Un petit livre d’entretiens très instructif qui nous rappelle que deux mondes totalement différents s’affrontent dans notre société : ceux qui croient en la réussite individuelle et ceux qui attendent tout de l’État.
Par Bogdan Calinescu.
Publié en collaboration avec l'aleps.
L’entrepreneur se méfie de l’« indignation » des jeunes aujourd’hui. S’indigner ne veut pas dire grand-chose ne serait-ce que désigner des coupables faciles : les patrons, les banques, les marchés financiers, etc. À force de s’indigner ils oublient leurs propres responsabilités. Lorsqu’ils s’indignent contre la réforme des retraites de 2010, les lycées font preuve d’une naïveté déconcertante et d’un manque de jugement évident. À l’heure où l’on se prépare à réussir dans la vie, certains ont choisi de « lutter pour préserver les retraites ». Mais c’est exactement l’inverse qu’ils devraient faire : sachant qu’une fois salariés ils vont payer de plus en plus pour une retraite par répartition en faillite, ils devraient justement demander une vraie réforme des retraites. « Pour un jeune, cette démarche est suicidaire », dit justement Philippe Hayat. « Il faudrait, au contraire, l’aider à prendre sa vie en mains, malgré l’imperfection du monde »…
Son interlocuteur, le jeune indigné Gilles Vanderpooten, veut changer le monde « d’une manière plus ou moins radicale ». Mais pour en faire quoi ? Il ne le dit pas mais il rejette la croissance et croit en l’utopie et en l’avènement d’une nouvelle société. Celle de l’« homme nouveau » qui a déjà fait des dizaines de millions de morts ? Il ne croit pas à « la moralisation du capitalisme » et c’est pourquoi il faut tout changer. Ses paroles s’enchaînent comme le crépitement d’un fusil…
Philippe Hayat a les pieds sur terre. C’est l’entrepreneuriat qui peut encore sauver notre économie. Et c’est ce qu’il faudrait dire aux jeunes : Entreprenez ! Ce n’est pas l’indignation qui doit pénétrer dans les salles de classe mais l’esprit d’initiative et l’entrepreneuriat. La France compte aujourd’hui plus de 3 millions d’entreprises dont 4 700 seulement dépassent 250 salariés. En Angleterre c’est deux fois plus d’entreprises avec plus de 250 salariés et en Allemagne, trois fois plus !
L’indigné veut plus de l’État et des politiques. Il veut du « social ». Mais « entreprendre et innover, c’est aussi faire du social » lui rétorque à juste titre l’entrepreneur. « Un entrepreneur qui réussit est aussi un entrepreneur social ! L’argent n’est pas son unique moteur. Contrairement aux idées reçues, c’est bien son désir d’épanouissement et d’indépendance, plus que l’appât du gain, qui a provoqué son déclic entrepreneurial ». Contrairement aux clichés marxisants, de nombreux entrepreneurs se rémunèrent après leurs salariés et souvent il ne reste rien dans les caisses. D’autres gagnent beaucoup d’argent qu’ils réinvestissent ou qu’ils donnent à des fondations.
D’un côté il y a donc ceux qui croit en l’individu et, de l’autre, ceux qui misent sur la rédemption collective. L’Histoire a déjà montré que la manipulation des masses a pris le visage de la Terreur.
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