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Amsterdam : les coffee-shops partent en fumée

Publié le 07 janvier 2013 par Caraporters @Caraporters

Quartier rouge d'Amsterdam

La fin du « narcotourisme » aux Pays-Bas ? L’échéance approche puisque le gouvernement néerlandais, sous la pression de Bruxelles, a fini par adopter la loi interdisant l’accès aux coffee-shops aux étrangers dans le courant de l’année 2013. Déjà, depuis mai 2012, trois provinces du sud du pays (le Limbourg, le Brabant-Nord et la Zélande) y sont soumises. Cette loi devrait constituer un vrai manque à gagner dans cet état réputé pour sa tolérance. Une tolérance unique au monde depuis 1976 (même si d’autres pays ont, aussi, une certaine souplesse concernant le cannabis, comme la Belgique) qui reste l’attrait numéro un des Pays-Bas auprès des voyageurs étrangers de la tranche 20-30 ans. Et c’est bien là tout le problème des Hollandais qui n’ont aucune notion de l’impact réel de cette nouvelle loi appelée à être dévastatrice pour le tourisme.

Les cultivateurs néerlandais (seuls habilités à vendre du cannabis sur le sol du pays « oranje ») se mettent dans les poches quelque 2 milliards d’euros grâce à cette libre circulation dans le pays. Tout en sachant que la production totale de ces cultivateurs est exportée à 80%, et que la proportion de Hollandais fumant du cannabis ne dépasse pas les 2,5%… Côté chiffre d’affaires total de la filière, les sources l’estiment entre 4,9 et 10,1 milliards d’euros par an (l’équivalent de 1 à 2% du PIB du royaume).

Un coffee-shop, comment ça se passe?

Les coffee-shops fleurissent dans tout le pays (on en compte près de 700), même si, forcément, c’est à Amsterdam qu’on en trouve le plus (entre 150 et 200). Plus précisément dans ce célèbre « quartier rouge » (Red light district) où les prostituées vendent légalement leurs charmes à travers des vitrines, où l’alcool coule à flots dans les rues à toute heure de la journée et de la nuit, et où les sex-shops s’offrent des rues entières rivalisant sans problème avec le XVIIIe arrondissement parisien.

Pour y entrer, rien de plus simple : pousser la porte et montrer patte blanche si vous avez encore un visage juvénile, la majorité étant requise. Sans pitié, au moindre doute, votre passeport sera demandé par le patron. Ne cherchez pas à bluffer, la demande d’identité est systématique dès lors que ayez l’air de sortir tout droit d’une série B, genre « Premiers baisers ». Chez Baldi par exemple, un Hollandais de 35 ans originaire du Surinam qui gère le Highway coffe-shop, la capacité des lieux (mentionnée dans chaque magasin) est limitée à 52 personnes. On trouve tout ce qui est nécessaire pour apprécier les vertus de la plante la plus célèbre du monde : filtres, feuilles à rouler, joints tous prêts, petits sacs à herbe pour le « take away » (limité à 5 grammes, soit le seuil de tolérance aux Pays-Bas)…

Si vous hésitez, pas de panique, le patron dispose d’une carte des produits. Vous pouvez acheter au gramme (entre 15 et 22,50 euros) ou le joint prêt à la consommation (à partir de 4 euros). Enfermé dans une jolie boite en plastique, le pétard déjà roulé possède sa propre caractéristique: il y a celui qui rend joyeux, celui qui rend triste, celui qui rend (légèrement) speed… On vous propose aussi la version « familiale » avec prêt de narguilé pour une défonce collective. Pour les plus gourmands, il existe le space cake ou le space muffin à 5 euros. En revanche, ne comptez pas cumuler en espérant faire, aussi, exploser l’éthylotest, puisque la vente d’alcool est strictement interdite dans ces lieux (faut pas non plus déconner !).

Dans le coffee-shop

 90% de clientèle étrangère

Baldi connaît bien le « quartier rouge » qu’il fréquente depuis son plus jeune âge : « J’adore fumer du cannabis et être avec des gens qui cherchent quelque chose de différent. Le haschich, c’est bien plus convivial que l’alcool. Moi, je fume depuis plus de 16 ans une vingtaine de joints par jour et j’en cultive aussi chez moi ».

Car oui, au-delà de sa vente libre, le cannabis peut aussi s’inviter à domicile puisque la loi autorise n’importe quel citoyen hollandais majeur à posséder jusqu’à 5 plants chez lui, en sachant qu’un plant produit entre 50 et 200 grammes de marijuana. En revanche, il n’a, évidemment, pas le droit d’en faire commerce. Est-ce que la législation est bien respectée dans ces lieux que chacun trouvera festifs ou glauques ? « Oui, c’est évident. On ne plaisante pas avec la loi qui nous permet cette tolérance. Tout est contrôlé par l’État qui taxe énormément ». Surtout que la vente n’est pas illimitée, chaque coffee-shop n’ayant pas le droit de stocker plus de 500 grammes dans tout le magasin. Quant au public des coffee-shops amstellodamois, sans surprise, il est à 90% composé d’étrangers : « Surtout des Allemands, des Belges, des Français et des Britanniques.

Les Hollandais viennent peu dans les coffee-shops, déjà parce qu’ils ont le droit de cultiver la plante chez eux. Ensuite, parce qu’ils sont naturellement moins attirés par le cannabis que n’importe quel habitant européen : ici, il n’y a pas la notion d’interdit. D’ailleurs, aux Pays-Bas, les dealers et les marchés parallèles n’existent presque pas, personne ne peut y trouver un intérêt puisque l’État contrôle tout ». Le passage de la nouvelle loi sur les étrangers pourrait bien chambouler cet équilibre selon Baldi : « Les Pays-Bas vont perdre des touristes, l’État de l’argent, et les mafias vont pouvoir s’organiser ».

Une liberté qui durait depuis presque quatre décennies

Quel président fume du cannabis ?
Il est vrai que cette nouvelle loi est déjà plutôt brutale pour les autochtones. Désormais, seuls les habitants des localités où se trouvent les coffee-shops des provinces  de Limbourg, le Brabant-Nord et la Zélande, au sud du pays, ont le droit de fréquenter ces petits paradis pour fumeurs. Les Hollandais doivent s’inscrire sur une liste (ce qui ne protège plus leur anonymat) pour obtenir la « carte cannabis » (« wiet pass ») leur permettant d’entrer dans un coffee-shop. Non seulement les étrangers n’y sont plus admis, mais même les Néerlandais des localités voisines n’ont pas le droit d’accéder au coffee-shop de la ville d’à côté. Et la loi devrait être étendue à tout le pays, Amsterdam comprise, dans le courant de l’année 2013.

En 2014, elle va encore se renforcer puisqu’il est prévu que les coffee-shops devront être situés à au moins 350 mètres des écoles, tandis que certaines variétés, réputées « puissantes », seront tout bonnement interdites, comme celle dite de « shunk » (demandez à des spécialistes, j’ignore ce que c’est !, NDR). Dans le sud du pays, depuis le mois de mai 2012, l’amendement a déjà commencé à faire son lot de victimes, plusieurs magasins ayant déjà mis la clé sous la porte à cause de ces touristes étrangers qui n’ont plus de raisons de venir.

Il commence à s’éloigner le plaisir des amateurs de cannabis qui kiffaient de pouvoir « fumer sans se sentir hors-la-loi » depuis presque quatre décennies. Pour la ville d’Amsterdam, c’est tout le « quartier rouge » qui risque de perdre une partie de son âme, même si d’autres apprécieront de s’y balader sans croiser des touristes défoncés tous les dix mètres. Car si les dosages sont limités pour la possession, rien ne limite la consommation.

Date du reportage: août 2012

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Coffee shop Amsterdam
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Quartier rouge d'Amsterdam
Coffee-shop
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Cannabis, billard, télé
La carte du coffee-shop
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Sachet d'herbe
Dans le coffee-shop
Pétard qui rend joyeux
Cadeau du patron
Fais tourner !
Herbe vs résine de cannabis
Café au coffee-shop

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