De l’incivilité au terrorisme

Le 20 septembre dernier, soit au lendemain de la visite de Bloblo au Comptoir suisse, le coordinateur romand du SVP terminait une de ses prises de position en ces termes:

Aujourd’hui notre parti dénonce avec force ces politiciens qui appellent à manifester contre ce qu’ils s’appellent la violence verbale d’un parti politique qui utilise simplement les droits populaires (…). Par son intolérance manifeste la gauche occasionne une violence physique gratuite et par ses appels à descendre dans la rue génère une augmentation visible de la violence auprès des jeunes mineurs.

J’avoue que je regrette de m’être contenté de manifester seulement contre la violence verbale de ce parti. En effet, depuis environ un an, cette violence verbale s’est muée en violence physique.

La violence du SVP – ou celle qu’elle provoque, ce qui revient presqu’au même, comme se plaît à le suggérer le coordinateur du SVP – a dépassé, et de très loin, le stade de quelques affiches arrachées ou d’un ou deux conteneurs à poubelles incendiés.

Il n’est maintenant plus question de débats démocratiques, d’opinions divergentes ou de propos exagérés ou même déplacés, il est maintenant question de menaces, de menaces de mort. Et ça c’est la véritable insécurité !

Après avoir provoqué, ou peut-être, qui sait, proféré, des menaces de mort sur la conseillère nationale Lucrezia Meier-Schatz, c’est maintenant au tour de la conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf de faire l’objet de telles menaces : il est question pour elle de finir en feu comme le bonhomme hiver et, selon Le Matin, comme cible à des tireurs d’élite.

Voilà le genre de délinquance criminalité que le SVP occasionne par sa politique. On est à des années-lumière des tags, du tapage nocturne, des affiches arrachées et de toutes ces incivilités contre lesquelles le SVP se bat, non pour les éradiquer, mais pour flanquer la pétoche à celles et ceux qui, du coup, voteront pour eux.

Le SVP provoque, encourage et entretient des actes autrement plus graves que de simples arrachages ou taguage d’affiches. On ne parle plus ici d’insécurité ou d’incivilité, mais d’atteinte à l’intégrité physique - et morale – ainsi que d’atteinte à la vie.

Pour moi, c’est clair, le SVP provoque, cultive, entretient et encourage plus ou moins directement une violence morale et physique extrêmement grave. En cela le SVP adopte un comportement et des stratégies proches du terrorisme tel que défini par Le Petit Robert : « emploi systématique de la violence pour atteindre un but politique (prise, conservation, exercice du pouvoir…) ».

• Crédit image : photographie MATEUS_27:24&25 sous licence Creative Commons.

P.S. Ce genre de menaces me semble tomber sous le coup de la Loi :

• Art. 285 CPS : Violence ou menace contre les autorités et les fonctionnaires
  1. Celui qui, en usant de violence ou de menace, aura empêché une autorité, un membre d’une autorité ou un fonctionnaire de faire un acte entrant dans ses fonctions, les aura contraints à faire un tel acte ou se sera livré à des voies de fait sur eux pendant qu’ils y procédaient, sera puni d’une peine privative de liberté de trois ans au plus ou d’une peine pécuniaire.
  2. Si l’infraction a été commise par une foule ameutée, tous ceux qui auront pris part à l’attroupement seront punis d’une peine privative de liberté de trois ans au plus ou d’une peine pécuniaire. Ceux d’entre eux qui auront commis des violences contre les personnes ou les propriétés seront punis d’une peine privative de liberté de trois ans au plus ou d’une peine pécuniaire de 30 jours-amende au moins.