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Paso Doble n°303 : Mariage pour tous, référendum pour rien ?

Publié le 20 janvier 2013 par Toreador

A las cinco de la tarde…

Psychothérapie présidentielle : tu consultes ?

On le sait, c’est par la grâce du référendum que les Président de la Vème République ont acquis une réelle prééminence institutionnelle. En effet, de Gaulle en 1962 prit sur lui de violer (légèrement) le texte de la constitution en  ayant recours à l’article 11 de ladite constitution pour consulter le peuple et imposer aux politiciens de la IVème République une élection présidentielle au suffrage universel.

 Curieusement, le référendum, arme constitutionnelle très puissante de l’arsenal présidentiel, est cependant depuis tombé en désuétude, au point désormais d’être théorisé comme inutile face à la légitimité populaire acquise lors d’un scrutin présidentiel.C’est un peu notre bombe H : elle devient presque une arme de dissuasion.

Je m’explique : Sarkozy, en 2007, avait affirmé qu’il n’y avait pas besoin de recourir à un référendum sur le mini-traité européen, au motif que ce point figurait à son programme. Pour moi, cette analyse était viciée : le traité Européen ayant été repoussé par référendum, il me semblait que seul un autre référendum portant sur ce point précis du programme de Sarkozy pouvait être acceptable. L’argument « juridique » de l’Elysée ne m’a jamais convaincu, et je reste d’avis que c’était un tour de passe-passe.

 En 2012, l’anti-sarkozy, François Hollande a recours au même argument pour faire passer son mariage pour tous. Tant pis si sa majorité de mai 2012 avait peut-être des nuances à apporter suivant les propositions formulées en un seul bloc.

Sarkozy, Hollande, même juristes. Pourtant, dans l’un et l’autre cas, ce sont des sujets non-consensuels qui auraient mérité un débat national.

Mandat : donner, c’est donner. Reprendre, c’est voler !

Par un retournement curieux de situation, les pharaons républicains se méfient donc du référendum à qui ils doivent indirectement la base juridique de nature divine (je parle par métaphore, évidemment). C’est un peu comme si les papes évitaient de trop citer Jésus Christ par peur de perdre leur charge.

Comment en effet expliquer cette frilosité ? Plusieurs éléments peuvent être avancés. Le plus évident serait que les présidents se méfient de cette épée à deux lames que constitue le référendum. Trop de présidents se sont coupés un doigt, ou même un bras en la manipulant sans précaution. Jacques le Manchot.

Une, moins courue, pourrait être de reconsidérer sur le temps long la place du scrutin universel dans le régime actuel : lorsque de Gaulle a instauré le référendum, son idée était de ressourcer sa légitimité populaire, lui qui avait été élu en 1958 par un collège de notables. Un François Hollande ou un Nicolas Sarkozy, élus pour 5 ans au suffrage universel, ont peut être moins besoin de cet outil, d’autant que leur mandat est plus court. J’en veux pour preuve qu’en fin de mandat, Sarkozy affaibli avait semblé redécouvert quels étaient les charmes de la consultation populaire.

Une dernière serait de penser qu’il y a eu un âge des conquérants, avec des présidents capables d’assumer un référendum et de démissionner, et un âge des comptables, où les présidents préfèrent aller au bout de leur mandat. Mourir pour leurs idées, c’est trop bête.

Reste que, sur l’affaire du mariage pour tous, à mon sens un référendum serait plus sage, d’autant que son issue serait incertaine.  Si le référendum est une folie, la démocratie est son symptôme !

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