent une fois les allégements de charges et les mesures d'aide à l'emploi venus à leur terme, la consommation ralentit aussi vite que les incitations et les mesures de relance. L’État-providence n'améliore pas la situation des plus pauvres à long terme, la solidarité forcée ne résout rien, l'éducation gratuite pour tous ne rend pas l'économie plus compétitive ou les Français mieux formés. Et l'intervention de l’État a un coût.
L’État ne produit pas, il prélève et dépense. Il prélève une partie conséquente de la richesse créée par les Français pour la redistribuer aux Français inefficacement en conservant au passage une partie des sommes prélevées. Alors que l’État a progressivement grossi au point de prélever 56% de la richesse créée dans le pays, deux options quant à la place qu'il occupe existent : continuer à grossir ou réduire la voilure.
En considérant que l'intervention de l’État est nécessaire pour faire redémarrer l'économie, les politiques peuvent continuer à accroître la dépense et donc augmenter dans de plus plus grandes proportions le déficit public ou les prélèvements. Dans la mesure où des objectifs de réduction du déficit public sont affichés, la seule possibilité est d'accroître les prélèvements. Mécaniquement, la compétitivité du secteur privé – donc de l'économie – diminuera : le même salaire versé par l'entreprise lui reviendra plus cher, les investissements seront moins rentables car une part plus importante des éventuels bénéfices ira à l’État, les taxes sur la consommation plus élevées – déjà envisagées – réduiront le pouvoir d'achat. Cette option est une impasse et cette logique poussée à l'extrême reviendra à étendre le contrôle de l’État à l'ensemble de l'économie, voie déjà empruntée par d'autres pays avec à la clé des échecs retentissants et une lente agonie.
L'autre option, c'est réduire la voilure. Réduire le périmètre de l’État, rationaliser ses dépenses, et réduire ainsi plus que proportionnellement les ressources requises pour son fonctionnement – les prélèvements et l'emprunt. Mettre un terme aux interventions de l’État dans l'économie au bénéfice de quelques entreprises réduira le poids qui pèse sur chacune d'entre elles, les rendant plus compétitives et plus rentables. Laisser la place, partout où cela est possible, au secteur privé ; supprimer les monopoles trop longtemps protégés par l’État pour laisser la place à une concurrence qui favorisera l'efficacité, améliorant les prestations et réduisant le coût pour les consommateurs ; cesser de biaiser la concurrence et de créer des distorsions dans le marché ; laisser le processus de destruction créatrice remplacer les emplois plus rentables d'hier par des emplois plus rentables aujourd'hui et éviter que la France reste focalisée sur des secteurs et métiers amenés à disparaître ; laisser individus et entreprises libres de leurs décisions sans interférer et les rendre responsables des conséquences qu'elles auront, récompensant ainsi le succès sans faire peser sur les plus performants et méritants le poids de l'échec des autres.
Compte tenu des discours tenus par les hommes politiques, ils n'envisagent que la première option. Mais ce choix ne leur appartient pas.
[Jean-Marc Ayrault fait valoir] que François Hollande, tout comme les députés, avaient été élus «sur un programme qui est clair».
Leur programme est clair, mais il n'est pas bon. L'avenir des Français leur appartient. Certains d'entre eux croient dans l'action du gouvernement, même si ses membres affirment eux-mêmes ne plus y croire. On ne peut pas vraiment leur en vouloir ; l'économie est une discipline complexe. En revanche, on peut en vouloir à ceux qui nous dirigent et veulent contraindre les Français à emprunter une voie vouée à l'échec.
Ce n'est pas un crime d'être ignorant en économie, qui est, après tout, une discipline spécialisée et que la plupart des gens considèrent comme une "science lugubre". Mais il est totalement irresponsable d'avoir une opinion bruyante et vocifératrice sur les sujets économiques tout en restant dans cet état d'ignorance. (Murray Rothbard)
Nos dirigeants semblent n'avoir pas compris que l'économie n'est pas une émanation de l’État. L'économie, c'est chacun d'entre nous. Nous produisons, nous investissons, nous consommons ; l'économie est la somme de nos choix, la société est la somme de ce que nous sommes. À nous de décider si nous voulons faire ces choix librement ou si nous préférons laisser l’État les faire pour nous.
L’État a besoin des citoyens pour continuer à exister ; l'inverse est loin d'être évident, et s'ils en ont besoin, ils n'ont sans doute pas besoin d'un État tel que nous le connaissons. Le seul rôle légitime que peut tenir l’État, c'est de garantir le respect des droits imprescriptibles de l'homme. Garantir la propriété privée, c'est s'assurer que l'homme jouit des fruits de son travail, pas l'en priver. Garantir les libertés fondamentales, ce n'est pas les encadrer. Garantir la sûreté, ce n'est pas réduire les possibilités qu'ont les citoyens de faire valoir leurs droits.
Les Français peuvent faire entendre leur voix et doivent le faire. Pour faire évoluer la situation, il est primordial de reconquérir le champ des idées, de ne pas s'excuser lorsque nous réclamons une liberté qu'on nous demande d'abandonner pour servir des buts qui ne sont pas les nôtres, d'expliquer, de diffuser, de partager les idées libérales qu'on n'entend plus en France ou ne veut plus entendre. Si cela ne suffit pas – et c'est à craindre – les Français trouveront ailleurs la liberté qui aura disparu en France, et auront l'espoir de faire pencher la balance vers la liberté plutôt que vers le pouvoir lorsque ce choix sera à faire. Ce jour approche ; soyons prêts.