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L’Ecole : socle ou fragilité de la République ? La refondation en question !

Publié le 25 janvier 2013 par Patrick84
Planche proposée à mon atelier, il y a quelques années. Les frans-maçons toutes obédiences  confondues sont historiquement sensibles à la place de l'école de la République. Nous voilà en 2013. Ce travail personnel critique la énième réforme l'éducation intitulée "Pour une refondation de l'école" qui ne me semble malheureusement pas augurer d'une réussite souhaitée.

L'Ecole : socle ou fragilité de la République ?

L’Ecole : socle ou fragilité de la République ? La refondation en question ! Depuis des années, nous dit -on, l'Ecole est malade. Chacun y va de son avis (dont bibi  :-) de son opinion, de son analyse : parents, Témoignage, ministres, chroniqueurs patentés ou sociologues de l'école. Un constat rassemble au moins tout le monde : les performances de l'école s'effondrent : 25 à 30% des élèves ne maîtrisent pas les bases de la lecture, de l'écriture et du calcul en entrant en 6ème (test d'entrée).Quant à l'explication , l'unanimité n'est plus de mise. Alors participons aussi au forum démocratique ! Voici ma  contribution

Eternel débat sur l'école. Cependant au-delà des prises de position qui relèvent plus souvent des guerres de tranchée que d'une réflexion citoyenne ; nombreux sont ceux qui constatent que l'école ne remplit plus sa mission.

Quand on entend dire le niveau baisse, certains sortent leur règle métallique, beaucoup haussent les épaules et les autres pouffent dans leur mouchoir. Mais cependant, la vague des mécontentements se fait plus audible : les universitaires  de premier cycle sont déroutés par les copies de leurs étudiants, les profs de jury de baccalauréat sont affolés à la lecture des épreuves , les copies de Brevet sont du même acabit, les enseignants de collège sont, chaque année, sidérés du niveau des élèves que le primaire leur envoie, les professeurs d'école font ce qu'ils peuvent avec les moyens du bord et se plaignent que leurs élèves ne travaillent plus …etc.

Au delà de ces témoignages d'une désespérante redondance, diverses enquêtes s'accordent à constater que, entre autres, les collégiens de cinquième d'aujourd'hui sont tombés au niveau des élèves de CM2 de 1987. ( Mais ce n'est pas une découverte …Les tests pratiqués en début du service national quand celui-ci existait encore …révélaient déjà ce fait ! )

Cette baisse de performance ne relève ni du sentiment subjectif ni de l'affirmation polémique. A l'appui donc, entre autres, la célèbre dictée dite de Fénelon (un court passage de Fénelon, de 83 mots) qui fut donnée en 1885 et en 1987.

En 2005, la même dictée a été administrée à un échantillon représentatif de 2 767 élèves de 123 classes du CM2 à la troisième. Là, cette dernière comparaison des résultats entre 1987 et 2005 témoigne d'une chute importante du niveau.

Or depuis 30  ans, les programmes de l'Ecole primaire se sont beaucoup appauvris sur l'essentiel, tout en affichant des ambitions démesurées sur l'accessoire.

Le nombre d'heures consacrées aux apprentissages fondamentaux fond comme neige au soleil.

En 1976 un élève qui sortait du collège avait reçu 2800 heures d'enseignement de français depuis son entrée en CP. En 2006, il en a reçu 800 heures de moins. Il a donc perdu l'équivalent de deux années et demie en cette matière.

C'est comme si au milieu de son année de classe de cinquième, on faisait passer notre collégien en seconde ! Bonjour le style, les fautes et la maîtrise de la langue ! On ne peut demander honnêtement de lutter contre l'illettrisme ou de démocratiser le secondaire en refusant aux élèves d'aujourd'hui ce qu'on accordait à leurs aînés !

Ces mesures eurent en conséquence un impact direct sur la qualité d'apprentissage de toutes les autres matières puisqu'un enfant n'apprend volontiers que s'il sait lire et écrire aisément. La mission première de l'Ecole est l'instruction, la transmission des connaissances et l'apprentissage du raisonnement. Rappelons-le !

Pour le traduire dans les faits, il faut se pencher sur de nouveaux programmes pour l'Ecole primaire : courts, explicites, compréhensibles par tous et redonner des heures aux matières essentielles comme l’enseignement du Français .

Redonner des heures….. en grignotant de cî de là des jours de vacances . Oui je dis bien des jours de vacances scolaires …..

Petit calcul. L'année scolaire, globalement se définit par près de 32 semaines de scolarité sur 52. Grignoter des journéées entières permettrait rapidement de combler les heures manquantes et  de revenir aux années 70 !

Et puis arrêtons de se dissiper dans des  activités sans intérêt  car inefficaces et poursuivre en collège sur  les " fondamentaux " !

Deux "apports" emblématiques ( sans compter les heures de français supprimées au fil des années et qui ne datent pas du dernier ministre de l'éducation  !) :

  • l'informatique (dont l'aboutissement est ce fameux B2i)
  • et   l'anglais en primaire. L'élève papillonne ainsi de plus en plus incapable d'attention soutenue, surfant et zappant quotidiennement d'une activité ludique à une autre tout aussi ludique car objet d'aucune évaluation et " enseignée depuis 16 ans " dans un bazar sans nom car faute de moyens (valse des intervenants, des compétences (pédagogique et linguistique) et d'organisation ( une usine à gaz au plan des inspections qui se donnent bonne conscience en organisant des défis langues !

Ce  B2i , parlons-en ! ça prend inutilement du temps. Un môme , en quelques heures apprend vite à pianoter, chatter, surfer, le b.a.ba du parfait internaute …et qu'on nous parle pas de fracture numérique !

Quand à l'anglais que Mr Bayrou a fait entrer en classe primaire dans les années 93 - 94 ….Rien de concret et d'efficace depuis 16 ans. En 2013, nous sommes toujours les plus mauvais en terme d'apprentissage et de maîtrise de langues étrangères.

Les enseignants de collège sont unanimes : c'est de la poudre aux yeux. On reprend tout à zéro ! Que d 'heures perdues ! Voici dans le contenu …Quant à la forme , à la manière.

Il faut rendre au maître sa véritable autonomie pédagogique. Les enseignants doivent pouvoir procéder comme ils l'entendent, selon les particularités de leurs classes et les leçons de leur expérience. Les inspecteurs (en primaire et en collège où les inspections se font rares comparativement au primaire! ) doivent les noter uniquement sur leurs résultats, leur travail en classe, pas sur leur adhésion aux dogmes de l'IUFM ou à ceux des pédagogues en vogue.

Les modes pédagogiques changent au gré des pédagogues " sollicités " au sein du ministère de l'E.N. Ce qui est valable sous un ministère ne l'est plus sous un autre et ce sont les enfants qui trinquent. On vous dit tout et son contraire et cela sans état d'âme.

Rappelez-vous les quelques "réformes" emblématiques, successives voire contradictoires au cours de ces 30 dernières années :

  • la prétendue réforme des maths modernes.
  •  l'enseignement de l'histoire sous forme événementielle et non plus chronologique,
  • la mise au ban puis la suppression en primaire de la dictée ou de certains temps de conjugaison en dépit de l'usage.
  • la disparition de l'analyse grammaticale et conjointement l'apparition de l'ORL . Oui vous lisez et entendez bien : Organisation Raisonnée de la Langue. Travailler tout à l'envers …Allez du texte , à la phrase , au mot… Bien logique chez l'apprenti lecteur… Rien de plus déstructurant ! Découvrons les règles d'orthographe grammaticale ! Mettre en somme la charrue avant les bœufs.
  • La suppression des problèmes de calcul classiques en primaire à contenu "mécanique " et oui y'en faut un peu ! au profit certes de situations problèmes occasionnellement enrichissants peu structurant en terme d'apprentissage mathématique…etc)
  •  Puis la disparition de la rédaction classique en collège.
  • Mise au ban de tout exercice de mémorisation (calcul mental, règles orthographiques et grammaticales)
  • La mise au ban progressive de l'écriture journalière, rituelle au profit du polycopié ou texte à trous.

Les chercheurs cités au début de ma planche évoque le " désarroi " des professeurs devant le fait que " l'exigence traditionnelle de l'école en matière de correction de la langue soit " passée au second plan " et que l'on ait " minoré l'importance auparavant accordée aux dimensions formelles de l'écrit ".

Et pendant ces années là …que de batailles rangées, d'égos  de ces sommités pédagogiques  se gaussant d'être à l'origine de telle ou telle réforme qui allait changer la vie… pour le bien être de nos chers petits.

La pédagogie se prétend une science. Ne parle-t-on de Sciences de l'Education ? J'émettrais des réserves quant à ce concept. En effet un acte est jugé rationnel, scientifique que dans la mesure où celui-ci se trouve vérifié et reproductible. Or tout enseignant, tout parent peut intuitivement donner un exemple qui contredira cette définition : dans une classe, dans une fratrie. Rien n'est reproductible Je verrais l'acte d'enseigner plutôt comme un art. Ma vision de la pédagogie s'inspirerait de ce propos de Binet :

" En pédagogie, on a tout dit mais rien démontré. "

Est-ce le fait d'être FM .°. ? Sans doute un peu ! Oui, je me méfie de tous ces gourous de la pédagogie qui se répandent dans les publications professionnelles, qui hantent les couloirs du ministère de l'EN, les émissions télévisées et qui ont pignon sur rue et même dans les colloques de mon obédience !

Les utopistes de 68 ( dont l'action a fait avancer la société de façon extraordianaire sur les droits des femmes, sociaux, politiques et démocratiques) MAIS qui  ont engendré les néo pédagogues, nouveaux gourous médiatiques. Ils ont répudié le savoir et mis en place la didactique, cette science de la pédagogie. L'enfant au cœur du système, l'enfant acteur de son savoir nous disent-ils tous la main sur le cœur. Résultat : 25 % de non lecteurs en collège. Oui mais rétorquent-ils, c'est parce qu'on n'a pas appliqué leur reforme à fond ! Eh ! pardi heureusement ! Sinon on en serait à 50 % d'illettrés !

Les plus âgés d'entre vous savent en toute sincérité qu'un bac millésime 2009 n'est qu'un lointain cousin du bac des années 60-70. Beaucoup d'enseignants ont accepté, cautionné voire été moteur de cette vague pédagogiste faisant la part belle à l'enfant roi. Le mouvement de mai 1968 eut à cet égard des conséquences heureuses mais aussi malheureuses.

Ainsi ces nombreux slogans qui ornaient les murs ! Les uns étaient généreux ! Mais d'autres, jaillis dans l'enthousiasme, scandés par de jeunes étudiants persuadés qu'ils rebâtissaient le monde, tout comme ceux de Victor Hugo, se sont avérés néfastes comme le trop fameux : " Il est interdit d'interdire "

L'Education dite " bourgeoise " fut dénigrée. Place à la pédagogie nouvelle ! Le savoir du " maître" fut symbole d'oppression. On le dégrada, on le fit descendre de l'estrade . Vive l'enfant acteur de son savoir !

L’Ecole : socle ou fragilité de la République ? La refondation en question !

Roi au sein de sa classe comme au sein de sa société, de la famille. Et là, le mercantilisme a vite compris qu'il était possible de créer une catégorie de consommateurs nouveaux, avec leurs désirs spécifiques, à savoir, les enfants. Et ça les utopistes de 68 ne l'ont point vu !. L'enfant est devenu un consommateur roi. L'enfant n'est pas seulement un consommateur roi, il est le roi, le despote.

De plus en plus, c'est sa culotte courte qui commande à la maison. Papa et maman s'inclinent. La société de consommation a perverti l'enfant et provoqué la démission des parents.

Il n'y a pas d'éducation sans goût de l'effort, sans sanction, positive ou négative.

"S'il est juste de s’élever contre une sélection scolaire imposée et fondée sur la fortune , l'état social et contre un système scolaire basé exclusivement sur la sélection, cela  me paraît une erreur de réclamer  une école qui n'habitue pas à être jugé. Ce serait peut-être une institution de charité ou d'assistance, mais seulement à court terme. Je ne crois pas qu'il en sortirait des citoyens libres et responsables. (Primo Levi)

L’Ecole : socle ou fragilité de la République ? La refondation en question !

Il y a dans l'Aveyron une école qui porte porte le nom de Poivre d'Arvor. Cela est significatif de cette désacralisation. Pourquoi pas une école Jean Pierre Foucauld ou Doc Gynéco ? On n'arrête pas le progrès ! Oui ! Il faut véritablement redonner à cette école de la République une vraie exigence.

L'école était comme un Temple : on parlait alors du Temple de l'Instruction ou de la Laïcité .
Les maîtres étaient vénérables mais surtout respectables. Dans cette classe, beaucoup d'entre-nous, enseignants FM ou pas y ont vu un Orient : cette marche de l'estrade vers la chaire magistrale .Nous avions des tabliers et un rituel parfait. Nul n'entrait s'il n'était Maître, Surveillant, Inspecteur ou apprenti .

On parle maintenant d'apprenant ! Nos tables étaient en colonnes, on demandait la parole rituellement en levant le doigt, parfois on nous faisait monter à l'Orient qu'on appelait le Tableau. Et puis, sont venus ces idéalistes abstraits qui ont entrevu un monde meilleur, ces fameux pédagogues nouveaux penseurs , qui sont à la cuisine nouvelle ce que nos maîtres anciens étaient à la cuisine traditionnelle ; Ils affichent haut et fort leur carte ronflante mais il n' y a pas grand-chose dans l'assiette."

" Vive l'ouverture de l'école " nous dit - on . Oui à la modernité, mais je crois qu'il faut raison garder. Etre ouvert ne signifie pas pour autant avoir l'esprit béat à toutes les sottises pédagogistes. L'idéalisme sans la preuve, ce sont des tâches juste bonnes pour le sac aux propositions. Oui, il faut rétablir l'exigence dont le premier principe est qu'un élève passe en classe supérieure seulement s'il est en état de suivre le cours avec profit (ce dont les maîtres doivent pouvoir juger sans pression d'aucune sorte).

Plus de commission d'appel. S'il y a contestation parentale, que l'élève passe tout simplement un examen d'entrée en année supérieure, l'élève prévenu quelque temps avant la décision finale. Il y va de notre crédibilité professionnelle quand la hiérarchie ne nous désavoue pas par pure démagogie ou acceptation tacite, à moins que cela soit par faiblesse politique face au lobby des fédérations de parents d'élèves ! Oui je le dis. Je fus dans le passé président de FCPE de ma ville marnaise.... Mais naïvement au service des enfants:-) Je découvris que derrière cette association légitime  la  FCPE,  certains frustrés de la politique s'en servaient pour assouvir quelques besoins politiciens et démagogiques.

Pour finir et revenir à ma question du début concernant la scolarité des enfants, je crois que mes collègues et moi, tous adeptes d'une pédagogie traditionnelle avons toujours vu dans nos enfants non pas des rois ou des reines mais tout simplement des élèves pour qui le travail est une longue ascension progressive. Suivis scolaires indissociables d'une constance sans faille dans l'exigence, l'encouragement et les méthodes de travail selon les âges et les capacités de nos enfants.

Jai dit

Patrick SARTINI

L’Ecole : socle ou fragilité de la République ? La refondation en question !

Lecteur du Monde et citoyen de Pernes les fontaines
http://rhodesian84.blog.lemonde.fr/

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