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Résistance, obéïssance…maîtres mots de mon testament philosophique lors de mon entrée en franc maçonnerie.

Publié le 19 janvier 2013 par Patrick84

Voici une planche lue à mon atelier quelques années après mon initiation. La tradition veut que le profane , lors de son entrée exprime son testament dit philosophique qui sera lu aux Membres de l'atelier avant son entrée dans le temple pour la cérémonie dite d'initiation, en réponse à quelques questions. Pourquoi testament. Tout simplement car celui ci précède la mort du Viel homme.

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A la question : " Que doit l'homme à sa patrie ?" je me souviens avoir répondu , lors de mon initiation : Obéïssance et Résistance, reprenant ainsi à mon compte un mot du philosophe ALAIN qui précisait que l'obéïssance ne pouvait se concevoir qua dans une patrie respectueuse de la personne humaine, la résistance étant la seule attitude légitime face à une patrie qui niezrait la droit de l'homme au respect.

Cette réflexion, de la part d'un homme qui s'est fait mobilisé sur sa demande en 14-18 malgré sa réforme liée à son âge prendra toute saa vérité 20 ans plus tard.

Au delà de l'intérêt historique de cette période sse pose pour moiun question essentielle : celle de l'attitude de l'homme devant un choix où se mêlent la morale, la conviction, la peur, le risque de mort, la souffrance, l'éthique, l'honneur, la fidélité...

Résistance, obéïssance…maîtres mots de mon testament philosophique lors de mon entrée en franc maçonnerie.

Jean MOULIN

Sur ce lien condensé d'un travail pour l'école Jean Moulin de Saint Saturnin les Avignon (Musique de Gurdjieff)

Résistance, obéïssance…maîtres mots de mon testament philosophique lors de mon entrée en franc maçonnerie.

d'or et d'argent, digne des rois ?

Si nous oublions leur exemple

Ils mouront encore une fois !

Moi, toi mon F.°. qui n' aps connu cette période, serions nous dignes de ces hommes de l'ombre ?

Je ne sais quel degré ils avaient gravi dans l'ordre de la vie mais il me semble qu'ils en avaient atteint l'ultime.

" On ne peut répondre de son courage, quand on n'a jamais été danss la péril "

Je vous livre cette maxime de La Rochefoucault dont je fais mienne. C'est ma pudique et humble réponse à ceette interrogation qui parcourt cette planche.

La lecture du livre du Passé GM Jean Robert Ragache m' a momentanément plongé dans le paris artistique, littéraire, intellectuel de la France occupée, la France massivement pétainiste du début de l'occupation pour devenir collaborationniste dans sa frange la plus extrême.

Cependant un certain nombre d'individus avaient refusé cet état de fait Peu nombreux jusqu'en fin 42, début 43, les rangs de la résistance grossirent peu après la réunification de tous les courants d'opposition à l'état de Vichy grâce au travail fédérateur de jean Moulin qui a su réunir ce qui est épars et ce n'est pas peu dire quand on sait que les opposants couvraient un large spectre politique (de l'exrtême gauche à l'extrème droite germanophobe).

Les raisons de ce réveil sont nombreuses : on peut en citer quelques unes: le discrédit du régime vichyssois dans sa politique de collaboration de plus en plus active, la répression allemande, la crédibilité croisante du mouvement de la France Libre malgré l'opposition initiale anglo américaine, le refus de beaucoup de jeunes pour le STO, l'essouflement et les déboires de la machine de guerre nazie (Stalingrad), le débarquement américain en Afrique du Nord.

Mais dans les premières heures de l'occupation des hommes ont désobéï et sont entrés tacitement dans la Résistance face à ce nouvel ordre établi, pour participer ensuite à la résistance armée, organisée.

Comment un homme, une femme, pouvait-il solidairement résister déjà en esprit alors que la déception liée à la défaite , la propagante des revanchards de 36 battaient son plein ?

Brisant le conformisme ambiant, refusant l'illusoire sécurité , incarnée dans celui qui avait fait don de sa personne à la France, ils se sont évoltés en silence, prenant le parti de leur cosncience. comme le disait Vercors :

Résistance, obéïssance…maîtres mots de mon testament philosophique lors de mon entrée en franc maçonnerie.

"A chaque acte,ils n'ont cessé de fonder leur identité"

Certains n'avaient pas le choix (juifs). Des hommes forts de leur conviction ont su concevoir d'autres règles d'action que celles qu'ils pratiquaient quotidiennment. dans un acte de solitude, ils ont su créer la rupture, construire ainsi leur liberté individuelle; en quelquesorte préserver leur temple intérieur.

J'ai lu et relu le discours de Malraux prononcé lors de la cérémonie de transfert des cendres de Jean Moulin, au Panthéon en 1964. Jean Moulin, quel courage en cet homme de l'ombre !

Laure Moulin, dira après l'arrestation de son frère :

" Son rôle est joué et son calvaire commence. Bafoué, sauvagement frappé, la tête en sang, les organes éclatés, il atteint les limites de la souffrance humaine sans jais trahir un seul secret lui qui les savait tous ".

Le de la résistance celui de milliers d'hommes fut suspendu au courage de Jean moulin.

Ces hommes ont fait leur devoir, dans le silence de leur conscience, qu'ils oient gens simples du peuple, grands bourgeois. leurs actes de courage sont rarement commémorés par des monuments de pierre.

Pendant que certains croupissaient dans des caves hideuses, d'autres jouissaient de la vie, en pleine lumière, courtisés et courtisans, vrais acteurs de la collaboration.

La timidité, voire l'absence d'engagement n'a pas gêné au déroulemeent de leur carrière au delà de lla guerre.

Encore de nos jours arrivent à nos oreilles, le chant de ces fausses sirènes dont les QG de l'époque portaient le nom de Flore, La brasserie Lipp.

Portés aux nues, ils font de l'ombre aux vrais héros qui avaient fait preuve de courage. commencer de lutter, de résister, cela ne va pas de soi; mais peut aller contre soi même, Malgré soit !Malgré la peur , l'inertie.

Commencer malgré : voilà une double et indossiable détermination du courage.

"Le courage est la vertu du commencement " nous dit V. Jankélévitch.

Résistance, obéïssance…maîtres mots de mon testament philosophique lors de mon entrée en franc maçonnerie.

"Il ne faut pas de courage pour naître, ni pour être... Il enfaut parfois, pourtant pour continuer d'être ou pour cesser d'être."

Le courage intervient donc et s'oppose à un problème, un danger, un péril.Mais se réduit-il à une lutte contre un contraire ? La lutte est une chose, son sens en est une autre.Le fanatique, la brute font-ils preuve de courage ?

Quelle est la juste part de la conscience et de l'inconscience dans le courage  ? Ne faut-il pas un peu d'une certaine illusion pour mobiliser un effort ?

Le courage est lié à l'idéal mais quel peut être au juste la teneur de ce lien ? Y'a t-il différents degrés dans le courage ? Est-il le même devant le danger, la guerre, la maladie , la mort ?

Si le courage ne s'accomplit pas eulment dans le face à face avec soi -même, il lui faut aussi compter avec le temps, car il y a le courage de l'éclat et celui de la persévérance.

Beaucoup de questions n'est ce pas ? J'ai souhaité puisé dans le message du passé et du présent un début de réponse. Illusoire tentatvive sans doute, car quelle est l'essence du courage ?Est-elle unique, multiple. Ou puise-t-il véritablement sa source ?

Dans la Grèce antique, le courage est une vertu politique? Ne mérite le titre  de citoyen que celui qui est capable de courage . vertu martiale comme en font preuve Achille et Hector dans l'Illiade mais aussi vertu du combat intérieur face à la passion, la séduction, la souffrance. Ulysse dans l'Odyssée en est un exemple.

Pour Socrate ou Platon, le courage est une force de l'âme car soumise aux préceptes de la raison :

" Tous les courageux sont audacieux, tous les audacieux ne sont pas courageux !"

Aristode est à l'unisson , ajoutant seulement que le courage s'accompagne aussi de lucidité et qu'il ne mérite véritablement ce nom que s'il est entièrement tendu vers le bien.Le stoïcisme verra dans le courageux un sage (ataraxie, quiétude de l'âme) s'accomodant du réel.

Cette philosophie grecque enrichie par le mysticisme juif produira la doctrine chrétienne dont les néoplatonoiciens (Scot Erigène, Plotin....) concevront le courage dans une perspective, une éthique de libération individuelle toute tournée vers le bien.(idée aristotélicienne ) c'est à dire à la recherche de Dieu.

La pensée de St Thomas d'Aquin , au Moyen âge reprendra cette idée forte du courage: élément nécessaire à toute recherche spirituelle. cet appétit de l'âame obéïssant à la raison dont la finalité est le bien pour trouver Dieu.

Cette doctrine va dominer toute la littérature  religieuse jusqu'à l'époque moderne comme par exemple avec Kierkegaard pour qui le courage est une forme de résignation dans la solitude la foi.

Le mystique a besoin de courage dans sa contemplation. ste Thérèse d'Avilla (1500) décrit le courage comme une force nécessaire pour supporter les évasions de l'esprit , les extases, les ravissements où l'âme s'épouvante de la puissance de Dieu.

La Renaissance semble poser un bémol à ceette référence religieusqe du courage, annonçant anisi la philosophie cartésienne qui inaugure la pratique de la médiation personnelle.Descartes (1596-1650) donne au courage une dimension LAÏQUE si je puis dire

:-)
. Pour lui, il se fonde sur notre libre arbitre, notre volonté, notre générosité à l'égard d'autrui.

Le libre arbitre n'est qu'illusion pour Spinoza (1632-1677). la motivation essentielle du courage réside dans l'instinct de conservation guidé par mla raison et la générosité.

Le XVIIIème siècle sera ainsi marqué par l'effort principal de fonder une morale naturelle indépendante de toute croyance religieuse.On associe alors le courage d'esprit c'est à dire les périls au courage de coeur à savoir la générosité.

Kant remet à l'honneur Aristode en énonçant "que le courage n'a de sens que s'il est tourné vers le bien"

Résistance, obéïssance…maîtres mots de mon testament philosophique lors de mon entrée en franc maçonnerie.
Au XIX ème siècle, Hegel ( 1770-1831) voit dans la dialectique de la lutte du maître contre l'esclave l'expression du courage. Le maître choisit la mort et n'en point peur; l'esclave en éprouvant de la terreur a conscience de son enchaînement.

Résistance, obéïssance…maîtres mots de mon testament philosophique lors de mon entrée en franc maçonnerie.
"Cest seulement par le risque de sa vie par son courage que le maître conserve saa liberté, qu'il prouve ! que l'essence de la conscience n'est pas l'être."

Nietsche a une autre vision du courage. Pour lui cette vertu socratique comme  les autres sont uniquement animales car la conséquence de nos instincts dégagés de toute connotation morale.

A ce propos pourrait s'adjoindre le pessimisme de Cioran qui ne voit dans le courage que l'extrémité d'une conscience infatuée d'elle même !!! Une ultime et ridicule prétention en quelque sorte :- ) .

J'en arrive à la fin de ma planche

:-)
M.°. des banquets 
:-)
et il me semble que cette frise historico philosophique ne serait pas satisfaisante si je ne donnais pas la parole à quelques uns de mes contemporains  qui me parlent mieiux ! :

La dite philosophie ne retiendra pas leurs noms leurs propos sont riches d'humanité , de lumière de vérité.

Résistance, obéïssance…maîtres mots de mon testament philosophique lors de mon entrée en franc maçonnerie.

 Giovanni Falcone  " Le lâche meurt plusieurs fois par jour, l'homme de courage ne meurt qu'une fois".

Résistance, obéïssance…maîtres mots de mon testament philosophique lors de mon entrée en franc maçonnerie.

Roland Topor : "Le courage n'est pas un but ensoi; c'est l'énergie que l'on met à être soi même !

Résistance, obéïssance…maîtres mots de mon testament philosophique lors de mon entrée en franc maçonnerie.
Lucie Aubrac " Héroïsme et courage ne sont pas les mots de notre vocabulaire mais nous affirmions que la volonté de garder ou de reconquérir notre bien le plus précieux, la dignité de l'Homme, ce fut dans la résistance et cela rete dans notre commune pudeur"

Marc Fréchet

Résistance, obéïssance…maîtres mots de mon testament philosophique lors de mon entrée en franc maçonnerie.

Cancérologue : La maladie que je côtoie n'est pas une affaire de courage ! Elle semble restaurer un contrat à soi même.

Lucette Savier

Résistance, obéïssance…maîtres mots de mon testament philosophique lors de mon entrée en franc maçonnerie.
A fournir avec pléthores deshéros seulement télévisées, ne risquons -nous pas de caricaturer le courage et de confondre avec le spectaculaire, l'action l'exploit physique. de quels leurres, nourrissons nous alors nos enfants ?

Henry Bulawko

Résistance, obéïssance…maîtres mots de mon testament philosophique lors de mon entrée en franc maçonnerie.

"Le courage fut souvent discret et anonyme."

En concluison je vous raconterai une histoire racontée par Roland Topor :

2 juifs, dans une rue de New York la nuit voient arriver face à eux 2 hommes . L'un des 2 juifs lui dit "de quoi as -t-u peur ?. Il sont deux et nous sommes deux ! Non lui répond son copain, détrompe-toi ! ils sont deux et nous sommes seuls !

J'ai dit

On dit que dans sa cellule
Deux hommes cette nuit-là
Lui murmuraient "Capitule
De cette vie es-tu las

Tu peux vivre tu peux vivre
Tu peux vivre comme nous
Dis le mot qui te délivre
Et tu peux vivre à genoux"

Et s'il était à refaire
Je referais ce chemin
La voix qui monte des fers
Parle pour les lendemains

Rien qu'un mot la porte cède
S'ouvre et tu sors Rien qu'un mot
Le bourreau se dépossède
Sésame Finis tes maux

Rien qu'un mot rien qu'un mensonge
Pour transformer ton destin
Songe songe songe songe
A la douceur des matins

Et si c'était à refaire
Je referais ce chemin
La voix qui monte des fers
Parle aux hommes de demain

J'ai tout dit ce qu'on peut dire
L'exemple du Roi Henri
Un cheval pour mon empire
Une messe pour Paris

Rien à faire Alors qu'ils partent
Sur lui retombe son sang
C'était son unique carte
Périsse cet innocent

Et si c'était à refaire
Referait-il ce chemin
La voix qui monte des fers
Dit je le ferai demain

Je meurs et France demeure
Mon amour et mon refus
O mes amis si je meurs
Vous saurez pour quoi ce fut

Ils sont venus pour le prendre
Ils parlent en allemand
L'un traduit Veux-tu te rendre
Il répète calmement

Et si c'était à refaire
Je referais ce chemin
Sous vos coups chargés de fers
Que chantent les lendemains

Louis Aragon

Patrick SARTINI
Résistance, obéïssance…maîtres mots de mon testament philosophique lors de mon entrée en franc maçonnerie.

Lecteur du Monde et citoyen de Pernes les fontaines
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