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Les Dix " bonnes raisons " des anti mariages pour tous qui fleurent la haine

Publié le 25 janvier 2013 par Micheltabanou

Prenez n’importe quel discours d’un opposant au mariage pour tous, il entrera (au moins) dans une des dix catégories suivantes :

- 1. Les insultes ouvertes, propos de comptoir et autres ricanements de corps de garde sur fond de clichés associés à l’homosexualité, célébrant en creux le profond satisfecit de leurs auteurs, qui se réconfortent ainsi, implicitement, de leur appartenance à une norme dominante.

- 2. Les comparaisons avilissantes (le rapport homosexuel apparenté à la pédophilie ou la zoophilie par exemple) qui, associées aux prospectives dégradantes sur les effets d’une évolution législative vers le mariage entre personnes de même sexe ("et si demain j’ai envie de me marier avec mon téléphone ?", etc.), en disent beaucoup plus long, hélas, sur l’univers psycho-sexuel propre à leurs auteurs (cette incapacité apparente à saisir le concept d’une relation affective entre adultes consentants est le signe d’une immaturité sexuelle inquiétante, au fond) que sur les conséquences effectives qu’entraînerait une telle évolution sur les mœurs contemporaines.

- 3. La hiérarchisation décomplexée des identités sexuelles, associée à l’emphase millénariste de la menace du "chaos" civilisationnel ("à quand la légalisation de l’inceste ou de la polygamie ?") : au nom de visions simplistes et délirantes de l’histoire de notre "civilisation" et de son possible effondrement, plusieurs députés FN et UMP ont, par exemple, fait publiquement mention d’une supposée infériorité morale de l’homosexualité sur l’hétérosexualité. (Ce n’est évidemment pas le seul domaine, aujourd’hui, où la parenté idéologique entre ces deux partis apparaît clairement.)

- 4. La convocation rassurante de la "tradition", grand classique du conservatisme, doublée de la référence désespérée à une supposée "essence" de la famille ("un papa et une maman"), que tout contredit par ailleurs: l'anthropologie historique des structures de parenté, l’observation sociologique des évolutions contemporaines de la famille (divorces, systèmes monoparentaux), etc...

- 5. L’expression naïve et arbitraire d’un système de valeurs fondé sur la base de textes religieux (autrement dit, dans une République laïque, sur rien), qui a d’ailleurs amené les représentants de certaines minorités (juive, musulmane) à prendre une position, sans doute évaluée par eux comme "stratégique", dans la grande vague de l’Ordre moral qui ont investi les rues ce dimanche 13 janvier 2013.

- 6. L’homophobie chrétienne-compassionnelle (avec en figure de proue l’inoxydable passionaria anti-PACS Christine Boutin), qui, sous couvert d’une hypocrite et condescendante bienveillance (la soi-disant "souffrance" des personnes homosexuelles, vues comme des brebis égarées), répand une vision idéologico-normative extrêmement violente des rapports entre les êtres et des structures de filiation. Cette idéologie s’oppose ainsi, de façon virulente, à tout (égalité des droits, sensibilisation à l’homophobie dans les milieux scolaires, etc.) ce qui pourrait, dans les faits, atténuer la dite-souffrance possiblement ressentie par les homosexuels en raison des phénomènes d’exclusion dont ils sont victimes. Ce n’est pas la moindre des contradictions d’une pensée très étroitement religieuse (la foi est ici vidée de toute spiritualité, réduite à un petit vade-mecum moral) qui met en avant, théoriquement, les notions d’amour et de tolérance à l’égard des "déviants", pour mieux les piétiner au nom du respect de textes "sacrés".

- 7. La sociologie sauvage et intuitive d’un "monde homosexuel" fantasmé (associé, en vrac, à la luxure, à l’individualisme décadent post-mai 68, à la consommation de stupéfiants, etc.) et/ou réduit à une poignée de témoignages tirés de l’expérience personnelle et haussés à valeur de loi générale ("j’ai croisé un gay lors d’une soirée, et il m’a dit qu’il ne souhaitait pas se marier", etc...).

- 8. La camaraderie de sortie de boîte, qui entend reléguer le rôle social des personnes homosexuelles à celui de gentils transgressifs nocturnes, sympathiques, drôles, originaux et décoratifs, en assurant (à leur place) qu’ils ont bien de la chance d’être "différents", et qu’ils ne souhaitent pas vraiment s’embarrasser de cette "institution bourgeoise" qu’est le mariage. Notons que cette dernière posture manque ainsi gravement le fond du problème, qui n’est pas le mariage lui-même, mais l’égalité des droits.

- 9. L’"homophobie de l’agacement" dont le fameux "Messieurs les homosexuels laissez-nous tranquilles! " lancé par le député UMP Jacques Myard qui pourrait constituer le parangon, qui s’indigne de constater que les Français homosexuels d’aujourd’hui (pourtant beaucoup mieux tolérés que leurs "ancêtres" des périodes passées ou leurs "congénères" d’autres aires géographico-culturelles), loin d’être reconnaissants envers la société qui ne les emprisonne pas et ne les classe plus dans la catégorie des malades mentaux, ont l’outrecuidance de réclamer encore et toujours plus de droits – un peu comme s’ils étaient pressés d’être reconnus comme des citoyens à part entière. Reposant souvent sur l’idée que l’homosexualité relève d’un "comportement" choisi (et non d’une donnée naturelle de l’individu, comme la couleur de peau par exemple), cette "homophobie de l’agacement" s’incarne souvent dans des phrases-type telles que : "L’Etat n’a pas à valider les caprices d’une minorité", et s’accompagne en général de jugements dépréciateurs à l’égard des homosexuels lorsque ces derniers outrepassent le caveau underground que la norme hétéro-tolérante leur avait alloué (on dit alors, parce qu’ils exposent leurs vies de couple ou qu’ils s’embrassent dans la rue, qu’ils "s’affichent", et que cela est "obscène").

- 10. La manifestation d’une inquiétude pour la condition psychique et morale des enfants élevés par des couples de même sexe. On touche ici à l’un des arguments les plus volontiers avancés par les discours des anti- (notamment par tous ceux qui débutent avec l’expression "Je ne suis pas homophobe, mais… ") : l’invocation d’un "principe de précaution" visant à la protection de nos chères têtes blondes est sans nul doute ce que les opposants au projet de loi considèrent comme leur argument le plus efficient, et surtout comme le plus "présentable". Le fait que leur sollicitude envers les enfants s’arrête bien souvent au seuil des foyers hétérosexuels dysfonctionnels, qu’elle repose sur une vision caricaturale à souhait de l’archétype oedipien et des fonctions sexuées au sein du couple, et qu’elle choisit d’ignorer le nombre important des études sérieuses menées dans les pays qui nous devancent sur la question de l’homoparentalité, empêche cependant d’accorder un crédit suffisant à leurs préoccupations. Dans l’écrasante majorité des cas, ces dernières dissimulent assez mal le lien direct entre "l’inquiétude pour les enfants" et le préjugé dégradant à l’égard des homosexuels. Le rapport de couple homosexuel, souvent appréhendé sous l’angle du seul génital, est alors considéré comme une forme "impure" d’existence, un mode d’"être-ensemble" inférieur au rapport hétérosexuel. Certains discours de sollicitude contournent cet écueil en affirmant regretter l’existence d’un préjugé dévalorisant à l’égard des couples homosexuels, tout en faisant de l’existence regrettable de ce préjugé un argument pour combattre l’éventualité de l’adoption : les enfants élevés par des homosexuels risqueraient de souffrir, pendant leur développement, de l’homophobie ambiante de la société française. Il s’agit alors d’un renversement spectaculaire des priorités : l’urgence n’est plus de faire reculer l’homophobie en donnant aux homosexuels les mêmes droits qu’aux autres citoyens, mais de protéger les enfants qu’ils pourraient avoir de cette homophobie justement entretenue par l’absence de reconnaissance légale de leur structure familiale.

On touche ici à un cas de pure aberration rhétorique, une constante dans les arguments des opposants au projet de loi ; un autre de leurs arguments, consistant à démontrer l’inexistence d’une discrimination au motif que "les homosexuels ont, comme les autres, le droit de se marier… avec une personne de sexe opposé", en représente sans doute l’exemple le plus "abouti".

Refermons les cases, les tiroirs où sont classés toutes ces " bonnes raisons " affichées outrageusement par les anti mariage pour tous! Ils sentent trop mauvais. Dimanche aérons la société, donnons lui cet air pur de la tolérance. Dimanche 27 janvier il y a une impérieuse nécessité à se mobiliser, à manifester et pour nous à Paris cela sera au départ du cortège Place Denfert-Rochereau.


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