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Sur la déforestation

Par Richard Gonzalez

Deforestation

Paysage des Asherton Tablelands après la déforestation coloniale du 19e siècle, Queensland, Australie, août 2007


Pour l'avoir régulièrement côtoyé au cours de mes voyages, c'est sans doute le drame de la déforestation qui me hante le plus aujourd'hui. Combien de fois ai-je rêvé ces images, où je tente d'accoster les rivages de Bornéo sous des nuages de cendre? J'ai beau remuer dans tous les sens des frondaisons de questions, m'informant régulièrement des évolutions législatives en Indonésie ou au Brésil, je ne vois pas d'issue heureuse. Le Rhinocéros de Java, dont la population est aujourd'hui estimée à... 50 individus, ne pèse pas lourd face aux promesses de profit des multinationales de l'énergie et de l'agroalimentaire. Les marchés mondiaux jouent tous contre la forêt : les usines papetières en Tasmanie, l'huile de palme à Sumatra, l'hévéa en Malaisie et aux Philippines, le soja transgénique en Amérique du Sud... Et pas besoin de brûler du kérosène pour s'en rendre compte : voyagez dans ces contrées via Google Earth, et pointez sur les zones équatoriales du globe. Vous verrez ici d'immenses étendues redessinées à l'équerre, là des tranchées ou des damiers rouges contrastant cruellement avec le vert émeraude.

En plongeant dans les archives de l'Humanité, on s'aperçoit pourtant que la déforestation est un problème ancien. Et pas forcément lié au libéralisme - que certains se hâtent de diaboliser avec tellement d'outrance que cela en devient grotesque et inefficace. La Chine et l'Inde ont arraché 85 à 90% de leurs forêts au plus fort de leur ère socialiste. A la fin du Moyen-Age, la forêt française était bien moins fournie qu'elle ne l'est aujourd'hui. Ce qui change, c'est la vitesse à laquelle on déboise, privant la Nature du temps de s'adapter un tant soit peu. Ce tragique empressement souligne aussi la hâte de ces contrées d'en finir avec leur sort d'éternels "pays émergents", quitte à sacrifier leur culture et à saboter leurs paysages. Le pillage des derniers rêves en vert est certainement une conséquence tardive de la négligence séculaire des Occidentaux vis-à-vis de ces pays. N'a-t-on jamais su partager nos richesses et accepté de valoriser la différence...

Si seulement le sacrifice de la forêt pouvait assurer un bien-être durable pour tous les habitants de la planète, peut-être trouverait-on une légitimité à raser chaque jour des milliers d'hectares. Est-ce vraiment le cas? Même en se rangeant du côté des 2 % de scientifiques qui pensent que le réchauffement planétaire ne serait pas lié à l'activité humaine et donc à la déforestation, il n'est pas difficile de trouver dix raisons essentielles pour fustiger ce problème gravissime. Et si vous séchez encore, je ne saurais trop vous conseiller d'aller lire "La faim, la bagnole, le blé et nous" de l'indispensable Fabrice Nicolino pour vous faire une idée des réponses...


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Culture de l'ananas de la firme américaine Del Monte sur d'anciennes forêts, Costa Rica, août 2004

Le Costa Rica est vanté pour être l'un des derniers pays à avoir gardé sa forêt intacte. Ce n'est pas tout à fait vrai. Si près de 30 % des boisements sont aujourd'hui sanctuarisés, la culture intensive de la banane et de l'ananas y a fait des ravages jusqu'au coeur des communautés indigènes. La déforestation ne raye pas seulement des animaux fabuleux des cartes terrestres, elle est toujours liée à des crimes contre l'Humanité : les Aborigènes d'Australie, les Indiens d'Amérique latine... Et Ingrid Betancourt, qui fut l'une des premières voix à s'élever contre le danger des agrocarburants en Colombie.


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LES COMMENTAIRES (1)

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posté le 08 avril à 10:21
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excellent article je vais voir le blog....

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