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Un bien triste anniversaire : so traurig

Publié le 20 janvier 2013 par Egea
  • Allemagne
  • France

Nous voici donc au cinquantième anniversaire du traité de l’Élysée. Vous savez, ce document qui a initié le rapprochement franco-allemand. Aussitôt corrigé en son temps par le Bundestag qui réaffirmait la fidélité américaine. Traité dans lequel il n'y avait quasiment aucune clause obligatoire, sinon peut-être la création de l'office franco-allemand de la jeunesse. Et qui fit dire à De Gaulle :" les traités ? ça dure ce que ça dure". Pourtant, c'est au titre du symbole (et ça compte, les symboles) qu'on a vécu pendant des décennies sur le mythe et le rythme du couple franco-allemand. Et à cause des désinvoltes de l'Europe (voir cette critique), à cause de tout un tas de choses, voici que cela se délite. Et que cet anniversaire est so traurig, tout particulièrement ces jours-ci.

Un bien triste anniversaire : so traurig
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D'accord, les Français ont leur part des erreurs : une maîtrise des comptes hasardeuse (Chirac puis Sarkozy envoyant balader les critères de Maastricht), une illusion que l'Europe peut être puissance (ce mot n'a de sens qu'en France), un manque de ténacité et de persévérance (Balladur refusant le plan Schaüble d'un noyau dur européen). Mais force est de constater que ces dernières années, les coups ont souvent été portés par les Allemands :

  • torpillage de l'Union méditerranéenne, qui débouche donc sur ce modèle d'UPM (une réussite, non ?)
  • Remise en cause de la dissuasion nucléaire lors du sommet Otan de Lisbonne en 2010
  • non vote de la résolution 1973 puis abstention totale sur la Libye
  • retard systématique dans la crise de l'euro, avec la décision rigoriste de Deauville qui met le feu aux poudres, alors que l'Allemagne tire 80 % de son excédent commercial de la zone euro (quand on vous dit qu'elle s'est réformée, ce n'est pas vis-à-vis du reste du monde, mais vis-à-vis de l'Europe : pas étonnant que la récession la touche désormais)
  • blocage sur la fusion EADS/ BAE
  • non soutien lors de l'affaire malienne (et ces mots d'un député allemand de la commission de la défense : "vous comprenez, envoyer des soldats former une armée qui pourrait aller combattre !")

Disons les choses simplement : L'Allemagne joue perso. Rassurée par sa richesse, trouvant des marges à l'Est, réunifiée, elle n'a plus besoin de ce couple franco-allemand. Et puis elle est sérieuse : en guerre économique : mais qui est son ennemie ?

Et elle pâtit d'un personnel politique.... Chacun des Allemands que je rencontre à qui je parle de Guido Westerwelle hausse les épaules, pousse un grand soupir, et me répond : "Hélas ! ". Hélas, il faut donner, paraît-il, le MAE au parti minoritaire, même quand son titulaire n'y connaît rien. Hélas, nous sommes en année électorale. Hélas, Mme Merkel n'a aucun goût (sans même parler de vision ou de politique) pour la politique européenne.

L'Allemagne s'enfonce tranquillement dans un confort de rentier, coulant gentiment de son implosion démographique, dans une logique Fukuyamesque de fin de l'histoire. Égoïsme tranquille d'une nation de boutiquiers qui boursicotent et regardent la Bundesliga le samedi soir et lit le Bild la semaine, et qui veut oublier ce qu'est le tragique ou l'histoire et se rend complice, en bonne conscience (en très bonne conscience) des nouveaux massacres de par le monde. En Afrique, au Proche-Orient ou au Tibet.

L'Allemagne qui n'y voit pas mal et s'interroge sur ces curieux Français, encore en train de guerroyer au Mali, ce qui est forcément du néo-colonialisme.

Négligence coupable et irresponsable, y compris en Europe. Bien triste anniversaire ! On va faire la tête et ils ne comprendront pas pourquoi ! So traurig !

O. Kempf


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