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Position de JL Bianco sur accord Patronat/syndicats

Publié le 19 janvier 2013 par Pslys

« J’aurais préféré un accord plus favorable aux travailleurs »

Fondation Jean-Jaures Jean-Louis Bianco, ancien secrétaire général de l’Elysée, ancien ministre, pour la Fondation Jean-Jaurès17.01.13 | 16:38

Après des semaines où les négociations semblaient enlisées, trois syndicats CFDT, CFTC, CGE-CGC sont parvenus à un accord avec les organisations patronales, accord auquel la CGT et FO ont refusé de s’associer. A chaque négociateur d’apprécier si le compromis obtenu est satisfaisant ou pas. Comme FO et la CGT, j’aurais préféré un accord plus favorable aux travailleurs. Devant un compromis imparfait, c’est le dilemme permanent pour les syndicats : signer ou pas ?

L’idée d’associer davantage de sécurité pour les salariés avec davantage de souplesse pour les entreprises me paraît en tout cas fondamentalement juste. Mais il faut dire que la flexibilité pour les entreprises, contrairement à ce qu’affirme l’idéologie dominante, est déjà élevée en France. C’est plutôt la complication et la lenteur des procédures, sans que cela apporte en général de solution satisfaisante pour les salariés, qu’il faut corriger. L’accord s’y emploie. Je suis convaincu que les syndicats non-signataires se serviront eux aussi des nouveaux outils, comme les accords d’entreprise, désormais encadrés.

Mais comme toujours, les vraies questions sont pour une part ailleurs.

Comment fabriquer au cas par cas des solutions équilibrées face à une compétition économique très dure (dont il faudrait certes modifier les règles mais ceci est une autre histoire) ?

Comment avoir un rapport de forces moins défavorable aux salariés ? Il y a deux réponses et deux seulement. D’abord des syndicats plus forts. Le faible nombre de syndiqués en France est une catastrophe. Ségolène Royal avait proposé de rendre l’adhésion à un syndicat obligatoire. Tout le monde, ou presque, avait hurlé. Mais était-ce si déraisonnable ?

La deuxième réponse, c’est la démocratie sociale, c’est-à-dire plus de pouvoirs aux salariés dans l’entreprise. Le fameux rapport Gallois l’avait recommandé dans un paragraphe passé presque inaperçu. Les syndicats ont obtenu, dans la dernière phase de la négociation, qu’il y ait des représentants des salariés avec voix délibérative dans les conseils d’administration. C’est insuffisant. Ce n’est qu’un (petit) premier pas. Il en faudra d’autres. Mais je suis convaincu que quelque chose d’important a bougé.

Alors accord historique ou pas ? Certainement pas historique aujourd’hui, dès lors que deux syndicats importants le refusent. Peut-être historique demain, s’il ouvre la porte à une ère nouvelle en France de compromis plutôt que d’affrontement, et surtout s’il consacre le début d’une longue marche vers la démocratie sociale.


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