Dans la famille des Jeanspezial, je demande le père ! Mais où est-il ? Affalé dans son rocking chair au coin du feu dégustant un hot dog de cochon pie dans une etxe de son pays basque natal ?! Ou serait-ce plutôt dans son studio du onzième, une paire de chausson aux pieds, un reportage de chasse et pêche en background, et face à lui une feuille de papier déjà remplie d’un millier de coups de crayons.
Car s’il y a bien une chose qui caractérise le travail de Nicolas Barrome, c’est son impressionnante patience. Imaginez-vous des heures durant les yeux plongés dans une parcelle de 2cm² avec aucune place pour un tremblement ou une seconde d’inattention. Chaque trait compte, et voilà ce qui lui donne ce rendu unique apportant à ses oeuvres plusieurs sens de lecture. Un artiste coup de coeur que nous sommes fiers d’accueillir dans notre famille recomposée pour ce premier AOM de 2013 !
Salut Nicolas, petite question récurrente pour commencer : quelle heure est-il, et où es-tu alors que tu réponds à notre interview ?
Il est 12h23, je suis chez moi, un épisode de Futurama passe à la télé… Et j’ai faim !
Peux-tu rapidement nous présenter ton parcours ?
Après une scolarité classique dans le général et un BAC ES je suis allé me perdre une année dans une école de commerce. Après avoir tout fait pour qu’on me renvoie chez moi j’ai décidé de tenter ma chance dans les arts appliqués.
J’aimais dessiner et « bricoler » depuis tout petit et ce cursus me correspondait plus que les Beaux-Arts. Apres 3 ans de BTS communication visuelle à Bordeaux, j’ai enchaîné sur deux années de DSAA à Troyes et c’est là qu’avec mes amis nous avons crée les collectifs Jeanclode et Jeanspezial. Les études terminées, nous avons décidé de nous lancer tous ensemble en freelance, en essayant de combiner les commandes d’illustration pub et les expos. Ca fait maintenant 7 ans que nous travaillons ensemble.
Aujourd’hui c’est encore un peu différent, même si je travaille avec les Jeanclode pour les commandes, je consacre plus de temps à mon travail personnel et nous sommes depuis peu enseignants à l’ECV Paris.
Tu es assez actif en ce moment sur mur, tu as commencer par le graffiti ou l’illustration ?
Même si je suis beaucoup plus discret en plein hiver, il est vrai que je consacre de plus en plus de temps à peindre sur des murs. Par contre je n’ai pas le parcours du graffeur classique.
J’ai commencé à dessiner sur papier, sur toile et aussi beaucoup sur ordinateur. Le graffiti est arrivé après lorsque nous étions tous à Troyes, une ancienne ville textile remplie de vieilles usines désaffectées et complètement vierges qu’on s’est fait un plaisir de décorer! Donc le graffiti est arrivé comme un défouloir et le meilleur moyen de faire des choses en grand. Pour être honnête je n’ai jamais fait de vandale et ça ne m’intéresse pas, je ne me sens pas particulièrement concerné par la culture qui entoure le graffiti, ce qui me plait surtout c’est l’outil, j’adore travailler à l’aérosol ! Et c’est un médium qui a beaucoup influencé ma manière de travailler.
Tu as un style assez particulier avec un travail sur la matière, comment en es tu arrivé a ce style ?
Je suis complètement obsédé par les textures, les trames de points, de traits, les dégradés !
Ca a commencé par hasard, en voulant dessiner des monstres et des animaux avec des fourrures. J’adorais passer des heures à dessiner des poils pour que le rendu soit le plus doux et plus réaliste possible et sans m’en rendre compte je venais de trouver la technique qui me correspondait et qui allait me permettre de développer quelque chose de plus personnel.
J’ai adapté cette technique de trame à tout le reste, que ce soit sur toile, sur papier, mur ou même sur Photoshop… Ces textures me permettent de créer les ombres et lumières, mettre en volume, faire des dégradés, etc.
A choisir tu préfères privilégier le message ou la technique dans ton travail ?
J’attache beaucoup d’importance à la technique, j’aime passer du temps à construire mes images, m’appliquer dans la réalisation de mes textures. J’aime me lancer des défis, partir sur une image très complexe en prenant le risquede ne pas toujours être satisfait du résultat.
En ce qui concerne le message, je préfère faire des clins d’oeil à mes souvenirs d’enfance, aux films et dessins animés qui m’ont marqué, à mon amour pour la nourriture etc…
Plus que des messages je préfère essayer de faire réagir les gens en les faisant rire ou à l’inverse en les dérangeant. J’adore mélanger les codes et faire des images à plusieurs lectures.
Par exemple avec la peinture » un bout de bois », les gens commencent toujours par sourire en voyant les légumes et ne se rendent compte qu’après que l’image parle de mort. De la même manière, on me demande toujours pourquoi je dessine autant de chiens et surtout pourquoi je les tourne
en ridicule ou les maltraite. Ben voila, c’est ce côté équivoque qui me plait !
Quel sont tes sources d’inspiration ?
La plupart de mes sources d’inspirations viennent de mes souvenirs d’enfance. Les dessins animés, les films de science-fiction, les plats de ma mère, les jeux vidéo, les boites de céréales etc…
Et si je devais citer un peintre qui a influencé mon travail, je dirais sans hésiter Dali.
Je me souviens de la première exposition à Artoyz des Jeanspezial, à l’époque aucun de vous ne signait avec son propre nom, depuis ça a évolué, pourquoi ?
Cette exposition était, à mes yeux, une des plus réussies. C’était vraiment un travail collectif, nous avions choisi le thème de la secte et tout le monde avait travaillé dans la même direction. Notre but n’était pas de mettre en avant les styles des uns et des autres mais plutôt de raconter une histoire. C’était très motivant et, à cette époque, nous arrivions très facilement à travailler ensemble, je dirais même à fusionner sur certaines images.
Maintenant les choses ont un peu changé mais c’est normal, c’est la suite logique des choses. Les styles et les envies de chacun se sont affinés avec le temps et nous avons tous envie de mettre en avant nos univers personnels.
Au début Jeanspezial était un personnage fictif derrière lequel se cachaient 9 personnes, maintenant ce sont 9 artistes qui ont leurs domaines de prédilection, qui font leur chemin et qui se retrouvent régulièrement pour faire du graffiti ensemble, faire quelques expos et surtout beaucoup se marrer. Finalement ce qui n’a pas changé c’est que nous sommes toujours une bande de potes.
Tu peux nous expliquer la différence entre Jeanspezial et Jean Clode ?
Alors c’est très simple. Jeanclode existait avant Jeanspezial, c’est un petit groupe dans le groupe ! Tu me suis ?
Jeanclode c’est Sébastien Touache, Mathieu Julien et moi-même. C’est la partie la plus professionnelle de notre activité, sous ce nom nous sommes illustrateurs pour des campagnes de pub, de l’édition etc… Nous sommes représentés par Lezilus en France et par Pocko en Angleterre. Ca fait 7 ans que nous travaillons ensemble et nous prenons beaucoup de plaisir à répondre à toutes sortes de commandes.
Et dans Jeanspezial nous sommes 9. Comme je le disais plus haut, c’est une bande de potes qui fait des expos, de la peinture, des installations, du graffiti, qui expérimente un max de choses.
Jeanspezial c’est Maud dardeau, Gregory Banas, Jean Michel Ouvry, Joris Goulenok, Michael Coupez, Mathieu Javelle, Sébastien Touache, Mathieu Julien et moi-même.
Ton univers est peuplé en ce moment de berger allemand, nostalgique des années 40 ?
C’est vrai, ces chiens me suivent depuis un moment maintenant, je n’en ai jamais eu mais j’adore les dessiner. Je les aime tous, les cockers, les teckels, les caniches….
Ils sont tous mes copains ! Le berger allemand c’est le celui qui revient le plus souvent dans mes images. Et même si je le tourne en ridicule, si je lui fais faire du skate, si je le découpe en morceaux, il est toujours content. Il est pas contrariant ce copain !
Tu habites Paris penses-tu que c’est un plus en tant qu’artiste ?
Est ce que c’est un plus ? Je ne sais pas parce que ça représente aussi beaucoup d’inconvénients mais je pense qu’en étant à Paris on se retrouve dans le bain !
Que penses-tu du milieu artistique ici, y-t-il une place pour les jeunes artistes ?
Oh oui je pense ! Je n’ai pas la sainte parole mais je pense que si on bosse, on trouve sa place !
Tu peins souvent avec ta compagne Amandine Urruty, comme lors du dernier Summer camp, vos style fonctionnent très bien ensemble, avez-vous des futurs projets (artistiques) ensemble ?
J’adore peindre avec Amandine ! Sans vraiment se poser de questions nous avons très vite commencé à faire des fresques ensemble et nos univers se sont tout de suite facilement mélangés.
En 2013 nous avons déjà de chouettes projets ensemble, nous participerons au Bukruk festival du 16 au 24 févier à Bangkok pour faire notre première façade !
Ensuite nous serons au festival Vertigo de Gourette pour peindre un nouveau mur en mars et on espère pouvoir faire notre première expo à deux le plus vite possible !
Tu viens de participer au Winter show d’art factory à la galerie Lavigne Bastille comment ça c’est passé ?
Très bien, j’adore travailler avec Effi et Laurent de Arts Factory, on se connait bien maintenant et c’est toujours un plaisir. Et que dire du lieu… Cet espace était vraiment impressionnant, j’en connais peu de comme ça sur Paris donc j’étais très heureux de pouvoir participer à cette expo !
La série que tu as présenté dans ce show – les forces – est plein de symboles différents, y’a t’il quelque-chose de caché derrière tout ça ?
Cette série est vraiment caractéristique de ce que j’ai envie de faire en ce moment.
C’est tout d’abord une des première fois que je réalise une série. Ensuite, ce sont des images à la construction complexe, qui fourmille de détails et pour lesquelles j’ai vraiment pris le temps de soigner mes textures, les lumières etc…
Enfin, comme je le disais plus haut par rapport à mes sources d’inspiration, on retrouve dans ces images des clins d’oeil au cinéma fantastique qui m’a beaucoup marqué quand j’étais plus jeune ( les ovnis, Godzilla, la Créature des marais…etc ) aux dessins animés, à la nourriture ( les animaux découpés, le fromage etc…).
Je pourrais en parler pendant des heures mais pour résumer il y a un peu de moi dans tous ces dessins ! Et pour info j’ai prévu de terminer la série en faisant les forces bleue, rose et noire.
Parle nous de l’illustration que tu as faites pour nous sur le thême de Jekyll et Hyde ?
Je ne me suis pas senti dépaysé en pensant à Jekyll et hyde et je pouvais faire une image qui me ressemblait !
Un retrouve donc un mélange de chien chien, de nourriture et de science fiction, des détails qui font sourire, d’autres qui dérangent… Jekyll et Hyde.
Illustration exclusive pour Jekyllethyde.fr – Retrouvez nos anciennes illustrations sur notre fan page
Tu viens de participer au Winter show d’art factory à la galerie Lavigne Bastille comment ça c’est passé ?
Très bien, j’adore travailler avec Effi et Laurent de Arts Factory, on se connait bien maintenant et c’est toujours un plaisir. Et que dire du lieu… Cet espace était vraiment impressionnant, j’en connais peu de comme ça sur Paris donc j’étais très heureux de pouvoir participer à cette expo !
Dans une interview tu parles beaucoup de la bouffe et des hamburgers, as tu une bonne adresse à nous conseiller ?
Viens manger chez nous, on soigne bien nos invités !
D’ailleurs petite Interview bouffe :
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Petit déjeuner : Croissants chauds et deux litres de café.
Midi : Croque-monsieur maison avec béchamel, et salade.
Soir : Côte de boeuf, patates salardaises ou blanquette de veau, riz…. j’hésite. et en dessert une tarte au citron meringuée d’Amandine Urruty!
Lendemain de cuite : Maxi best of Mc Chicken avec sprite, frite et une petite portion de Nuggets, sauce moutarde. Et oublie pas les pailles!!
Dimanche midi : Brunch à volonté
Quand tu rentres dans le Sud Ouest : Le poulet roti gnocchi de ma mère.
Comment décrirais-tu ton univers en un mot ?
Touffu
Comment définirais-tu le milieu de l’art en un mot ?
Oula !
Et enfin je te laisse le dernier mot pour la fin ?
Tchin tchin !
Question bonus : Quelle question aurais-tu aimé que l’on te pose ?
Quel est ton film préféré pour que je te répondre fièrement Rocky 4, tu sais, celui avec le russe !
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