La désobéissance civile est le refus de se soumettre à une loi jugée inique par ceux qui la contestent.
Par Damien Theillier.
Les citoyens doivent-ils obéir à des décisions que tout désigne comme des « lois injustes » ? Nombreux sont les grands penseurs et les mouvements de citoyens à avoir répondu « non ». Ce « non » est à l’origine de la désobéissance civile qui encourage à refuser d’obéir à une loi injuste et à chercher à changer cette loi par des moyens non-violents.
Pratiquement tous les philosophes politiques ont proclamé que les lois injustes n’étaient pas contraignantes et ont prôné la résistance et la désobéissance civile. Parmi eux, citons saint Thomas d’Aquin, Francisco Suarez, John Locke, Thomas Jefferson, Edmund Burke, Mahatma Gandhi et Martin Luther King Jr.
Le plus précis dans l’exposé de cette doctrine est Henry David Thoreau dans son essai sur Le devoir de Désobéissance Civile :
Si l’injustice fait partie des vexations nécessaires au gouvernement, laissez faire ; espérons que cela s’arrangera, que la machine se lassera. Si l’injustice a un ressort, une poulie, une corde, une manivelle, réservés à son seul usage, on peut se demander si le remède ne sera pas pire que le mal. Mais si cela demande que vous soyez l’agent de l’injustice envers quelqu’un, alors enfreignez la loi. Faites de votre vie le bâton dans les roues qui arrêtera la machine. Je dois faire en sorte de ne pas prêter pas la main à faire le mal que je condamne.
Cette idée était déjà présente chez saint Augustin quand il déclarait qu’« une loi injuste n’avait rien d’une loi ». Pour lui, bien qu’une loi injuste ait l’autorité extrinsèque que lui confère le mandat gouvernemental, elle n’a aucune autorité intrinsèque puisqu’une loi n’a qu’une raison d’être : celle de servir la justice. Toute loi qui altère son but premier s’anéantit d’elle-même ; elle n’est pas une loi.
Quand des autorités gouvernementales exercent le pouvoir de façon arbitraire et injuste, elles sapent la crédibilité de leurs décisions, de leur respectabilité et de leur autorité. Même si ces autorités sont investies du pouvoir civil, le mauvais usage de ce pouvoir remet en cause sa légitimité. La violation du principe de non-malfaisance et des droits naturels, les arguments fallacieux employés pour justifier ces indignités ne relèvent pas des vexations inévitables dans tout gouvernement : ce sont de graves injustices qui ne sauraient être tolérées.
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Sur le web.
À voir sur le sujet : The Great Debaters
À lire :
- Henry David Thoreau, La désobéissance civile (1849).
- Étienne de La Boétie, Discours de la servitude volontaire.
- Article de wikiberal sur la désobéissance civile.