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Comment j’ai côtoyé la mort au Pays Toraja

Publié le 22 avril 2012 par Marinel1 @Mavieenmieux

Au début du mois, j’ai profité du long week-end de Pâques pour partir 5 jours au pays de la mort, entendez le Pays Toraja, cette région de Sulawesi Sud dont la culture tourne essentiellement autour du culte de la grande faucheuse.

Un peu d’explications à tendance Wikipédiante, pour vous poser le décor :

Les Torajas sont un groupe ethnique indigène d’une région montagneuse de Sulawesi du Sud, en Indonésie (jusque là, rien de nouveau). La plus grande partie de la population est chrétienne, le reste étant musulman ou animiste.

Le mot Toraja vient du mot de la langue bugis « to ri aya », qui signifie « gens d’en-haut ». Les Torajas sont renommés pour leurs rites funéraires élaborés, leur sites funéraires taillés dans les falaises rocheuses, leurs maisons traditionnelles massives aux toits en pointe connues sous le nom de tongkonan, et leurs sculptures sur bois colorés. Les rites funéraires torajas sont d’importants évènements sociaux, qui durent plusieurs jours et auxquels assistent en général des centaines de gens.

Bon, fin de la minute culturelle, passons au récit du voyage (vachement plus fun)

La région est assez difficile d’accès et ne pullule donc pas de touristes. L’essentiel des touristes sont français, notre chère patrie ayant apparemment la réputation d’aimer découvrir la culture, plus que la farniente. La plupart des personnes travaillant dans le tourisme pourront donc vous parler français, et ça, parfois, c’est agréable.

Une fois arrivées à l’aéroport de Makassar (qui soit dit en passant, est très moderne, ça change de Jakarta!), nous avons pris un bus de nuit pour nous rendre dans la région. Les bus sont très confortables, on peut quasiment s’allonger dans le fauteuil. C’est parti pour 9 heures de route!!

Nous posons nos valises sacs à dos à Rantepao, la capitale du pays Toraja. Notre guide nous attendait au terminus du bus, et nous a pris en charge depuis notre arrivée jusqu’au départ, avec un chauffeur. Donc pas de prise de tête pour les transports et le repérage.

Jour 1

Les tombes de Lemo

Comment j’ai côtoyé la mort au Pays Toraja

La caractéristique des Torajas est l’enterrement dans des tombes creusées dans des falaises, avec des balcons où sont posées des poupées à l’effigie des défunts. Chaque caveau, fermé par un système de verrouillage secret, abrite les membres d’une même famille. Les corps sont enveloppés dans des linceuls ornés d’or, et le pillage des sépultures est considéré comme le crime le plus grave. Les tau-tau, effigies de bois, sont placées dans des niches à côté des tombeaux. Sculptées à l’image des défunts, elles honorent leur souvenir. Ainsi les vivants peuvent contempler les morts et inversement. La position des mains est rituelle, une main, paume tendue vers le ciel, reçoit les bienfaits que l’autre rend. Seuls les nobles, garants de la tradition, ont droit à leur effigie.

Comment j’ai côtoyé la mort au Pays Toraja

Les Baby graves de Tampang Alo: dans la tradition Toraja, les bébés morts-nés et les enfants qui meurent jeunes sont enterrés dans le tronc d’un arbre. Ainsi, leur âme monte vers le ciel grâce au tronc. Les enfants sont enterrés avec le placenta. Sur la photo, on voit que des portes sont tombées, et l’arbre s’est totalement refermé sur le corps.

Comment j’ai côtoyé la mort au Pays Toraja

Puis, dans le marché traditionnel de Makale, on aperçoit les porcs attachés encore vivants, préparés pour les sacrifices des rites funéraires.

Comment j’ai côtoyé la mort au Pays Toraja

Comment j’ai côtoyé la mort au Pays Toraja

Jour 2

On visite un village traditionnel, construit uniquement pour les funérailles. Les préparatifs sont réalisés bénévolement par de nombreuses personnes, à plein temps. Une fois la cérémonie terminée, le village sera déconstruit, puis un autre prendra sa place, et comme cela, indéfiniment. Non non, ne posez pas la question, il faut en refaire un autre à chaque fois, sinon c’est trop simple!

Comment j’ai côtoyé la mort au Pays Toraja

Comme déjà expliqué dans un article précédent, les toits des maisons Torajas ont la forme des cornes de buffle, animal sacré, sacrifiés pour les funérailles, afin d’accompagné le mort dans son voyage vers le paradis.

Au fond du village, on trouve les hanging grave, les tombeaux suspendus sur les falaises. C’est une autre forme de tombeaux, assez répandus dans la région. RdV avec les crânes et les os… Ici les offrandes sont originales : des cigarettes et de l’alcool pour les fumeurs et alcooliques de leur vivant… Pour ne pas perdre les bonnes habitudes, même dans l’au delà!

Comment j’ai côtoyé la mort au Pays Toraja

Comment j’ai côtoyé la mort au Pays Toraja

Puis, on reprend la voiture pour se diriger vers les tombeaux dans les grottes (oui, ça fait beaucoup de tombeaux!) On doit ramper dans une toute petite cavité pour parvenir aux cercueils, crânes et autres festivités. Pas du tout effrayants dans le noir, non non!

Comment j’ai côtoyé la mort au Pays Toraja

Comment j’ai côtoyé la mort au Pays Toraja

Jour 3

ce jour là, nous avons assisté au 4ème jour d’une cérémonie funéraire : la mise en tombeau. Chez les Toraja, les rites funéraires sont très importants. L’enterrement officiel peut avoir lieu longtemps après la mort. Tant que la cérémonie funéraire n’a pas eu lieu, la personne est considérée comme “malade”, et conservée dans une chambre de la maison familiale. On lui injecte de temps en temps du Formol dans l’estomac.

 Les festivités s’étendent sur 4 jours. Elles sont offertes par de riches familles qui, parfois, s’associent. Les fêtes réunissent souvent jusqu’à plusieurs milliers de personnes. Les rituels mortuaires donnent lieu à de nombreux sacrifices de buffles. Le premier buffle immolé l’est toujours à l’ouest de la maison. La gorge tranchée par un violent coup de parang (sorte de machette), celui-ci va tomber et agoniser en quelques secondes. Des enfants se précipitent pour recueillir son sang dans des tubes de bambou. Les Toraja croient que les buffles accompagnent le défunt au pays des morts. Pour l’aider à tenir son rang dans l’au-delà, on en immole le plus grand nombre. C’est là un signe de prestige.L’enterrement a parfois lieu des années après la mort. La mise au tombeau constitue un moment important du rituel. Le cortège funèbre s’arrête sur le chemin de la sépulture, les femmes et les enfants retournent au village car ils ne sont pas admis à escorter le mort jusqu’à son tombeau, aménagé dans une grotte. Enveloppée dans un linceul rouge et or, la dépouille est hissée le long d’un échafaudage, tandis que l’on ouvre la porte du caveau de la famille.

Les rites funéraires sont essentiels pour se concilier les faveurs des défunts notamment pour obtenir d’eux une influence bénéfique sur l’agriculture.

Voici quelques photos de la journée :

Comment j’ai côtoyé la mort au Pays Toraja
Comment j’ai côtoyé la mort au Pays Toraja
Comment j’ai côtoyé la mort au Pays Toraja
Comment j’ai côtoyé la mort au Pays Toraja
Les femmes se jettent sur le cercueil pendant la danse funéraire, pour pleurer le mort. Un moment fort pour nous touristes.

Comment j’ai côtoyé la mort au Pays Toraja

Puis, les hommes transportent le cercueil jusqu’au tombeau, après le repas constitué des buffles sacrifiés le matin même. Et là, à notre grande surprise, ils secouent le défunt, jette des bombes à eaux sur le cercueil, se suspendent au brancard… C’est la fête!! Et le mort doit être sacrément ratatiné là dedans..!

Jour 4 

Nous visitons le marché des buffles, toujours pour les sacrifices. Ici, un buffle coûte le prix d’une voiture, et les albinos valent parfois une fois et demie le prix d’un buffle normal. Sur la photo, un albinos.

Comment j’ai côtoyé la mort au Pays Toraja

 Puis, on se dirige lentement vers l’aéroport, pour le départ… Sur la route, de magnifiques panorama:

Comment j’ai côtoyé la mort au Pays Toraja

 

Comment j’ai côtoyé la mort au Pays Toraja

 

Comment j’ai côtoyé la mort au Pays Toraja

Nous avons terminé notre fabuleux voyage par une expérience inoubliable : la nuit chez l’habitant. Nous avons partagé le temps d’une soirée et d’une nuit, la vie des locaux. Avec la famille, qui ne parle ni anglais, ni français, nous avons appris a partagé par le regard, les gestes, les sourires..

Comment j’ai côtoyé la mort au Pays Toraja

On apprend, avec la grand-mère, à cuisiner “à la Toraja”, en cuisant la viande dans un bambou.

Comment j’ai côtoyé la mort au Pays Toraja

On goûte les joies de la salle de bain à l’indonésienne, au fond de la forêt!

Comment j’ai côtoyé la mort au Pays Toraja

Notre chambre (inutile de dire qu’on a flippé toute la nuit que Papi soit allongé dans la chambre d’à côté, noyé dans son formol, attendant la cérémonie d’enterrement depuis 1 an ou 2… :)

Comment j’ai côtoyé la mort au Pays Toraja

Et on nourrit les cochons le matin, à 6 heures..!

Une super expérience, que je conseille à tous les voyageurs en Indonésie, les indonésiens étant réputés pour leur hospitalité, vous ne le regretterez pas!

Jour 5

Essentiellement de la route vers l’aéroport, on s’arrête dans l’après)midi pour aller faire un tour de pirogue et visiter le village de pêcheurs flottants sur un immense lac.

Comment j’ai côtoyé la mort au Pays Toraja

Voilà, ma petite très longue histoire se termine ici, nous avons repris l’avion vers Jakarta et notre routine quotidienne! Ce fût l’un de mes meilleurs voyages, une vraie rencontre culturelle, des souvenirs gravés à jamais!

Voici les contacts, pour ceux que cela intéresse :

Petrus Yuli (parle français), [email protected]

Nous avons payé 2 millions IDR tout compris (hôtels, repas, entrées visites, chauffeur et guide) par personne.

M

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